Maniaco Deprebis

Essentiellement connu pour ses deux petits films d'horreur, La vengeance du zombie et The swamp of the ravens, l'espagnol Manuel Cano sut à la fin des années 60 remettre au gout du jour le mythe de Tarzan après que ses confrères italiens aient modernisé cette légende cinématographique en créant notamment les versions féminines du célèbre roi de la jungle. Ceci permit au film d'action et d'aventures exotiques de reprendre vie le temps de quelques divertissantes petites bandes dont Tarzan en la gruta del oro est sans nul doute un des meilleurs exemples.

Irula, la fille de la reine des Amazones, a été capturée par la tribu des Tamarikas qui désire découvrir du fabuleux trésor des légendaires guerrières. Zan, le roi de la jungle, la délivre et la ramène chez elle. Afin de le remercier la reine lui dévoile l'emplacement de la grotte où est caché le trésor. C'est sans compter deux brigands, impitoyables chercheurs d'or, qui souhaitent s'en emparer. Ils demandent à un indigène de tuer Zan. Grièvement blessé, Zan est recueilli par un vieil homme alcoolique qui le soigne. Pour le remercier Zan lui offre quelques pépites d'or recueillies dans la grotte secrète. Porté disparu depuis de nombreuses années l'homme ignore que sa fille Mary est à sa recherche. Elle vient d'arriver

dans la brousse afin de tenter de le retrouver. Elle s'adjoint les services de Billy, un aventurier bellâtre à la solde des brigands. Malheureusement les deux malfrats réussissent à trouver le vieil homme et le tuent après qu'il leur ait avoué l'emplacement du trésor. Avec l'aide des Tamarikas ils assaillent le village des Amazones, massacrent les valeureuses guerrières et font prisonnière Irula. Ils ne leur restent plus qu'à aller jusqu'à la grotte pour y voler l'or des Amazones. Le roi de la jungle va non seulement venger la mort de son ami, délivrer Irula et punir les responsables du massacre. Sa vengeance accomplie, Zan peut profiter des joies de la jungle en compagnie d' Irula après avoir donné un petit sac d'or à Mary et Billy qui entre

temps s'était rallié à la cause du roi de la brousse,
Si le titre mentionne bel et bien Tarzan le nom du fameux héros n'est cependant jamais utilisé dans le film qui a rebaptisé son principal personnage de diverses appellations selon les versions. Il se nomme Zan ou Zac mais également Sarimar. Il est même surnommé dans la version espagnole le faucon blanc. Ceci n'est pas dû aux frasques des distributeurs mais tout simplement à des questions de droits d'auteur, William Rice Burroughs n'ayant pas donné son accord pour qu'on utilise le nom de Tarzan. Quelque soit la façon dont on l'appelle cela n'a aucune incidence sur cette petite bande tropicale dont on doit le scénario à Umberto Lenzi puisqu'on est bel et bien face au roi de la jungle, le seul, l'unique, avec son célèbre cri

et sa façon si élégante de se déplacer de liane en liane.
Manuel Cano signe un petit film d'aventures exotiques franchement ludique dans la grande lignée des pellicules d'antan dans laquelle on retrouve cette saveur si particulière qui en faisait tout le charme. Tarzan en el gruta del oro regroupe en effet les principaux éléments de ce type de cinéma sans rien y apporter de bien original certes mais l'important n'est pas de donner dans l'originalité mais de mettre en boite un véritable divertissement familial pur et dur. Des décors de rêve, le film fut tourné en grande partie au Surinam, une foule d'animaux sauvages (éléphants, le perroquet compagnon de Tarzan, serpents, tigres...) évoluant dans

leur milieu naturel, mais également un faux gorille belliqueux, gardien de la grotte, comme au bon vieux temps du cinéma Z de grand-papa, une tribu de véritables indigènes, des danses et des rites tribaux, une grotte fabuleuse, des méchants cruels prêts à tout pour un peu d'or, un vieil alcoolique au grand coeur, la présence des légendaires Amazones, un trésor, un zeste de violence et de torture de bon aloi, un nuage de bons sentiments, une jolie idylle et surtout beaucoup d'action. C'est ici un des points fort de cette nouvelle mouture de Tarzan qui dès l'ouverture fait donc place belle à l'action, à l'aventure. Cano plonge son spectateur directement au coeur de l'histoire dés les premières images avec la capture d'Irula au rythme

de danses effrénées jusqu'à l'arrivée de Zan venu la délivrer. Le rythme ne se relâchera plus jusqu'aux ultimes minutes, le cinéaste visiblement inspiré et surtout à l'aise enchainant péripéties sur péripéties dont quelques moments de pur régal comme le massacre des Amazones, un des clous du film où on reconnait l'inévitable griffe de Lenzi. L'interprétation est à la hauteur grâce à une brochette d'acteurs convaincants composée de quelques solides gueules du cinéma italien et ibérique dont Raf Baldassarre, Luis Marin, Fernando Sancho dans le rôle des méchants. Antonio Casas est le vieil ami alcoolique de Tarzan, un encore jeune et séduisant Jesus Puente interprète Billy tandis que la trop tôt disparue Krista Nell

joue Mary et apporte une touche de féminité supplémentaire déjà très présente par le biais des Amazones.
Mais le couple vedette du film reste bien entendu les désormais mythiques Steve Hawkes et Kitty Swan. Le jeune acteur d'origine croate interprétait pour la première le rôle de Tarzan. Admirateur de Johnny Weissmuller, il commença par jouer de petits rôles avant de décrocher celui de Tarzan dans le film de Cano dans lequel il crève l'écran par son physique de bellâtre et sa musculature huilée. Le cheveu long en bataille, des yeux d'un bleu océan, un visage avenant, de jolies rouflaquettes, un slip léopard, il donne à Tarzan un coté moderne,

un brin rock'n'roll très plaisant, un roi de la jungle qui n'hésite pas à jouer aux cartes et à se prendre pour Maciste. Aux cotés de Jesus Puentes il forme un duo de choc pour admirateurs de plastique masculine de rêve. C'est la resplendissante modèle danoise Kitty Swan qui après avoir relancé le film de jungle en Italie l'année précédente en interprétant deux fois de suite une version féminine de Tarzan, Gungala la vergine della giunglia et Gungala la pantera nera endosse le mini bikini de Irula. De quoi réjouir les amateurs de beauté féminine dont regorge le film.
Si les âmes chagrines noteront quelques invraisemblances cela n'enlève rien au charme

indiscutable de la pellicule qui n'est simplement qu'une bande dessinée, une jolie légende qu'on visionne comme on lit un livre. Magnifiquement photographié, bénéficiant d'une mise en scène alerte et d'une solide partition musicale agrémentée de temps à autres de chants africains Tarzan en el gruta del oro est une magnifique distraction, une très belle réussite qui se laisse regarder sans ennui d'un bout à l'autre du métrage, un film de jungle dans la grande tradition du genre qui ravira sans aucun doute tous les amateurs de ce type de films.
Le succès du film incita les producteurs à lui donner une suite deux ans plus tard tournée

cette fois entre la Floride et les Philippines, l' insipide et pour cause Tarzan y el arco iris, qui marquera la fin brutale de la carrière de ses deux héros brulés vifs lors du tournage d'une scène de torture. Si Steve Hawkes après deux années de soins intensifs tentera un retour à l'écran pour payer les frais faramineux que coutèrent les opérations destinées à lui redonner un corps Kitty défigurée à vie se retira définitivement de la vie publique et disparut à jamais.