Las amantes del diablo
Autres titres: Les amantes diaboliques / I diabolici convegni / Feast for the Devil / Feast of Satan / Night of the Devils / Tanz des Satans
Réal: José Maria Elorrieta
Année: 1971
Origine: Espagne / Italie
Genre: Horreur
Durée: 88mn
Acteurs: Espartaco Santoni, Krista Nell, Teresa Gimpera, Verónica Luján, Ennio Girolami, Julio Peña, Luis Villa, Carla Conti, Francesco Acciaccarelli, Tomás Blanco, Rafael Corés, Eulália del Pino, Don Jaime de Mora y Aragon, Cris Huerta, Inés Morales, Antonio Moreno, Juan Antonio Peral, José Ignacio Pidal, Gene Reyes, Rosario Royo, Luis Suárez, Rafael Vaquero, Elsa Zabala, Marujita Diaz...
Résumé: Une nuit sur une route Maria, une jeune infirmière partie en vacances, est retrouvée hagarde, en état de choc. Internée elle est kidnappée par une mystérieuse silhouette. On ne la reverra jamais. Sa soeur Hilda est décidée à savoir ce qui lui est arrivée. Elle se rend à l'auberge où elle résidait et fait la connaissance d'un riche jet setter, le Dr Tills Nescu. Il serait la dernière personne à l'avoir vue. Hilda tombe sous le charme de Nescu. Elle ignore encore qu'il organise dans son manoir des messes noires au cours desquelles il fait des sacrifices humains...
Venu du documentaire, José Maria Elorrieta s'est surtout illustré dans le cinéma ibérique dans les années 50 et 60 en réalisant notamment une belle brochette de westerns et de films d'aventures avant de tourner quelques années avant sa disparition en 1974 une petite série de films d'horreur ouverte avec justement cette coproduction hispano-italienne,Las amantes del diablo, connue en Italie sous le titre I diabolici convegni.
Hagarde, visiblement en état de choc une jeune fille, est heurtée en pleine nuit par une voiture alors qu'elle sortait des bois. Il s'agit de Maria, une infirmière partie quelques jours
plus tôt en vacances. A son arrivée à l'hôpital elle semble avoir perdu la raison. Elle semble terrifiée par des choses qu'elle seule peut voir. Plus étrange ses cheveux sont devenus gris. La nuit de son internement une énigmatique silhouette la kidnappe. Plus personne ne reverra Maria. Sa soeur Hilda veut savoir ce qui lui est arrivé. Elle apprend qu'elle a été vue pour la dernière fois au manoir du Dr Tills Nescu, un riche play-boy au regard magnétique. L'inspecteur Gonzales l'autorise à s'y rendre afin d'enquêter discrètement. A peine arrivée à l'auberge où séjournait Maria Hilda fait la connaissance du Dr Ferrer qui n'est pas insensible au charme de la jeune fille. Mais Hilda est surtout remarquée par Nescu lui
même qui très vite désire faire sa connaissance. Il l'invite sur son yacht ce qui n'est pas du gout de son assistante, la sombre Andrea, encore moins lorsqu'elle les surprend entrain de s'embrasser. Hilda avoue finalement à Nescu qu'elle est la soeur de Maria et lui demande s'il sait ce qu'a fait sa soeur après avoir quitté son manoir. Il lui répond qu'il n'en sait strictement rien mais qu'il ne souhaite pas mettre un terme à leur relation naissante maintenant qu'il connait sa véritable identité. Hilda ignore encore que l'hypnotique docteur aidé par Andrea organise dans son manoir des messes noires au cours desquelles il sacrifie des jeunes femmes. Elle ignore aussi qu'il ne s'est jamais remis d'un traumatisme
d'enfant. Il fut témoin des ébats sadomaso de ses parents qui conduisit son père au suicide. Hilda est la prochaine victime de Nescu. Andrea, après que Nescu l'ait une fois de plus maltraitée, la supplie de ne plus revoir Nescu, l'avertit qu'elle court un grand danger mais Hilda ne l'écoute pas. Elle finit par découvrir le secret de Nescu mais il est trop tard. Elle est sa prisonnière. Le Dr Ferrer et l'inspecteur arriveront-ils à temps pour sauver la jeune femme des griffes du Diable?
Un manoir, des messes noires, des sacrifices humains, des jeunes filles en péril, un séduisant docteur et son assistante dévoués à Satan voilà rassemblés tous les éléments
du film d'horreur gothique mâtiné de satanisme, genre auquel se rattache cette nouvelle pellicule de Elioretta. Le moindre qu'on puisse dire c'est que tant le titre que le scénario sont alléchants, prometteur. Le résultat est malheureusement bien en dessous des espérances du spectateur qui risque de s'ennuyer assez vite, peu concerné par une histoire assez brouillonne et surtout trop bavarde. Tout débutait pourtant bien à la manière d'un bon petit film d'horreur. Une jeune fille terrifiée, poursuivie de nuit à travers les bois par quelque chose d'invisible, se jette soudainement contre une voiture qui déboulait sur la route. La pauvre fille perd la raison, prise d'hallucinations hurle à la mort et finit internée. Suit alors une séquence
là encore intéressante et prometteuse: une silhouette gantée de noir s'introduit de nuit à l'hôpital et la kidnappe après qu'un des patients, possédé par un esprit malin, se fait dévorer par un des chien de garde. On virait alors doucement vers le giallo horrifique. C'est par la suite que les choses se gâtent. Finies les séquences terrifiantes, fini le suspens, finie l'atmosphère gothique qu'on ne retrouvera pratiquement plus. Place à de longues plages de bavardages, de scènes de piscine, de détente à bord d'un yacht et en discothèque. On discute, on fume, on boit, on danse, on s'embrasse et plus rien ne se passe vraiment. De rites sataniques si on excepte le final il n'y en a pas hormis une scène de sacrifice d'une
belle brune trop aventureuse et encore, on ne voit rien. En effet Eliorrieta reste très sage. De sang, de meurtres, d'effets spéciaux il n'y en a pratiquement pas. Frustrant.
En fait Eliorreta semble avoir oublié qu'il avait un film satanique à faire et préfère se laisser aller à une ambiance festive. Même l'héroïne, Hilda, donne l'impression d'avoir oublié la raison pour laquelle elle est venue au village. Elle ne parait d'ailleurs jamais très intéressée par son rôle ou même d'y croire, faisant docilement ce que le metteur en scène veut qu'elle fasse, à l'image des personnages qui l'entourent, tous ayant en commun d'être bien creux. Quelque soit l'orientation que prend l'histoire elle ne fonctionne pas ou si peu. Horreur,
satanisme, giallo... la sauce ne prend pas et c'est indifférent qu'on visionne cette petite bande d'où émergent néanmoins quelques bons passages, quelques instants de plaisir toujours bon à prendre, quelques faces positives qui font qu'on ne perd pas forcément son temps. Outre l'ouverture dont on a déjà parlé, on retiendra la scène du sacrifice et celles des messes noires (et leurs litanies entêtantes: Salve Satanas) avec ses zooms déformants qui font toujours leur petit effet, le manoir en lui même, les jolis décors soigneusement mis en lumière, le brin d'érotisme certes léger mais toujours très agréable et une distribution féminine des plus attrayantes. En tête d'affiche on retrouve en effet la pauvre Krista Nell qui
multiplie les scènes en nuisette transparente, en culotte et ose même quelques plans furtifs seins nus, la blonde et ravageuse Teresa Gimpera dans le rôle d'Andrea et Veronica Lujan (Maria). Elles sont entourées de Ennio Girolami, le fils de Marino responsable du scénario aux cotés de Eliorreta (c'est d'ailleurs lui qui imposa son fils aux producteurs) et surtout du vénézuélien Espartaco Santoni qui mise tout sur son regard magnétique pour donner l'illusion qu'il est doté de pouvoirs magiques illimités et surtout pour faire peur mais cela ne suffit pas car malgré ses efforts le reste ne suit pas. Pour l'anecdote Teresa Gimpera sortait alors avec Santoni au moment du tournage. Ce dernier eut une aventure avec Krista Nell ce
que Teresa n'apprécia guère. Gageons que les regards noirs qu'elle lui lance dans le film ne sont pas feints. On retiendra également le final et son retournement de situation inattendu soit les dix dernières minutes mais on reste plus perplexe que convaincu car tout arrive un peu comme un cheveu sur la soupe et cette histoire de traumatisme infantile peine à satisfaire même si l'idée au départ était brillante. Voilà un point sur lequel Elioretta aurait pu/du bien mieux développer au lieu de s'attarder inutilement sur l'ambiance ludique et festive des lieux.
Rythmé par les musiques de Carlo Savina qui recycle celles de Contranatura et de La nuit des diables, Las amantes del diablo est un tout petit film d'horreur satanique espagnol, anodin, indécis, bâtard, lent dans sa mise en scène mais qui grâce à ses quelques points positifs reste un petit (tout petit) plaisir coupable pour l'amateur de ce type de pellicule et bien entendu pour tout collectionneur.
Du même réalisateur période horreur on préférera nettement revoir La llamada del vampiro tourné l'année suivante.