Il vizio ha le calze nere
Autres titres: Reflections in black / Vice wears black hose / Il vicio tiene medias negras
Real: Tano Cimarosa
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 88 mn
Acteurs: John Richardson, Tano Cimarosa, Dagmar Lassander, Ninetto Davoli, Giacomo Rossi Stuart, Magda Konopka, Daniela Giordano, Ursula Davis, Giovanni Brusatori, Dada Gallotti, Livio Galassi, Gianni Williams, Giovanna d'Albore...
Résumé: Plusieurs femmes sont assassinées par un mystérieux tueur tout de noir vêtu. Aucun lien ne semble relier les meurtres. Le commissaire Lavina et son adjoint découvrent alors une photo où toutes les victimes sont réunies. Elle les mènent chez une respectable famille de riches notables, les Orselmo. Bien que mariée, la comtesse Orselmo est lesbienne. L'inspecteur soupçonne bien vite son mari d'être l'assassin, se vengeant ainsi de l'homosexualité de son épouse...
Principalement acteur qui officia pendant quasiment 50 ans se partageant essentiellement entre le polar et la comédie, Tano Cimarosa réalisa également trois films qui ne laissèrent guère de traces dans l'histoire du Bis transalpin, No alla violenza, violent petit polar particulièrement complaisant qui réunissait Al Cliver et la future pionnière du hardcore italien Guia Lauri Filzi, Uomini di parola avec Leonora Fani et Il vizio ha le calze nere, son premier essai, auquel nous nous intéressons aujourd'hui.
Alors que le giallo est en plein déclin, nous sommes en 1975, Cimarosa tente sa chance dans ce genre bien spécifique de façon malheureusement trop grossière et bien maladroite pour pouvoir réellement captiver l'intérêt. S'il s'inspire du giallo à la Argento Il vizio ha le calze nere ne tient pas les promesses que son titre alléchant nous laissait espérer. Le vice qui frappe comme d'accoutumée la classe haute bourgeoise est ici le lesbianisme, raison principale de la folie meurtrière de son assassin, tout de noir vêtu comme le veut la tradition, décimant ses victimes à l'arme blanche, l'habituel rasoir, si on excepte un meurtre commis par strangulation à l'aide du fameux bas noir cité dans le titre. En effet, dans une tranquille petite bourgade, des femmes sont assassinées par une mystérieuse silhouette sans qu'il existe de lien apparent entre elles. La découverte d'une photo où elles sont toutes regroupées va alors orienter les recherches de l'inspecteur vers une riche famille de notables dont le mari pourrait être le coupable, se vengeant ainsi de l'homosexualité de son épouse.
On l'avait depuis longtemps remarqué l'homosexualité dans le cinéma italien a souvent été considérée comme une tare, une maladie source de bien de turpitudes. En faire le coeur même des motivations du tueur était une idée en soi plutôt intéressante. Malheureusement rien ne fonctionne réellement faute à un scénario trop basique et une mise en scène paresseuse presque ennuyeuse. Malgré quelques tentatives bien maladroites pour brouiller les pistes afin d'égarer le spectateur, l'amateur un tant soit peu habitué aux rouages du genre aura vite fait de démasquer l'assassin. Si les présumés coupables ne sont pas ici très nombreux, ce qui facilite encore plus la démarche du spectateur, il est également assez facile de s'apercevoir que malgré les bas noirs et les chaussures féminines, le tueur n'est autre qu'un homme déguisé en femme, ce qui élimine facilement quelques suspects. Ne reste plus donc qu'à attendre une conclusion bien peu percutante pour que nos soupçons soient confirmés. Peu convaincantes les explications finales sonnent creuses, récitées de manière monocorde et monotone par une Dagmar Lassander qu'on a connu bien plus en forme.
Si Cimarosa applique les règles de base du giallo il le fait avec une telle nonchalance que l'ensemble devient très vite trop mollasson pour captiver l'attention. Exempt quasiment de tout suspens et surtout de tension dramatique, Il vizio ha le calze nere est d'une stupéfiante linéarité. Même les meurtres, trop sages et bien mal amenés, ne parviennent pas à rehausser la platitude de l'ensemble. L'introduction d'une bonne dose d'humour via le personnage qu'interprète Cimarosa, trop habitué à la comédie, ne fonctionne pas du tout et n'aide en rien à rendre crédible une intrigue qui ne l'est guère dés le départ.
Peu passionnant Il vizio ha le calze nere se suit de façon distraite. Si quelques séquences retiennent l'attention (le fils de la comtesse s'acharnant sur une des conquêtes féminines de sa mère) c'est avant tout la distribution qui est ici assez intéressante même si elle ne fait que
le minimum requis puisqu'on y retrouve outre Dagmar Lassander trop peu mise en valeur malheureusement quelques unes des sexy starlettes d'alors, Daniela Giordano, trop vite disparue, et Magda Konopka en comtesse lesbienne. Il est assez surprenant mais très agréable de découvrir le pasolinien Ninetto Davoli au générique dans la peau d'un petit gigolo aux cotés de John Richardson alors sur le déclin qui interprète le commissaire et Giacomo Rossi-Stuart.
Rythmé par une honnête et discrète partition musicale signée Carlo Savina, Il vizio ha le calze nere est un giallo de petite envergure à qui un peu plus de noir et beaucoup plus de vices auraient été salutaires. Totalement dispensable il trouvera essentiellement sa place chez le collectionneur assidu. On soulignera que la plupart des éditions vidéos existantes sont pour la plupart amputées d'une bonne dizaine de minutes, allégeant ainsi surtout les scènes de nu. L'amateur tentera donc de visionner la version intégrale de 88 minutes plus explicite sur le contenu sexuel.