Des plateaux de tournage aux scènes musicales: Mark Bodin, Giancarlo Marinangeli, Alex Damiani
Classique de l'horreur à l'italienne, on ne présente plus Anthropophagous que réalisa Joe D'Amato comme on ne présente plus ses interprètes principaux, Zora Kerowa, Tisa Farrow, Serena Grandi, Saverio Vallone et George Eastman. Il n'en va pas de même pour le jeune comédien blond qui incarne Daniel, le petit ami de Zora Kerowa qu'on aurait tous aimé dévorer afin de satisfaire nos appétits coupables. A l'occasion de la prochaine sortie en DVD du film en France, le Maniaco se propose de s'étendre un peu plus longuement sur le parcours de cet Adonis qui préféra la chansonnette aux objectifs des caméras et des appareils photos. Trois princes charmants étant toujours mieux qu'un seul, l'itinéraire professionnel de ce bellâtre qui en fit fantasmer plus d'un et d'une sera accompagné de celui deux autres jeunes acteurs qui comme lui préférèrent la musique au cinéma. Voici sans plus tarder un nouveau chapitre de notre rubrique Visages d'un jour Visages de toujours, ceux de Mark Bodin, Giancarlo Marinangeli et Alex Damiani.
Si le bissophile se souvient essentiellement de Mark Bodin c'est avant tout pour le rôle qu'il tint en 1980 dans le désormais fameux Anthropophagous. Mark n'était pourtant pas un parfait inconnu. S'il a peu tourné pour le cinéma, c'est essentiellement dans l'univers du roman-photo qu'il s'est fait connaitre dés le début des
années 70 alors qu'il n'était âgé que d'une vingtaine d'années. Blond, les yeux bleus, le regard charmeur, magnétique, un corps fin et musclé, une barbe naissante qui souvent lui donnait l'air d'un baroudeur Mark d'origine suisse italienne avait tout pour faire rêver les demoiselles en fleur qui à travers ses aventures papier s'évadaient et se laissaient aller à de biens humides fantasmes. Mark a longtemps fait partie de Grand Hotel et de l'équipe de la célèbre Lancio, deux des plus grosses maisons d'édition italiennes de fotonovelas pour laquelle il a tourné de très nombreux romans aux cotés des stars les plus célèbres de ce support très en vogue alors. Il en tourna également bon nombre en Espagne.
Du roman-photo au cinéma il n'y a souvent qu'un pas que beaucoup de vedettes du genre ont franchi. On se souvient entre autres des regrettés Franco Gasparri et Max Delys. Mark fit ses débuts au grand écran en 1974 sous la direction de Ciro Ippolito dans un énigmatique Strangers aux cotés de l'américaine Belinda Mayne avant d'apparaitre dans le dramatique et lesbien Tutto comincera un mattino: io donna tu donna de Angelo Pannaccio dans lequel il interprète un jeune réalisateur de films pornographiques pour qui les femmes ne sont que des jouets sexuels. Aux cotés de Anka Auling et Elisabeth Thulin, Mark, gracile, bel éphèbe blond au torse parfait, irradie l'écran de son insolente beauté sans jamais apparaitre totalement nu malheureusement. Il faudra attendre 1980 soit six ans plus tard pour que Mark
revienne au cinéma avec Anthropophagous dans lequel il meurt le cou arraché à pleines dents par l'anthropophage Georges Eastman. Cette même année il est au générique du très mauvais Alien 2 sulla terra / Le monstre attaque pour lequel il retrouve Ciro Ippolito. Il est le journaliste qui avec une équipe de spéléologues s'enfoncera sous terre à la recherche du monstre. Mark décrochera ensuite un court rôle dans La cage aux folles 2 avant de se diriger vers la télévision. Il tourne en effet dans la série La nouvelle malle des Indes, coproduction franco-helvético allemande dans lequel on retrouve également Annie Belle et Macha Magall puis Delitto per stato pour l'Italie dans lequel il incarne le Duc Charles de Nevers. Mark fera ses ultimes apparitions au grand écran en 1983 dans Scusa se è poco de Marco Vicario auprès de Ugo Tognazzi et Monica Vitti puis dans la comédie musicale de Nina Ingrassia Lo studente dont Nino d'Angelo, le prince de la variété italienne d'alors, est le héros. Est ce là un signe puisque cette même année Mark Bodin va tenter sa chance dans la chanson. Il sortira quelques 45T insipides jusqu'au milieu des années 80 sans malheureusement obtenir de succès.
Mark s'il continue encore d'apparaitre dans quelques romans-photos va alors se faire plus rare et disparaitra des médias à la fin de la décennie. L'ex-prince du roman-photo va alors changer de voie. Il quitte le monde du show-bizz, s'installe à Lugano et se lance dans les affaires. Il dirigerait aujourd'hui une compagnie de chasseurs de têtes. Quoi de plus naturel pour quelqu'un qui a si longtemps vécu de son physique... pour notre plus grand bonheur!
Giancarlo Marinangeli n'est pas vraiment un inconnu. Il n'est autre que le frère de la chanteuse Sabrina Marinangeli et le frère ainé du fameux Marco Marinangeli, chanteur, compositeur et producteur aujourd'hui installé à Hollywood qui a écrit et composé pour des noms aussi prestigieux que Donna Summer, Peter Frampton, Miley Cyrus, Josh Groban, Placido Domingo et même Lalo Schiffrin avec qui il a collaboré.
Né à Rome en 1962, issu d'une famille d'artistes, Giancarlo est attiré très jeune par la musique, une passion partagée par son père. Enfant il commence une carrière de chanteur local suivi par son frère qui bien souvent joue les choristes lorsqu'il se produit sur scène. Leur amour pour cet art est tel que tous deux sont envoyés dans une école de musique. Si à 20 ans Marco s'installe à New-York pour y faire carrière, Giancarlo quant à lui fait ses débuts à l'écran en 1974 après avoir été repéré par Sergio Nasca qui lui propose d'être Parsifal, un adolescent pervers en plein éveil sexuel cloué en fauteuil roulant, dans le morbide Il saprofita / Le profiteur, un premier rôle difficile que Giancarlo interprète avec une étonnante justesse. Il y noue une amitié très particulière avec un jeune et perfide prêtre autiste joué par un Al Cliver alors à l'aube de sa carrière qui le trahira avec une jeune femme, Janet Agren,
déclenchant ainsi un drame inéluctable qui donne au titre tout son sens. Fort de ce premier film dans lequel il dévoile de façon fugace sa nudité nubile, Giancarlo va continuer durant quelques années à jouer les adolescents dans une série de films érotiques plus ou moins sulfureux. On le voit ainsi dans Comincera tutto un mattino: io donna tu donna qui réunit, c'est amusant, Mark Bodin et Alex Damiani dans lequel il est déniaisé par la superbe Elisabeth Thulin lors d'une promenade à cheval le long de la plage, une scène hautement fantasmatique malheureusement censurée dans une des rares versions encore visibles aujourd'hui. Giancarlo, de plus en plus séduisant en prenant de l'âge, est également à l'affiche de la sexy comédie Peccatori di provincia de Tiziano Longo avec l'incontournable
Femi Benussi. Il y est le fils de Macha Méril et Renzo Montagnani, un rôle quasi muet malheureusement. Il fait une trop brève apparition dans la peau d'un jeune pianiste dans Moeurs cachés de la bourgeoisie de Tonino cervi aux cotés de Ornella Muti, Senta Berger et l'angélique Christian Borromeo puis dans le lacrima-movie L'albero dalle foglie rosa de Armando Nanuzzi avec l'enfant star chéri de l'Italie d'alors Renato Cestié. C'est en 1979 que Giancarlo mettra un terme à sa carrière cinématographique d'une manière fort coquine puisqu'il n'est autre que le partenaire de La Cicciolina dans Cicciolina amore mio du tandem Mattei / Amasi, produit par le pornocrate Riccardo Schicchi, le pygmalion de Cicciolina qui à travers ce film-documentaire voulut lui déclarer son invétéré amour. Giancarlo incarne avec
ironie Riccardo, le jeune et timidemais si fougueux photographe amoureux fou de La Cicciolina dont le rêve est de rencontrer son idole, un rêve qui deviendra réalité à force de persévérance et le mènera droit au nirvana après bien des déconvenues. Si on pourra admirer Giancarlo non pas nu mais en slip noir auprès de l'éblouissante Ilona Staller, il ne partage malheureusement aucune scène sexuel avec elle. Quelle tristesse lorsqu'on imagine ce qu'aurait pu donner leurs ébats! Il est pour l'anecdote à l'origine du cliché qui donna la nausée au clergé et provoqua les foudres de la censure, celui où il photographie la coupole du Vatican apparaissant entre les jambes de La Cicciolina, une séquence que renia
par la suite Amasi. Entre l'adolescent morbide en proieaux tourments du sexe de son premier film et celui du beau jeune homme épris d'un des plus puissants symboles de l'érotisme, voilà un bien joli parcours, une manière explosive en somme de boucler la boucle en une sorte d'apothéose.
Si ce sera pour Giancarlo son ultime apparition au grand écran, le cinéma n'ayant été qu'une divertissante parenthèse dans sa vie, le si ravissant jeune homme s'adonnera définitivement à sa passion première, la musique. Il sortira quelques 45T dans les années 80 qui obtinrent
un certain succès en Italie mais c'est surtout à Hollywood tout comme son frère que Gianfranco connaitra le véritable succès grâce à sa voix qui séduira notamment Robert De Niro et Barbra Streisand avec qui il chanta d'ailleurs en duo. Toujours très populaire en Italie Gianfranco, toujours aussi séduisant, a sorti en 2009 un disque de reprises de chants de Noël. Il se produit régulièrement dans les clubs de la jet set romaine notamment le William's. Parallèlement à ses activités musicales Gianfranco a également été journaliste. Il a présenté durant de longues années une émission sur une des plus importantes chaines de télévision romaines. Il possède aussi son propre blog sur lequel on peut le suivre.
Alex Damiani de son véritable nom Saverio Lupo est quant à lui né à Amantea en Calabre le 22 avril 1954. Ce superbe brun aux yeux bleus fut tout comme Mark Bodin un des nombreux princes charmants du roman-photo à l'italienne, jeune étalon fougueux de la célèbre Lancio, qui de 1976 à 1982 fit rêver bien des jeunes demoiselles éperdument amoureuses de ce ténébreux latin lover qui en l'espace de six années fut le héros de pas moins 212 aventures et autres romances papier glacé. Alex est apparu au cinéma dans quelques films mineurs aujourd'hui oubliés sans jamais décroché de gros rôles. Il fit ses débuts dans le tragique et lesbien Comincera tutto un mattino: io donna tu donna. Il est un des boy friends de l'héroïne qu'on aperçoit brièvement en début de film.
On le verra par la suite aux cotés de Sonia Viviani et Margit-Evelyn Newton dans un rôle plus conséquent pour Una tenera follia de Nini Grassia, un de ces nombreux drames érotiques sirupeux qui se veulent osés sans pour autant être audacieux, tout juste ennuyeux. Alex va alors devenir avec Saverio Vallone l'acteur fétiche de la réalisatrice qui utilisera ses charmes physiques pour ses mélodrames érotiques suivants: Agenzia cinematografica, Una vita da sballo, Un grande amore, Una banda di matti in vacanza premio et enfin Gatti alla pari dont elle fut la scénariste mais qui fut réalisé par Gianni Cozzalino. Alex tout comme ses confrères s'est lui aussi lancé dans la chansonnette populaire dés 1980 avec toute une flopée de 45T et d'albums à succès. Il continue aujourd'hui de chanter pour la grande joie des italiennes, éprises de ses ritournelles légère. Alex qui est également compositeur fait définitivement partie des figures populaires incontournables de la variété italienne, chanteur de charme pour ménagères ménopausées qui fait régulièrement le tour des festivals et des plateaux de télévision.