Decameron proibitissimo
Autres titres: Les nouveaux contes érotiques de Boccace / Le Décaméron super interdit / Les nouveaux contes érotiques de Boccace - Le Décaméron super interdit / Boccaccio mio statte zitto / Decameron proibitissimo - Boccaccio mio statte zitto / Decameron prohibidisimo
Real: Marino Gorolami
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Décamérotique
Durée: 88mn
Acteurs: Franco Agostini, Enzo Andronico, Alberto Atenari, Bruna Beani, Antonio Cantafora, Fortunato Cecilia, Marzia Damon, Adriana Facchetti, Riccardo Garrone, Ennio Girolami, Enrico Lazzareschi, Laetitia Le Hir, Carla Mancini, Maurizio Merli, Gianni Musy, Krista Nell, Memè Perlini, Cristina Perra, Galliano Sbarra, Sergio Serafini, Mauro Vestri, Eleonora Vivaldi, Malisa Longo, Salvatore Baccaro, Pupo De Luca, Jess Hahn, Luca Sportelli, Adolfo Belletti...
Résumé: Afin de fuir une épidémie de peste qui sévit dans la région, un groupe de pélerins trouve refuge chez Messire Gianni. Afin de faire passer le temps, leur hôte va leur narrer six histoires d'adultère...
Alors que ce sous genre du cinéma érotique est à son apogée, Marino Girolami dissimulé sous son habituel pseudonyme Franco Martinelli nous propose à son tour une décamérotique tirée des contes de Boccace. Pour cette nouvelle adaptation de ses désormais célèbres écrits, Mario Amendola et Bruno Corbucci, les scénaristes, ont directement puisé leur inspiration dans quelques unes des nouvelles du Décaméron pour en mettre en scène six qui avouons le, sans être particulièrement audacieuses ou originales, n'en sont pas moins divertissantes et tout à fait plaisantes à suivre.
Une troupe de voyageurs qui se réfugie en la demeure de Messire Gianni pour fuir une épidémie va cette fois servir de base narrative au film. Messire Gianni afin de faire passer plus vite le temps va leur conter six histoires coquines qui ont toutes pour point commun l'adultère.
La première est celle de la plantureuse Donna Piccarda qui bien malgré elle est la cible des avances d'un moine, Frère Pasquale. Ce dernier ne rêve que de lui faire l'amour mais il va se retrouver au lit avec une femme hideuse et moustachue, la servante des deux frères de Donna Piccarda. Cette dernière s'est bien jouée du pauvre moine qui se fera prendre en flagrant délit par Son Excellence.
Le second segment tourne autour des prophécies d'une gitane qui prédit un bien sombre avenir au très crédule Guidobaldo. Afin de lui assurer un avenir radieux, il va devoir accepter que son épouse, la Comtesse Floriana, fasse l'amour au jeune et fringant Rufolo jusqu'à ce que dernier meurt d'épuisement. Il ignore que la gitane et Rufolo ont passé un accord. Il fera l'amour à la comtesse et tous deux se partageront par la suite la bourse offerte par Guidobaldo.
Le troisième sketch narre les aventures d'un jeune moine, Frère Domenico, fou amoureux de la belle Martina. Il va la faire entrer au couvent dissimulée sous une bure puis une fois dans sa cellule, tous deux vont pouvoir follement s'aimer. Malheureusement ils se font surprendre par le Frère Prieur qui ordonne à Domenico d'aller se mortifier afin que Dieu lui pardonne ce terrible péché de chair. Afin d'éviter le scandale et d'être tous deux dénoncés au Supérieur, Martina se voit contrainte de faire l'amour au Frère Prieur qui profite bien de la situation.
C'est ensuite aux déboires de la généreuse Brunetta auxquels on assiste. Son mari, Gervasco, est un homme d'une jalousie extrême qui par peur d'être cocufié garde enfermée dans sa chambre Brunetta. Ce qu'il ignore c'est que son épouse a dissimulé derrière un meuble une ouverture creusée dans le mur par lequel elle admire dormi nu Filipo, un jeune peintre à qui elle rêve de faire l'amour. Grâce à l'aide de sa servante, elle va mettre au point un bien malin subterfuge. La servante va suggérer à Gervasco de se faire passer pour un
prêtre afin d'entendre les confessions de Brunetta. Celle ci lui avoue alors que grâce à une formule magique un homme vient la visiter chaque nuit dans sa chambre. Gervasco va alors faire le guet toute la nuit devant la maison pendant que Brunetta se donne à Filipo.
Lors de la cinquième histoire, c'est un autre subterfuge que le jeune Rinaldo va mettre au point pour conquérir et faire l'amour à la très charnelle Marcolla. Il prétend avoir été dévalisé puis mis à nu par une bande de voleurs de grand chemin. Il trouve ainsi refuge chez Marcolla qui le réconforte avant de se donner à lui. Son mari surprend malheureusement Rinaldo qui va s'arranger pour qu'il soit pris pour un des brigands puis arrêté par la police.
L'ultime historiette a pour principaux protagonistes la baronne Elena, son époux et le palefrenier, l'amant de la baronne. Ce dernier a été surpris au lit par le mari qui pour pouvoir le reconnaitre puis le décapiter lui coupe une mèche de cheveux dans la nuque durant son sommeil. S'en étant aperçu Raniero demande à tous ses amis de se couper une mèche au grand dam du mari trompé mais à la plus joie de la baronne. L'exécution doit être abandonnée.
Si Decameron proibitissimo n'est pas la meilleure des décamérotiques il faut cependant avouer que cette première et dernière intrusion dans le genre du prolifique et surtout éclectique Marino Girolami est une très honnête petite série qui se contente de reprendre tout ce qui a déjà été fait et refait, vu et revu auparavant mais avec un certain professionnalisme. La mise en scène est alerte, sans temps mort. L'originalité n'est peut être pas rendez-vous, les histoires ne sont pas très recherchées et tournent toute autour d'un même sujet, l'adultère, mais la fraicheur de l'ensemble fait vite oublier ces quelques
faiblesses et le manque évident de budget. Au pire, les puristes pourront regretter l'absence de morale à la fin de ces six historiettes, un élément quasi indispensable à toute décamérotique ainsi que le fait que cette fois Corbucci et Amendola n'ont en aucun cas différencié le peuple, le clergé, la bourgeoisie. Ils ont mis toutes les classes sociales au même niveau dans un joli patchwork. Mais qu'importe tant que le plaisir est là!
Le manque d'originalité des six histoires est quant à lui compensé par une distribution tout à
fait réjouissante puisqu'on y retrouve la regrettée Krista Nell, une récurrente du genre, Malisa Longo, Marzia Damon ou encore Bruna Beani, toutes au summum de leur beauté. A leurs cotés on appréciera une affiche masculine tout aussi agréable et enjouée avec en tête Enzo Andronico, Riccardo Garrone, Luca Sportelli, l'imposant Jess Hahn, Pupo De Luca, Salvatore Baccaro, Maurizio Merli encore inconnu qui en était à sa deuxième décamérotique mais ne se montrait pas nu cette fois contrairement à sa prestation dans Le mille e una notte all'italiana / Le canterbury interdit. On se rattrapera par contre sur les
longues scènes de nu tant dorsaux que frontaux des jeunes Antonio Cantafora, Ennio Girolami et du bel éphèbe qui joue le peintre Filipo, un acteur inconnu et non crédité au générique, la plupart du temps en tenue d'Adam, l'objet de tous les désirs malheureusement bien dissimulé par une main ou un objet. En ce sens et c'est peut être là l'originalité du film de Girolami, si les nus féminins sont peu nombreux cette fois, la nudité masculine quant à elle abonde. C'est au tour des hommes de se montrer dans le plus simple appareil.
Decaméron proibitissimo est une agréable distraction en costumes qui sans atteindre le niveau d'autres productions de ce type bien spécifique n'en est pas moins un bel exemple.