La sanguisuga conduce la danza
Autres titres: Insatiable Samantha / La sangsue / La malédiction des Marnak / The Bloodsucker Leads the Dance / The Passion of Evelyn / Il marchio di Satana / The Leaches Lead the Dance/ The Mark of Satan
Real: Alfredo Rizzo
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 93mn (hardcore version)
Acteurs: Patrizia Webley, Femi Benussi, Giacomo Rossi-Stuart, Krista Nell, Leo Valeriano, Luciano Pigozzi, Caterina Chiani, Lidia Olizzi, Barbara Marzano, Mario De Rosa...
Résumé: Une troupe de théâtre composée de quatre femmes et d'un homme au physique ingrat est invitée au château du comte Marnak. Seul l'homme est réticent à cette curieuse invitation, pressentant un terrible danger. Situé sur une île non loin des côtes irlandaises, le château est vite isolé du continent par une grosse tempête. La troupe se retrouve coincée au château avec le comte et son très étrange personnel. Encore plus angoissant, une des actrices trouve dans sa chambre le portrait d'une femme qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau. Il s'agit de l'épouse du comte qui a mystérieusement disparue. Les invités apprennent vite qu'une malédiction pèse sur le domaine depuis deux générations. Parce que leurs femmes les avaient trompés, le grand-oncle du comte, puis son père, les décapitèrent avec un long poignard avant de se jeter dans la mer. La malédiction est sur le point de s'abattre de nouveau sur la malheureuse troupe. Mais s'agit il réellement d'une malédiction ou serait ce là une effroyable machination?
Seule et unique incursion de Alfredo Rizzo dans le monde du giallo, beaucoup plus talentueux en tant qu'acteur qu'en tant que réalisateur, La sanguisuga conduce la danza fait définitivement partie des thrillers érotiques plus proches de la sexploitation que du giallo lui même, sortis alors en France avec de nombreux inserts hardcore ici à la limite du ridicule.
Connu sous toute une pléiade de titres plus farfelus les uns que les autres L'insatiable Samantha est un croisement hypothétique entre l'érotisme softcore, le cinéma gothique et d'épouvante des années 60 assaisonné d'un soupçon de mystère à l'italienne et de drame psychologique. Voilà un mélange assez étrange qui aurait pu au final donner quelque chose d'intéressant. Malheureusement, l'indigence du scénario et la pauvreté des moyens brisent en quelques instants le peu d'intérêt que pouvait susciter le film.
Filmée entre quatre décors d'une sobriété déconcertante et trois murs blancs, l'intrigue, mal écrite, mal ficelée, semble ne pas savoir réellement où aller. Rizzo brasse les genres, le scénario traine en longueur, l'ennui s'installe très vite tandis que le spectateur sombre lentement dans une douce torpeur achevé par des dialogues assommants récités sans aucune conviction.
S'il faut attendre cinquante minutes, montre en main, pour que se produise le premier meurtre, les amateur d'effets horrifiques seront fortement déçus. Si L'insatiable Samantha compte à son actif trois décapitations, au demeurant fort réussies, celles ci sont par contre filmées hors champ. De quoi faire enrager le spectateur qui comptait sur l'aspect sanglant pour le maintenir quelque peu en éveil.
Il ne reste donc que les interminables scènes de sexe et de saphisme, le viol de Femi Benussi pour tenter de récupérer le quidam déconfit. D'une incontestable laideur, gâchées par des inserts pornographiques totalement inadéquats, c'est cette fois la libido du public qui risque de s'enfuir.
A cours d'idée, Rizzo précipite alors son film lors des dix dernières minutes. Surgi de nulle part, un inspecteur de police interprété par le réalisateur Luigi Batzella, débarque au château censé être isolé sur une île loin du continent par une terrible nuit de tempête autrement dit quelques stock-shots en noir et blanc d'ouragans et de vagues déchainées qui tranchent avec la couleur du film. En cinq minutes tapantes, il résout l'énigme et le mot Fin peut enfin apparaitre après un retournement de situation absolument raté et bien peu crédible tant il donne dans le drame humain à l'encontre même du reste du film.
Rythmé par une partition musicale complètement décalée souvent insupportable signée par un Marcello Giombini au plus mal de sa forme, La sanguisuga conduce la danza ne vaut finalement que pour les décors gothiques flamboyants du fameux château de Balsorano que Rizzi n'a pas su utiliser et sa distribution plutôt alléchante puisqu'on y retrouve quelques unes des sexy starlettes de l'érotisme d'alors, la sulfureuse Patrizia Webley, la regrettée Krista Nell qui, déjà malade, dut abandonner le rôle principal que reprit Patrizia, l'incontournable Femi Benussi au meilleur de sa forme, la ténébreuse Marzia Damon, adepte des scènes saphiques, et l'actrice de couleur Lidia Olizzi, toutes plus désinhibées les unes que les autres. A leurs cotés, on retrouvera l'infatigable Luciano Pigozzi et Giacomo Rossi-Stuart perdus dans cette polissonnerie pseudo-horrifique.
Précisons si cela est encore nécessaire qu'il n'y a ici ni sangsue, ni danse, ni de Samantha insatiable ou non, encore moins de malédiction et de vampire au même titre que Satan qui n'a pas daigné se déranger. Avec sa sangsue, ce thriller érotico-gothique tentait simplement de se raccrocher au filon des gialli animaliers à la Argento.