Le notti amorose di Ali Baba
Autres titres: Rêves lubriques
Real: Luigi Latini De Marchi
Année: 1973
Origine: Italie
Genre: Decamérotique
Durée: 80mn
Acteurs: Alan Barker, Krista Nell, Pierre Mirat, Ivana Novak, Colette Castel, Barbara Marzano, Romano Gironcoli, Piero Regnoli, Carla Mancini, Barbara Betti, Mohamed Bashri, Alessandro Perrella...
Résumé: Le père de Ali Baba, le puissant et misogyne calife Cali, est très inquiet. Son fils ne pense qu'à séduire et faire l'amour aux plus belles femmes du royaume. Afin de le guérir, il demande à un psychiatre allemand, le Dr Freuch, de venir à son royaume. Ayant eu vent des intentions de son père, Ali baba va tout faire pour empêcher sa venue. Ainsi retardé, il va pouvoir continuer à faire l'amour à sa guise et séduire notamment une princesse mais aussi la belle Yashira, une jeune sorcière qui a le pouvoir de mettre un terme à l'homosexualité de Ishba, un des autres gros soucis du calife, en lui faisant revêtir une robe magique....
Si le succès du Décaméron de Pasolini avait très vite donné naissance à un sous genre du cinéma Bis italien, les décamérotiques, les volets suivants de sa fameuse trilogie de la vie, Les contes de Canterbury et Les 1001 nuits, allaient eux aussi en générer deux autres: Les canterbérotiques et Les orientalérotiques.
C'est à ce dernier qu'appartient Le notti amorose di Ali Baba, un des moins connus mais aussi un des moins prolifiques puisque si on excepte Les 1001 nuits érotiques de Margheriti, peu de réalisateurs tentèrent de faire revivre à l'écran ses célèbres contes. On en dénombre cinq en tout et pour tout. Outre celui de Margheriti, on trouve dans l'ordre chronologique Le favolose notti d'oriente de Mino Guerrini, Le mille e una notti... e un altra ancora de Enrico Bomba, Quando i califfi avevano le corna de Amasi Damiani et Le notti amorose di Ali Baba de Luigi Latini de Marchi, un spécialiste du film de cape et d'épée dans les années 50 reconverti dans les productions télévisées.
Tardivement sorti en salles en France sous le titre Rêves lubriques, Le notti amorose di Ali Baba, coproduit avec la France, se rapproche facilement du film de Bomba tant par la pauvreté des décors que de la mise en scène. Tourné non pas en Orient mais quelque part dans les campagnes romaines, le film ne fait guère illusion et ne possède pas ce charme exotique si recherché dans ce type de films. Il n'a finalement de magique que son titre qu'on aurait facilement transformer en Ali Baba et ses 40 conquêtes puisque toute l'histoire tourne autour du célèbre personnage et de ses frasques amoureuses au royaume de son père le calife, le puissant et misogyne Cali. Ali Baba est un invétéré coureur de jupons qui couche avec toutes les plus belles femmes du pays tant et si bien que le calife, inquiet, demande à un psychiatre allemand, le Docteur Freuch (!!), de venir guérir son fils. Ayant eu vent des intentions de son père, Ali Baba va tout mettre oeuvre pour que le médecin n'arrive pas à destination tout en continuant de forniquer à droite et à gauche alors que le calife doit faire face à un autre souci: Ishba, un garçon du royaume, est homosexuel et le docteur ne le laisse pas indifférent. Seule la splendide Yashira à l'aide d'une robe magique peut le rendre hétérosexuel. Yashira est malheureusement l'objectif principal de Ali Baba.
Affublé de dialogues souvent risibles, ce pastiche coquin de Ali Baba, malgré le manque cruel voire l'absence totale de magie, un des éléments pourtant indispensable à tout conte oriental, se laisse cependant visionner ne serait ce que pour ses costumes et certains de ses décors intérieurs qui le temps de quelques scènes parviennent à faire illusion et donnent à l'ensemble un certain cachet, en un mot tout l'intérêt du film. Pour le reste, Le notti amorose di Ali Baba ne diffère guère du reste de la production habituelle. On y retrouve cet humour égrillard, ces situations érotiques somme toute banales qui de temps à autres arrivent cependant à accrocher un sourire sur le visage du spectateur. On retiendra également quelques trouvailles scénaristiques et scènes assez réussies notamment celle où Ali Baba assiste à une cérémonie religieuse empreinte de sorcellerie l'incendiaire Yashira court se jeter nue dans la mer avant de se réveiller sous sa tente, en transe, vite rejointe par Ali Baba pour de furieux ébats. Original également est d'avoir introduit un groupe de féministes qui assailliront le calife ainsi qu'un personnage homosexuel dans un contexte de départ assez misogyne même si bien entendu on va tenter absolument de le guérir de cette tare à l'aide d'une robe magique.
Le film de De Marchi n'est pas plus plus mauvais ou pire qu'une autre décamérotique, il se fond simplement dans un certain anonymat. Il n'est qu'un gentil divertissement polisson d'autant plus polisson que la version française est agrémentée de scènes hardcore qui viennent particulièrement bien pimenter l'ensemble. Si la version italienne se contente de montrer quelques généreuses poitrines dénudées, quelques nus dorsaux et quelques accouplements, la version française est quant à elle beaucoup plus explicite puisqu'elle n'est pas avare de sexe en érection, de scènes de sexe et surtout de séquences pornographiques qui lui valut un classement X en France à sa sortie. Et de ces scènes provient une certaine curiosité. Il ne s'agirait pas d'inserts, puisqu'elles furent en effet tournées beaucoup plus
tard spécialement pour les besoins du film mais avec d'autres acteurs, la plupart des spécialistes du hardcore français. On y reconnaitra notamment Yves Prigent, également assistant-réalisateur de De Marchi, qui à l'époque travaillait beaucoup pour Max Pecas. Il est par contre bien regrettable qu'aujourd'hui la seule version encore disponible du film est la version italienne exempte de toutes ces scènes. Encore plus regrettable est que le film de De Marchi soit devenu quasiment invisible. L'amateur n'aura guère d'autre choix que d'essayer de se procurer la rarissime vidéo allemande, en allemand donc, pour découvrir ces aventures très particulières de Ali Baba qui au fil du temps se sont forgées une petite réputation de film culte comme tant d'autres oeuvres aujourd'hui disparues ou invisibles comme Le Maniaco aime en parler.
La distribution n'est pas anodine puisqu'on aura le plaisir de retrouver Krista Nell, superbe, dans la peau de Yashira, la plantureuse Barbara Marzano qui interprète une esclave qui offre ses charmes à Ali Baba (à noter que dans la version italienne Barbara certes nue reste pudique, dans la version française elle et Ali Baba sont entièrement nus), Ivana Novak est quant à elle une princesse. Ali Baba est jouée par le fort charmant Alan Barker, vague sosie de George Hilton, dont on pourra admirer la nudité virile. Le français Pierre Mirat est Freuch le malheureux psychiatre. Non crédité au générique, Piero Regnoli, le fameux scénariste de tant de comédies, se glisse dans la peau du calife.
Le notti amorose di Ali Baba si elles ne laisseront pas un souvenir impérissable sont de par leur rareté une intéressante curiosité à découvrir aujourd'hui d'autant plus que malgré la faiblesse de l'ensemble le film se laisse regarder assez facilement et atteint son objectif premier: faire sourire à défaut de rire, divertir le temps de quelques 90 petites minutes et apporter au spectateur une dose d'érotisme et de nudité toujours appréciable.