Quando le donne si chiamavano madonne
Autres titres:
Real: Aldo Grimaldi
Année: 1972
Origine: Italie / Allemagne
Genre: Décamérotique
Durée: 89mn
Acteurs: Edwige Fenech, Stefania Careddu, Vittorio Caprioli, Mario Carotenuto, Francesca Benedetti, Carlo Sposito, Paolo Turco, Eva Garden, Carlo De Mejo, Jurgens Drews, Empedocle Buzzanca, Renato Malavasi, Rosita Pisano, Sandra Cardini, Emilio Marchesini, Luigi Antonio Guerra...
Résumé: La très respectable Madonna Giulia a été surprise au lit avec son amant alors que son mari était en voyage à Florence. Elle est jugée pour adultère mais si elle ne nie pas sa culpabilité elle crie néanmoins haut et fort son innocence. Son mari ne la comblant pas, elle doit chercher ailleurs ce qu'il ne parvient pas à lui donner. Afin de prouver ses affirmations, le tribunal va comparer les ébats conjugaux de Giulia et ceux avec son amant. Pendant son temps, le fringant Ruperto et deux de ses amis vient rendre visite à son avare d'oncle. Tout trois tombent sous le charme des Dames qui vivent sous son toit. Ils vont tout mettre en oeuvre pour pouvoir les séduire tandis que les femmes, libérées, vont comploter afin de pouvoir tromper la vigilance de leurs époux et plus facilement les tromper en toute impunité.
Plus connu pour ses quelques comédies musicales avec Al Bano et une polissonnerie aux limites du hardcore particulièrement inepte et absurde, Amanti miei, le sicilien Aldo Grimaldi s'essaya en 1972 à la décamérotique, un genre alors en plein essor, avec ce petit film discret et méconnu mais cependant intéressant dont le titre rappelle quelque peu le Quando le donne avevano la coda / Quand les femmes avaient une queue de Pasquale Festa-Campanile. Cette décamérotique n'a pourtant quasiment aucun point commun avec la comédie préhistorique de Campanile si ce n'est son discours hautement féministe.
Madonna Giulia fut surprise au lit avec son jeune et fougueux amant, le beau Marcuzio dei Lucani, par son mari. Jugée pour adultère sur la place publique, elle risque le bûcher. Mais la plantureuse Giulia a de fantastiques arguments, pas seulement physiques mais aussi verbaux. Si elle ne nie pas sa culpabilité elle jure également son innocence car selon elle son mari ne parvient pas à la satisfaire sexuellement, un devoir que doit impérativement remplir un époux. Toute femme doit être sexuellement comblée , le cas échéant elle n'est nullement coupable d'adultère si elle trompe son homme d'autant plus si ses appétits sont féroces... ce qui est le cas de Giulia. Le tribunal va alors devoir vérifier ses dires. Face au
juge et ses assesseurs mais également devant tout le village, le couple va devoir forniquer. L'amant prendra ensuite la place du mari éconduit afin que les ébats de chacun soient mesurés et vérifiés. Cette situation sert également de base à une série de quelques historiettes dont les principaux protagonistes sont trois jeunes garçons, Ruperto, venu rendre visite à son oncle, et ses deux amis, Tazio et Gisippo. Ruperto tombe sous le charme de sa cousine tandis que ses compagnons n'ont d'yeux que pour sa tante Gisela et quelques unes de leurs amies. Le point commun de toutes ces gentes dames sont ce féminisme exacerbé qu'elles revendiquent haut et fort mais parfois aussi en cachette de leurs maris jaloux. Toutes se veulent libérées et vont tenter de mettre dans leur lit les jeunes garçons jamais à cours de subterfuges.
Sorti en Italie à la fin de l'été 1972, Quando le donne si chiamavano madonne, coproduction italo-germanique restée inédite sous nos cieux, partait sous les meilleures auspices. Drôle, enjouée, la première partie est fort certainement celle qui restera à l'esprit. Non pas qu'elle soit très originale mais les situations sont avant tout cocasses et le discours amusant. Si les ébats publiques afin de prouver le potentiel sexuel et la compatibilité d'un couple sont chose courante dans les adaptations inspirées de Boccace, ils sont ici franchement ludiques d'autant plus l'épouse insatisfaite n'est autre que Edwige Fenech ici dans ses premiers rôles en Italie. L'entendre prononcer avec force et conviction son discours féministe entièrement
nue face à ses juges et aux villageois est un grand moment de cinéma mais la voir se mettre au lit et enchainer les performances sexuelles avec son mari peu enflammé, le teuton girond Peter Berling, puis son bellâtre d'amant quant à lui inépuisable, l'incontournable et séduisant Don Backy, est tout simplement réjouissant d'autant plus que Grimaldi se fait assez polisson en infiltrant sa caméra sous le drap afin de mieux filmer leur nudité. C'est d'ailleurs à cette occasion que sera prononcée une des plus belles phrases de cette décamérotique, une allusion aujourd'hui rentrée dans les annales du genre, lorsque impressionné par le nombre incalculable d'orgasmes de Madonna Giulia, le juge s'exclamera: "Certo che questa ce l'ha di ferro, e lui, d'acciaio", en substance pour les non italophones, cette femme a de toute évidence un sexe en fer et lui en métal.
La seconde partie du film est malheureusement moins divertissante et surtout moins enjouée car beaucoup trop répétitive. Grimaldi semble être à cours d'inspiration et les séquences se suivent et se ressemblent toutes donnant la désagréable impression de tourner en rond, de revivre sans cesse les mêmes situations. Voilà qui au bout d'un moment devient assez énervant et gâche le plaisir pris lors de la première moitié du métrage. Arrivé chez son oncle, Ruperto et ses deux inséparables amis tombés sous le charme des dames de la maison, n'ont de cesse de trouver des stratagèmes pour pouvoir les séduire et coucher
avec. Mais un peu comme si Grimaldi était en manque d'inspiration pour alimenter les aventures de ses trois jouvenceaux, il préfère centrer toute cette partie sur la tante, Madonna Gisella, qui feint des crises de somnanbulisme pour mieux voler l'argent de son Harpagon de mari, l'oncle, et coucher avec un des amis du neveu. Si cela est amusant cinq minutes, au bout d'un moment le manège devient lassant et perd tout son charme tant et si bien qu'on a une douce envie de passer en avant rapide. C'est d'autant plus regrettable que le jeu même des acteurs ne varie pas et donne eux aussi le sentiment de sans cesse jouer et rejouer la
même scène, Mario Carotenuto en tête, assez surprenant soit dit en passant affublé pour une fois d'un parfait accent toscan. Qu'on se rassure. Tout se terminera très bien et les femmes vaincront, une première victoire féministe en quelque sorte, dont l'image finale fera sourire: Edwige, insatiable, invitera le tribunal mais également tout le village à entrer dans sa chambre pour... devinez quoi!.
Cette disparité entre les deux parties est le gros point faible de petite décamérotique qui doit beaucoup à ces magnifiques décors, superbement mis en valeur et photographiés, ses très
beaux costumes, ses couleurs flamboyantes et une très guillerette partition musicale signée Giorgio Gaslini sans oublier une alléchante distribution qui visiblement s'amuse et rassemble outre Edwige fraichement débarquée d'Allemagne où elle débuta sa carrière Mario Carotenuto, Vittorio Caprioli, Carlo De Mejo qui pour l'occasion se travestit en nonne enceinte, les fort séduisants Paolo Turco et Jurgen Drews, le sémillant et toujours sexy Don Backy, l'exubérante Francesca Benedetti dont on appréciera les quelques nus et la regrettée Eva Garden trop tôt disparue.
Très peu érotique, quasiment exempte de nudité tant féminine que masculine à l'exception de la scène où Edwige se dévoile en tenue d'Eve au tribunal, celle de ses ébats avec Don Backy et le bref final où les trois damoiseaux sont enlacés nus contre leur dulcinée respective, Quando le donne si chiamavano madonne est une décamérotique divertissante, enjouée, avant tout drôle pour ses différents procès contre les femmes et esthétiquement très belle, une jolie mise en bouche avant la dégustation d'une des adaptations des contes de Boccace plus consistante. Ne soyons pas sots, ne boudons pas notre plaisir.