Ewa Aulin: Une mini miss suédoise.
La femme enfant a toujours séduit le cinéphile et nombre d'actrices ont connu le succès grâce à leur physique d'éternelle adolescente et leur coté candide si charmeur. Au même titre que notamment Leonora Fani la belle Ewa Aulin a bâti sa carrière sur cette délicate base à la différence près que Ewa débuta bien plus tôt dans ce métier que sa consoeur italienne puisqu'elle fit ses premiers pas devant l'objectif dés l'adolescence.. Revenons donc sur le parcours de cette jolie scandinave qui malgré le peu de temps qu'elle est restée sur les écrans sut marquer de sa présence le cinéma italien.
Ewa est née à Stockholm le 14 février 1950. Issue d'une famille aisée, elle fut très tôt mise sous les feux de la rampe en concourant pour le prix de Miss Teenager aux Etats-Unis. Elle n'a que quinze ans mais c'est haut la main qu'elle remporte l'élection. Incarnation même de la beauté scandinave, blonde au corps de rêve et au visage d'enfant, Ewa représentait alors la poupée parfaite tel que le cinéma aimait en créer.
Et le cinéma justement va très vite la remarquer. Alors qu'elle est de passage à Rome pour quelques vacances, le producteur Attilio Riccio et le réalisateur Alberto Lattuada refusent de la laisser partir avant de l'avoir convaincue de participer à leur prochain film. C'est ainsi que la belle enfant du haut de ses seize ans se retrouve dans Don Giovanni di Sicilia dans lequel elle interprète un rôle mineure, celui de la jeune amante d'un riche industriel.
Les rôles vont alors s'enchainer. C'est Tinto Brass qui fait ensuite appel à son charme pour son thriller Col cuore in gola / Le coeur aux lèvres, tourné à Londres en 1967. Ayant appris l'italien en moins d'un an Ewa peut tourner sans aucun problème dans la langue de Dante. Si dans ce film elle gagne en force dans le registre du morbide, elle n'en perd pas pour autant de sa candeur et de son innocence.
Un autre giallo suivra, celui de Giulio Questi, le fameux La mort a pondu un oeuf où elle récite face à Jean-Louis Trintignant et la diva Lollo Bridgida qui jouent respectivement son oncle et sa tante avec laquelle elle entretient de façon ambigüe une relation saphique. Suite
à ce film, Ewa est convoquée à Hollywood chez la Warner Bros. C'est là qu'elle va rencontrer celui qui va devenir son mari, l'écrivain anglais John Shadow. Elle n'a que dix sept ans mais elle l'épousera en mars 1968.
A peine mariée elle retrouve le chemin des studios. Elle va tourner dans le film qui lui assurera non seulement une renommée internationale mais lui apportera aussi son titre de sexy idol, le film du français Richard Marquand, Candy e il suo pazzo mondo. La belle suédoise a la chance de pouvoir y donner la réplique à de grands noms du cinéma tels que Marlon Brando, John Huston, Peter Sellers ou encore James Coburn. Sorte de lolita sulfureuse, Candy est un jeune fille aux moeurs dissolues se donnant à tous les hommes qui tournent autour d'elle dans un climat psychédélico-érotique.
Ewa enchaine avec une comédie burlesque et parodique à la Mel Brooks Fate la rivoluzione senza di noi / faites la révolution sans nous de Bud Yorkin avec Gene Wilder et Donald Sutherland. Le film est un échec cuisant. Ewa quitte alors les Etats-Unis.
De retour à Rome elle donne naissance à son fils Shawn qui voit le jour en 1970. Ewa met donc sa carrière en veille une année durant pour s'occuper de son enfant. Elle revient en 1971 avec le sexy giallo La controfigura de Romolo Guerrieri. Elle y interprète l'épouse frivole de Jean Sorel, un homme obsédé par sa belle-mère, la sensuelle Lucia Bosé, abattu pour de mystérieuses raisons dans un parking souterrain. Toujours en 1971, elle incarne la soeur de Jean Seberg dans Questa specie d'amore / Un amour insolite.
Entre la fin de cette année et 1973, Ewa va diversifier ses rôles et se tourner vers un cinéma plus commercial. En 1972 elle tourne sous la direction de son mari le surréaliste et psychédélique Microscopic subway liquid to oblivion, une oeuvre psychédélique fort étrange sur les effets de la drogue dont elle est coscénariste. Elle y donne la réplique à Carlo De Mejo. Cette même année elle divorce d'avec John Shadow.
Elle va ensuite embrasser un nouveau genre de cinéma alors très en vogue en Italie depuis le succès du Décameron, le cinéma érotique, plus exactement la décamérotique. C'est ainsi qu'on peut la voir dans Il tuo piacere è il mio de Claudio Racca, le pétillant Fiorina la vacca / Fiorina la vache de Vittorio De Sisti dans laquelle elle apparait plus lumineuse que jamais puis le rarissime et excellent Rosina Fumo viene in città per farsi il corredo, un drame érotico-morbide de Claudio Gora.
En 1973, c'est Joe D'Amato qui lui offre le rôle principal de La morte ha sorriso all'assassino avec Klaus Kinski, très bon film d'horreur gothique empreint d'onirisme et matinée de giallo où la beauté d'Ewa éclate lors de sublimes séquences.
La jeune actrice retrouve ensuite Vittorio De Sisti pour un drame érotique à dimension psychologique Quando l'amore è sensualità où elle joue aux cotés de Femi Benussi, Agostina Belli et Françoise Prévost. Elle tourne à nouveau un film d'horreur plus précisément d'épouvante gothique sous la houlette cette fois de l'espagnol Jorge Grau Le vergini cavalcano la morte / Ceremonia sangrienta. Ewa y tient un petit rôle, celui d'une servante vampirisée par l'époux de la marquise Erzebeth Bathory, la descendante de la célèbre comtesse sanglante, interprétée par Lucia Bosé.
Una vità lunga un giorno, un inattendu hybride entre le drame sentimental et le thriller signé Ferdinando Baldi sera son chant du cygne, un film certes discret mais original qu'Ewa illumine de sa beauté et enjolive de quelques plans de nu.
Comme bon nombre d'actrices qui ont commencé très jeune Ewa va mettre un terme à sa carrière après ses huit années non stop de tournage d'autant plus que les bons rôles commençaient à se faire plus rares. La belle comédienne va totalement disparaitre des feux de la rampe pour se consacrer exclusivement à sa vie privée et jouer un tout nouveau rôle bien réel celui là, celui de mère de famille auprès de son jeune fils et de ses deux filles Olivia et Christiana nées de son mariage avec Cesare Paladino en 1974. Ewa réalisera aussi un autre rêve, celui de devenir professeur, après avoir repris ses études à l'université.
A 25 ans après avoir brillamment réussi sa carrière de comédienne aussi brève fut-elle il ne restait plus à la jolie suédoise qu'à réussir sa vie de femme au foyer et celle très enrichissante de professeur. Chose faite! Bravo Ewa!