Violentata sulla sabbia
Autres titres: Le lys de mer / Violada en la arena
Real: Renzo Cerrato
Année: 1971
Origine: Italie / France
Genre: Drame érotique
Durée: 81mn
Acteurs: Carole André, Kiki Caron, Angelo Infanti, Marisa Solinas, Giustino Durano, Pietro Tordi, Tiberio Murgia, Bruno Alias, Renato Terra,Pietro Tordi, Claudio Trionfi, Luigi Barbini...
Résumé: Alors qu'elle n'avait que quatre ans Vanina a été victime d'un terrible traumatisme. Sa mère a été violée puis tuée sous les yeux de son père avant qu'il ne soit également assassiné. Bien des années plus tard, Vanina est devenue une jolie jeune fille qui ne peut malheureusement trouvé le plaisir avec un homme que si celui ci la violente et la prenne de force. En vacances en Sardaigne, Vanina rencontre un jour un séduisant garçon. Elle décide que ce sera avec lui qu'elle perdra sa virginité mais selon ses propres conditions et à sa propre manière...
Unique réalisation de l'acteur-assistant réalisateurRenzo Cerrato aidé ici de la française Jacqueline Audry, Violentata sulla sabbia, adaptation du roman éponyme de André Peyre de Mandargues, malgré son titre évocateur n'est absolument pas un rape and revenge encore moins un thriller érotique mais une sorte de mélodrame maritime à tendance auteurisante qui se rapproche sans mal des futurs drames exotico-érotiques si chers à l'Italie de ce début de décennie.
L'histoire est celle d'une toute jeune fille, Vanina, qui à l'âge de quatre ans a été témoin de l'
assassinat de ses parents. Deux hommes ont violé sa mère puis l'ont tué devant les yeux de son père qu'ils avaient enchainé à une colonne afin qu'il assiste à sa mise à mort avant de lui tirer une balle dans la tête. La tragédie a causé chez Vanina un grave traumatisme qui se traduit désormais par son impossibilité à trouver du plaisir avec un homme s'il ne la violente pas. En vacances en Sardaigne, là où jadis s'est déroulé la tragédie alors que ses parents y séjournaient, Vanina fait un jour la connaissance d'un envoutant garçon rencontré sur la plage. Ebloui par sa virilité, elle décide qu'il sera celui qui la déflorera. Elle organise alors tout un cérémonial qui s'étale sur plusieurs jours puisqu'il n'aura droit de la posséder qu'à ses
conditions. Il devra la prendre de force sur le sable afin qu'elle atteigne l'orgasme et connaisse enfin les plaisirs de l'amour. Cette simulation de viol est pour Vanina un véritable exorcisme duquel dépendra sa future vie sexuelle. Reproduire les terribles évènements qui ont conduit à la mort de ses parents est le seul moyen pour elle de retrouver une sexualité normale.
Aussi limpide que les eaux de Sardaigne, l'intrigue, minime à l'extrême, est d'une simplicité à toute épreuve. Point de suspens ou autres rebondissements, la seule et unique question est de savoir si Vanina va réussir à vaincre son trauma et enfin trouver la plénitude sexuelle.
Quelques vacances ensoleillées dans un endroit enchanteur au milieu d'une nature sauvage encore vierge, à l'instar de Vanina, les lieux mêmes où jadis se déroula le drame, sont comme bien souvent le prétexte idéal pour une quête intérieure, une sérieuse crise existentielle ou une ici une initiation sexuelle à effets thérapeutiques. Au coté voyeur et sulfureux, à la violence qu'un tel sujet pouvait déclencher, Cerrato a préféré opter pour un ton quasi intimiste basé essentiellement sur les réflexions de Vanina récitées en voix off durant tout le film. Autant dire qu'il ne se passe strictement rien durant 90 minutes. Ne reste au spectateur qu'à admirer les paysages féeriques d'une Sardaigne encore sauvage propre à
réveiller chez l'homme certains instincts primaires, les eaux bleues de la Méditerranée, ses étendues de sable blanc et le corps nubile d'une magnifique et gracile Carole André alors âgée de tout juste 18 printemps. Le film tout entier repose sur les frêles épaules de la fragile Carole, à la fois candide et déterminée à soigner ce traumatisme, et l'éblouissante beauté des décors naturels fort bien soulignés par une très agréable musique, légère et romantique, signée Gianfanco Plenizio. On suit donc les réflexions intérieures de la jeune fille qui tente de mêler Freud et Sade afin de mieux explorer une sexualité perverse. Certains pourront trouver les dialogues plutôt pompeux, souvent ennuyants, du peu qu'ils n'adhèrent
pas à cette introspection qu'ils qualifieront de prétentieuse mais à partir du moment qu'on accepte l'incipit, qu'on pénètre par conséquent dans l'univers de Vanina, on se laissera charmer par ce voyage très personnel sans trop se poser de questions puisque de toutes façons on devine sans problème la fin d'une histoire somme toute superficielle sous couvert pseudo psychologique remplie de lieux communs inhérents à ce type de récits: une jeune fille sexuellement perverse ou déviante issue d'un milieu bourgeois, le peuple considéré comme primitif source de tous les maux, l'initiation sexuelle comme libération de son propre corps... Tout aussi commun voire caricatural est la manière dont Cerrato décrit les rites et
coutumes sardes, les traditions villageoises, les superstitions et croyances ancestrales, qui accentuent le coté très couleur local du film et l'imprègne d'un petit zeste non déplaisant d'ésotérisme.
Tout le charme de Violentata sulla sabbia provient en fait de la beauté des paysages sardes, la magie de ces lieux d'une part, véritable invitation au voyage et aux rêves, l'ensemble sublimé par une superbe photographie, d'autre part de la présence de Carole, quasi divine, fraiche et innocente, qui traverse le film telle une ondine en dévoilant avec pudeur son corps filiforme d'adolescente, s'autorisant quelques nus frontaux certes furtifs mais très agréables.
Une touche d'érotisme d'une sagesse exemplaire et quelques scènes aux limbes de l'onirisme (le corps nu de Vanina recouvert d'or alors que se lève l'aube) agrémente joliment le tout. Violentata sulla sabbia également connu sous le titre Le lys de la mer, référence aux fleurs que Vanina met à sa fenêtre, est surtout et avant tout un petit plaisir visuel statique, un dépaysement maritime ensoleillé où Cerrato suggère beaucoup plus qu'il ne montre, allant jusqu'à éluder le prologue, seuls les cris de la mère, les insultes et les coups de feu résonnent au loin alors que la gouvernante emmène l'enfant loin du drame. Au spectateur d'imaginer, n'en déplaise à ceux qui auraient espérer voir une oeuvre voyeuriste un brin malsaine.
Aux cotés de Carole André dont c'était le premier vrai rôle à l'écran après quelques petites participations notamment dans le contestataire La limite du péché et Dillinger est mort, on aura le plaisir d'admirer Angelo Infanti, le torse velu, en slip de bain, les pieds plantés dans le sable, contemplant celle qu'il désire plus que tout, particulièrement patient puisqu'il devra attendre le final pour lui voler son innocence. L'ex-championne de natation Christine Caron créditée Kiki Caron, prête son corps sculptural à Juliette, l'amie de Vanina, tandis que Tiberio Murgia joue les parfaits autochtones en narrant quelques légendes tout en s'occupant de ses filets de pêche. On reconnaitra l'intemporel Bruno Alias, futur divo des productions pornographiques transalpines sous la défroque du prêtre de l'ile.
Le charme nubile de Carole, une Sardaigne de rêve, un nuage d'érotisme tout en suggéré, une jolie composition musicale, quelques fleurs, de quoi faire oublier l'hiver ou de penser à nos prochaines vacances le temps de ce psycho-mélodrame tout à fait plaisant.