Le naturiste, l'incestueux et l'inverti: Maurizio Interlandi, Nicola Paguone, Andrea Traglia
Notre rubrique "Visages d'un jour visages de toujours" n'aura jamais mieux porté son nom qu'aujourd'hui tant on pourrait qualifier ces trois nouveaux visages de fantomatiques. La carrière de ces trois jeunes comédiens fut en effet éphémère puisqu'ils n'ont à leur actif qu'un seul et unique film. Aussi brève fut elle il aurait été pourtant difficile de ne pas remarquer ces trois Apollons tant leur si lumineuse et juvénile présence illumina les écrans. Il est temps maintenant de remettre un nom sur chacun de ces visages et les faire revivre le temps d'un instant dans notre galerie aux souvenirs pour le plus grand bonheur de nos yeux et de nos sens. Pleins feux sur Maurizio Interlandi, Nicola Paguone et Andrea Traglia.
Maurizio Interlandi est celui qui de nos trois jeunes comédiens en herbe a connu la plus longue carrière, toute relative soit elle, malheureusement interrompue de façon tragique. Né en 1959, Maurizio fit ses débuts au cinéma en 1978 à tout juste 18 ans dans la sexy comédie de Giuliano Carnimeo L'insegnante balla con tutta la classe / La championne du collège aux cotés de Nadia Cassini et l'éphémère sexy starlette Paola Morra dont il interprète le petit
ami. Il aurait été difficile de ne pas remarquer ce jeune play-boy brun au charme incontestable tant il rehausse une distribution masculine fade et peu reluisante. La magie sera encore plus puissante l'année suivante puisque c'est entièrement nu, totalement désinhibé, qu'on le retrouve aux cotés des radieuses et incandescentes Ilona Staller et Lilli Carati dans Senza buccia de Maurizio Aliprandi. Véritable ode au naturisme tournée au large de la Sicile, Senza Buccia nous dévoile les charmes de ses principaux interprètes tant féminins que masculins dans le plus simple appareil durant la quasi totalité du métrage. Maurizio, plus étourdissant que jamais, y apparait tout bonnement divin, le regard de velours, la peau bronzée ruisselante sous le soleil du Sud, véritable Apollon au corps parfait, l'incarnation même du latin lover dans toute l'insolence de ses vingt printemps. En tenue
d'Adam, le sexe alerte, un fessier de rêve ou tout simplement moulé dans un mini slip généreusement garni, Maurizio aux cotés de l'espagnol Juan Carlos Naya en étourdira encore longtemps plus d'un tout en nourrissant nos fantasmes les plus débridés. Ce sera bien malheureusement l'ultime apparition du flamboyant éphèbe du moins pour le cinéma puisque c'est étrangement vers la télévision qu'il poursuivra sa carrière par la suite en apparaissant dans quelques séries et téléfilms. C'est alors que le destin va frapper de plein fouet le jeune et brillant acteur. Il nous quittera tragiquement en 1986 à tout juste 27 ans.
C'est également sous un soleil radieux que nous fîmes connaissance en 197 du tout aussi jeune Nicola Paguone parfois crédité sous le nom de Nicola Paguone. C'est en effet aux cotés de la toujours aussi incendiaire Laura Gemser qu'il fit ses premiers et ultimes pas au cinéma en interprétant Juan, le frère incestueux de notre éternelle Black Emanuelle, dans La spiaggia del desiderio / Emanuelle on taboo island de Enzo d'Ambrosio. Ce sera bien malheureusement le seul et unique rôle de cet autre bel et brun éphèbe dont on ne sait
pratiquement rien. Autrefois interrogé à son sujet, Laura elle même avouait n'avoir quasiment aucun souvenir de son jeune et fantasmatique partenaire avec qui elle partage quelques scènes coquines des plus envoutantes dans un décor exotique paradisiaque. Uniquement vêtu tout au long du film d'un bermuda en haillons qui par ses déchirures laisse deviner par instant le port d'un slip blanc qu'on aurait bien aimer voir tomber avec cet inutile bermuda, Nicola Paguone, les cheveux mi-longs, la peau claire, le corps bien dessiné, le regard langoureux, aura le temps d'un seul film fait fantasmer bon nombre de spectateurs en ondulant ou s'ébattant sur le sable chaud ou dans les criques battues par les vagues d'une
mer transparente. Aux cotés du tout aussi éblouissant Paolo Giusti, acteur, modèle et star d'alors du roman-photo, moulé dans un mini short qui laissait transparaitre une appétissante virilité, Nicola Paguone ne pouvait que faire voler en éclats tous les tabous de cette ile enchanteresse dont les deux acteurs auraient pu en être les dieux. Si Laura avait été rarement aussi bien entourée, les spectateurs que nous sommes n'auront quant à eux jamais autant rêvé de s'échouer sur cette oasis de sexe et d'amour avec pour seuls Vendredi les inoubliables Paolo Giusti et celui qui restera une énigme Nicola Paguone.
C'est cette fois sous le soleil d'Ethiopie que nous découvrîmes en 1973 le jeune Andrea Traglia, cet étrange comédien qui nous apparut travesti en fille lors des premières scènes de Afrika de Alberto Cavallone, le film dans lequel il fit à 17 ans ses premiers et uniques pas au cinéma. Il y interprète Frank, un étudiant homosexuel à la psyché fragile qui tombe amoureux d'un artiste peintre dont le mariage n'est plus qu'une illusion.
Débarrassé de ses atours féminins, on fait alors connaissance avec un jeune homme sensible au charme gracile en quête d'identité sexuelle, au regard encore candide qui reflète la souffrance et le mal être de l'incompris, un garçon détruit par une relation houleuse au coeur d'un pays privé de toute tolérance, Il paiera d'ailleurs le prix de cette différence lors d'un viol brutal durant lequel il sera humilié et sodomisé. Ce sera là une merveilleuse occasion pour le spectateur d'admirer le temps de quelques plans le corps nu du bel Andrea qui pour ses débuts à l'écran se révèle très bon acteur, une composition d'autant plus difficile que son personnage est loin d'être facile à jouer. Son jeu ne dénote pas face à celui de Maria Pia Luzi et Ivano Staccioli, on appréciera leurs étreintes et les scènes durant lesquelles ils s'embrassent tendrement. Le jeune et talentueux Andrea dont on retiendra également quelques plans malheureusement trop rapides en slip, alangui sur son lit, se retirera par la suite des feux de la rampe et disparaitra malheureusement du monde publique. Andrea est toutefois resté un temps dans l'univers artistique. Poète à ses heures il écrivit également quelques scénarii. Il est aujourd'hui architecte à Rome.
S'il a disparu depuis belle lurette du grand écran Andrea ne s'effacera cependant pas de nos mémoires puisque restera gravée en nous l'image indélébile d'un jeune homme gracile, à l'élégance toute seventies, un de ces anges aussi délicat que vulnérable qu'on aimerait prendre sous notre aile protectrice.