Krista Nell: une étoile trop tôt disparue
Elle restera comme une des reines de la sexy comédie grivoise ou plus exactement d'un genre spécifique à l'Italie, les décamérotiques, tous ces films nés du succès du Décameron et des Contes de Canterbury de Pier Paolo Pasolini. Elle fut en effet à l'affiche de pas moins sept films du genre en l'espace de quelques années seulement avant de toucher à de nombreux autres styles du cinéma de genre. Alors qu'elle était une des starlettes montantes de l'érotisme à l'italienne, le destin la frappa de plein fouet. Le temps d'une biographie le Maniaco a le plaisir de faire revivre la belle Krista Nell.
De son véritable nom Doris Kristanell, Krista est née en Autriche en 1946. Elle n'a que 19 ans lorsque Jean-Luc Godart la remarque et lui offre un court rôle dans Pierrot le fou aux cotés de Jean-Paul Belmondo. La carrière de Krista est ainsi lancée et dés lors la jeune femme ne cessera plus de tourner.
Dans un premier temps, elle va se partager entre la France et l'Allemagne en s'essayant à divers genres. C'est ainsi qu'on peut admirer sa troublante jeunesse dans Massacre pour une orgie, La bourse ou la vie de Jean Pierre Mocky avec Fernandel ou encore Les libertines de Pierre Chenal avec Robert Hossein et Marisa Mell.
C'est alors que l'Italie l'approche. Elle va se spécialiser un temps dans le western-spaghetti et le film d'espionnage ou policier. Dés lors Krista ne quittera plus les studios de Cinecittà et consacrera sa carrière au cinéma de genre transalpin. C'est surtout dans le western qu'elle va briller puisque Krista n'en tournera pas moins de huit entre 1968 et 1972. On peut donc
l'admirer dans Tire Django tire de Corbucci, Uno di piu dell'inferno, Arrivano Django e Sartana... è fine, Abattez Django le premier, La banda de los tres crisantemos de Ignacio Iquito, Sei jellato amico, hai incontrato Sacramento, Blindman le justicier aveugle de Ferdinando Baldi et Les âmes damnées de Rio Chico et Le colt était son dieu tous deux signés de Luigi Batzella.
Elle apparait également dans un certain nombre de films policiers ou d'espionnage dont La jungle des tueurs, Un corpo caldo per l'inferno, L'ami du parrain du peu réputé Frank Agrama ou encore La peur au ventre de Roberto Bianchi Montero. Elle est également au générique d'un petit film d'horreur espagnol Las amantes del diablo, un thriller satanique assez maladroit où Krista resplendit d'élégance et de beauté. Toujours pour Espagne elle est à l'affiche d'un très sympathique film de jungle qui remit au goût du jour les aventures de Tarzan, Tarzan en la gruta del oro de Manuel Cano avec le puissant Steve Hawkes et la spécialiste du genre Kitty Swan.
Dés 1972 c'est dans un autre genre qu'elle va exceller, la comédie grivoise née du succès du Décameron. Krista devient vite la reine du genre, nouvelle icône du cinéma sexy italien. Krista sera en effet à l'affiche de quelques sept décamérotiques en seulement un an. Elle resplendit ainsi de toute sa nudité dans Les nouveaux contes immoraux de Biagetti, Fratello homo sorella bona / V'là que les nonnes dansent le tango de Mario Sequi, Decameron proibitissimo - Boccaccio mio statte zitto.../ Les nouveaux contes érotiques de Boccace de Marino Girolami, Décameron 2: Les nouveaux contes de Boccace de Mino Guerrini, Le retour d'Ivanohé de Roberto Mauri, Le calde notti del Decameron de Gian Paolo Callegari, Mamma...li turchi de Renato Savino et enfin Rêves lubriques / Le amorose notti di Ali Baba de Luigi Latini de Marchi.
Si elle quitte les grivoiseries de Boccace par la suite, c'est pour un autre genre alors en vogue, le sexy giallo qu'elle avait déjà tenté en 1971 avec La peau qui brûle / La rossa dalla pelle che scotta. Elle est ainsi en 1975 au générique du glauque Dossiers roses de la prostitution de Rino Di Silvestro, La sanguisuga conduce la danza / L'insatiable Samantha deAlfredo Rizzo aux cotés des brûlantes Femi Benussi et Patrizia Webley et enfin La peur au ventre de Roberto Bianchi Montero.
Ce sera là l'ultime film de Krista frappée de plein fouet par le destin. Sur le plateau de La sanguisuga conduce la danza elle se sait déjà malade. Krista est atteinte d'une leucémie, elle sait que ses jours sont comptés. Elle devait d'ailleurs avoir le rôle principal de L'insatiable Samantha mais fatiguée, c'est à Patrizia Webley qu'il revient tandis que Krista est reléguée à un rôle moins important.
Elle nous quittera le 29 juin de cette même année à tout juste 29 ans laissant son mari, l'acteur Ettore Manni, fou de douleur. Il ne supportera pas la perte de son épouse. Ettore se suicidera quelques temps plus tard. L'Italie pleurera la disparition de Krista, trop tôt partie. Pour ses admirateurs elle restera comme l'une des jeunes figures marquantes du western à l'italienne et de l'érotisme grivois d'un cinéma populaire.