Cicciolina amore mio
Autres titres:
Real: Bruno Mattei / Amasi Damiani
Année: 1979
Origine: Italie
Genre: Erotique
Durée: 90mn
Acteurs: Ilona Staller, Giancarlo Marinangeli, Patrizia Basso, Paola Ludovica Barbenera, Enrico Bessieres, Ciro Cefaro, Tina Capecchi, Claudio Vacca, Roxanne Zanchini Bell...
Résumé: Un jeune garçon, Riccardino, est amoureux de la Cicciolina. Il n'en voit même plus les autres filles. Son rêve, son obsession deviendra réalité le jour où il va enfin l'approcher, la photographier, l'accompagner dans ses live shows et devenir son ami. Cicciolina va alors l'emmener dans son monde fantasmatique...
Produit par Riccardo Schicchi, Cicciolina amore mio est une sorte d'auto-biographie romancée de ce personnage unique que fut la Cicciolina en Italie. Le titre est explicite. Schicchi à écrit un film témoignant de son amour pour la Cicciolina à travers le jeune Riccardino (est ce un hasard?) interprété par Giancarlo Marinangeli, un jeune habitué de la comédie érotique morbide. Pour mémoire, il fut l'adolescent trouble et pervers de Il saprofita de Sergio Nasca.
Pour apprécier ce film, il faut bien sûr apprécier ce personnage crée de toute pièce par Ilona Staller, sexy starlette qui s'illustra auparavant dans bon nombre de films érotiques. Mais qu'on l'aime ou non, la Cicciolina ne laissait personne indifférent. Le message qu'elle véhiculait à travers cette entité était clair. Accompagné de son éternel ours en peluche, elle voulait combattre à sa façon la répression sexuelle qui sévissait alors en Italie. Elle s'est érigée en prophète du sexe, prônant l'amour libre et la totale liberté sexuelle sur les ondes radio avant de réussir à se faire élire au parlement, un évènement historique pour ce pays, démontrant l'impact de la Cicciolina malgré toutes les controverses qu'elle engendra.
Schicchi choisit Amasi Damiani secondé par Bruno Mattei pour réaliser ce film dans lequel un jeune garçon est amoureux fou de Cicciolina tant et si bien qu'il ne voit plus aucune autre fille. Son obsession pour elle prendra enfin vie quand il réussira à l'approcher, la photographier et enfin assister à ses live shows que Mattei et Damiani filmèrent sur le vif. Lors de ces moments, Cicciolina devient une sorte de créature irréelle évoluant dans un monde bubble gum dont le coté acidulé n'a plus rien avoir avec l'innocence. Cicciolina est la représentation de ce sexe dont on avait que trop rêver mais dont on ne pouvait parler. Mieux, à travers elle, il est devenu quelque chose de tangible, de palpable. Ses shows sont à son image: l'incarnation du fantasme devenu réalité. Il émane de ces moments principalement concentrés sur la fin quelque chose de magique.
Cicciolina amore mio est une sorte de long documentaire où Cicciolina est mise en valeur au son de sirupeuses mélodies comme seule l'Italie savait en composer alors. A grands renforts de ralentis, de scènes aussi bucoliques qu'idylliques Mattei et Damiani suivent la Cicciolina au quotidien. C'est sans véritable intérêt voire d'aucun intérêt diraient certains. Ce peut être long ou ennuyant mais c'est pourtant très beau même si cliché ( Cicciolina chevauchant au ralenti de vertes prairies tout voile au vent, Cicciolina s'ébattant prés de rivières cristallines...). On penserait parfois aux jeunes filles en filles en fleur d'Hamilton qui se seraient un peu dévergondées.
Ce qui est surtout intéressant c'est de remettre le film dans son contexte d'alors. Il est ainsi difficile de classer Cicciolina amore mio, trop audacieux sexuellement pour être un softcore, trop (auto?)-censuré pour être un hardcore. C'est un film bâtard donc sorti un an avant que le premier vrai hardcore italien, Sesso nero de Joe D'Amato, ne soit distribué en salles en Italie. Le film du duo Mattei / Damiani doit être pris comme un documentaire sur une époque en pleine révolution politique, une époque où le sexe pouvait être vu sans être vu dans une société anticléricale et sexophobe. La Cicciolina puis Moana Pozzi incarnèrent cette nouvelle ère. Même si Cicciolina reste très politiquement correct, le film n'en est pas moins politiquement révolutionnaire.
Hormis cela et la beauté de certaines séquences, le film vaut essentiellement pour Ilona Staller qu'on admirera sous toutes les coûtures. Il est dommage que Cicciolina amore mio s'étire un peu en longueur notamment sur la fin qui prêche par une longueur excessive de certaines séquences, trop répétitives.
Reste donc aujourd'hui un film qui fera le bonheur des amateurs d'Ilona Staller mais surtout et avant tout un témoignage d'une époque lointaine aujourd'hui révolue où le sexe encore tabou devenait une sorte de réalité dont on pouvait profiter à travers les écrans, étape préliminaire à l'arrivée du cinéma porno dans les salles.
Pour l'anecdote, c'est Amasi qui tourna le film mais le distributeur trouvant qu'il n'avait pas assez profité du personnage d'Ilona demanda à Bruno Mattei de réaliser des scènes supplémentaires plus salaces dont celle où on aperçoit la coupole du Vatican lorsque la Cicciolina écarte les jambes sous le crépitement de l'appareil photo de son fougueux amant, le jeune Gianfranco Marinangeli. Furieux de ces séquences additives qu'il jugea blasphématrices, Amasi coupa tout lien avec Schicchi avec qui il faillit en venir aux mains lorsqu'il découvrit le résultat final.