Fratello homo sorella bona
Autres titres: V'là que les nonnes dansent le tango / Fratello homo sorella bona nel Boccaccio superproibito / Brother man sister whore / Love games in the convent
Real: Mario Sequi
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Décamérotique
Durée: 90mn
Acteurs: Sergio Leonardi, Nazareno Natale, Krista Nell, Elio Marconato, Gabriella Giorgelli, Patrizia Adiutori, Francesco D'Adda, Loredana Mongardini, Antonia Santilli, Luciano Timoncini, Enrico Lazzareschi, Amedeo Timpani, Anna Maria Panaro, Marcelle Bron, Franco Mazzieri, Bruna Olivieri, Andrea Radovan, Lorenzo Piani, Irio Fantini...
Résumé: La jeune Chiarina est contrainte par son père d'épouser le vieux et très laid Teobaldo, une union qu'elle ne peut imaginer. Un petit groupe d'hommes et de femmes mené par Pinuccio quitte Florence pour fuir la peste. ils se font passer pour des moines et des nonnes et s'installent au monastère de la ville, Ayant eu vent de l'affaire ils vont aider Chiarina à fuir. Avec le véritable père de la jeune fille, un prêtre, ils mettent au point un stratagème...
Le succès du film de Pier Paolo Pasolini Le Décaméron adapté des célèbres contes de Boccace ainsi que celui des Contes de Canterbury de Chaucer donna naissance à un bref sous filon du cinéma érotique appelé Décamérotique. Ainsi virent le jour entre 1972 et 1974 toute une série de pellicules qui à leur tour adaptèrent à leur sauce Boccaccio et Chaucer... pour le meilleur mais aussi parfois le pire. Fratello homo sorella bona fait partie des films inspirés du Décaméron tant et si bien qu'après (littéralement traduit) Le décaméron interdit, Le Décaméron très interdit celui ci il fut sous titré Le decaméron super interdit.
Bêtement rebaptisé pour sa sortie française (uniquement en Province) V'là que les nonnes dansent le tango! Fratello homo sorella bona se différencie toutefois des autres décamérotiques par sa structure d'une part puisqu'il ne se compose pas d'une suite de divers segments mais raconte une seule et unique histoire, d'autre part par son titre qui n'est jamais qu'une parodie du Fratello sole sorella luna le mélodrame de Franco Zeffirelli.
Mario Sequi, réalisateur à la courte carrière à qui on doit notamment Le tigri di Mompracem, une des aventures de Sandokan, un sympathique eurospy Il cobra et deux sympathiques petits thrillers Il baco di seta et La verginella / Les mille et un plaisirs, nous entraine à
Florence en pleine épidémie de peste. Grâce à un habile stratagème un petit groupe d'hommes et de femmes issu d'un bordel et mené par l'intrigant Pinuccio quitte Florence pour éviter la maladie et se réfugie dans un monastère en se faisant passer pour des moines et des nonnes. Ils comptent bien entendu profiter de la situation. La jeune et jolie Chiarina se voit contrainte par son père d'épouser le vieux, gros et très laid usurier Teobaldo Di Teobaldi. Horrifiée elle refuse. Elle prie San Prudenzio pour que cette union ne se fasse jamais tout en rêvant que le séduisant saint soit bien plus qu'une statue. Ce que Chiarina ignore encore c'est qu'elle est le fruit d'une union interdite. Son véritable père est en fait le
prêtre du monastère! Aidée par les faux moines et les fausses soeurs Chiarina va tout faire pour éviter ce mariage répugnant et épouser l'homme de ses rêves. Afin d'éviter que la peste ravage la ville les moines font régulièrement des processions. Lors d'une entre elles Pinuccio avec la complicité du vrai père de Chiarina va grâce à une ruse habile remplacer la statue de San Prudenzio par un de ses faux frères dont il est le sosie. Si le peuple crie au miracle Teobaldo et le père de la jeune fille sentent le piège mais ne parviennent pas à le prouver. Avec l'aide du vrai père de Chiarina Pinuccio organise sa fuite tout en préparant ses noces avec Teobaldo. Pinuccio et sa bande réussissent à fuir emmenant avec eux Chiarina
qui pourra épouser l'homme qu'elle aime, le sosie de San Prudenzio tandis que Teobaldo découvrira le jour de ses noces le visage de celle avec qui il allait se marier, une nonne moustachue horrible.
L'ouverture du film est surprenante puisque la caméra de Sequi nous offre un panoramique de Florence et de ses églises et clochers mais une vue visiblement contemporaine sur fond de musique pop qui progressivement glisse sur les rues étroites et les places d'hier où se pressent paysans, mendiants et ecclésiastiques juste avant de faire connaissance avec Pinuccio. Le film est lancé. Nous sommes bien à Florence au temps de la peste lorsque la
colère divine frappait les ouailles. Cette ouverture anachronique qu'il faut prendre comme un gag, une manière d'actualiser le genre, peut dérouter mais Fratello homo sorella bona est bel et bien une décamérotique où l'Eglise une fois encore va en prendre pour son grade. La preuve dés les scènes suivantes où sur le point de quitter la ville pour se réfugier dans un monastère et profiter de la situation la bande à Pinuccio entame un chant médiéval paillard "Osteria numero" (All'osteria del Gatto morto... chi l'ha corto, chi l'ha lungo...) et se mettent joyeusement à danser à demi nus, une séquence pleine de joie et d'allégresse, de bonne humeur, à l'image du film. Car ce qui prédomine ici c'est la gaieté, la joie, le rire dans un
enchainement de séquences à la limite de la farce, du grotesque, du kitsch, aux dialogues souvent triviaux qui finalement respecte l'époque. Il fallait oser mettre sur pied cette histoire de statue religieuse qui prend vie en la remplaçant par un faux moine sosie du saint en question, le bon San Prudenzio, un saint aux traits angéliques qui ne laisse pas la virginale Chiarina de marbre. Il n'y a qu'ici qu'un tel stratagème pouvait fonctionner. Et si la statue et les vitraux du saint font un effet inattendu sur Chiarina c'est que le second élément majeur du film est la nudité tant masculine que féminine, une nudité très présente mais jamais vulgaire. De la ronde endiablée exécutée à demi nus lors de l'ouverture à la danse des jeunes qui
finissent nus pour mieux faire l'amour tous ensemble dans l'étable sous l'oeil espion mais gourmand des chevaux mais surtout de la mère de Chiarina en passant par les nombreuses scènes où les actrices se dévêtissent intégralement cette décamérotique respecte la règle même si on a vu plus coquin dans le genre. Il fallait surtout oser faire se masturber Chiarina devant le vitrail représentant San Prudenzio, un geste jouissivement amoral, hérétique mais on peut comprendre la jeune fille. Les saints et autres icônes pieuses ne sont ils pas tous représentés de façon si sexy, de jeunes hommes très attirants propre à déclencher les tourments de l'âme et allumer le feu au cour de nos entrailles. Lorsqu'elle fera finalement
l'amour à son sosie de chair et de sang la boucle est ainsi joliment bouclée.
Malgré sa bonne humeur, la dynamique de la mise en scène, la superbe photographie et les jolis costumes, les dialogues savoureux en dialecte d'époque du scénariste Alfredo Tucci, ses chansons paillardes entrainantes Fratello homo sorella bona pourra cependant laisser une impression mitigée. En fait on accroche ou on n'accroche pas à cette farce médiévale érotique. Peut être est-ce le fait qu'en 90 minutes une seule histoire est ici traitée et non divers segments d'où parfois un certain ennui sur le long terme. Peut être est ce dû justement à ce coté clownesque qui peut lasser assez rapidement pour peu qu'on n'adhère
pas vraiment à l'humour de Sequi. Peut être sont-ce les anachronismes par la même la musique (qui va du pop au groovy peu adapté à l'univers de Boccaccio). Peut être que la raison est tout bêtement l'absence cette fois de maris cocufiés, d'épouses malignes qui se font trousser par leur amant en ayant recours à tous les stratagèmes possibles et imaginables, de (vrais) frères et des soeurs en cornette ayant le diable sous leur soutane... tous ces éléments qui font une décamérotique en bonne et due forme. En fait les motifs pourraient être nombreux selon l'humeur et surtout les goûts de chacun. Le film de Sequi malgré son originalité et ses nombreuses qualités reste finalement en dessous des normes ce qui peut gêner.
du genre pour les tatillons. A chacun ses gouts. Chacun jugera et se fera sa propre opinion.
Mais on appréciera malgré tout son affiche puisque nos joyeuses nonnes prennent les traits de Krista Nell qui malheureusement décédera trois ans plus tard emportée par un cancer fulgurant, la plantureuse Gabriella Giorgelli, et les éphémères starlettes Patrizia Adiutori et Loredana Mongardini. Quant à Chiarina c'est une toute jeune Antonia Santilli, (la doublure officielle de Ornella Muti) qui lui donne vie. C'est Sergio Leonardi, acteur aujourd'hui oublié qui s'est surtout fait connaitre dans la musique en tant que chanteur et le doublage, qui incarne Pinuccio. Nazareno Natale, figure récurrente du western spaghetti est Bruno, le sosie de San Prudenzio.