Un corpo caldo per l'inferno
Autres titres: La furie du sexe / Un corps chaud pour l'enfer / Furie du sexe: un corps chaud pour l'enfer / Acoso infernal
Réal: Franco Montemurro
Année: 1968
Origine: Italie
Genre: Polar
Durée: 87mn
Acteurs: Jean Valmont, Krista Nell, Gianni De Benedettis, Tullio Altamura, Giorgio Gargiullo, Fabienne Dali, Franco Ressel, Franco Pasquetto, Antonio De Leo, Aldo Bufi Landi, Franco Jamonte...
Résumé: Trois gangsters pillent une bijouterie et s'enfuient avec le butin après avoir tué un policier. Le partage des bijoux devra se faire chez Marcel, le propriétaire d'une boite de nuit à Tunis. Un des gangsters est assassiné. Les deux autres accusent Marcel du crime soupçonnant qu'il veut tout garder pour lui. Ils le passent à tabac mais il est sauvé in extremis par le commissaire qui suit l'enquête. C'est la panique chez les deux malfrats restant. L'un d'eux veut se rendre. Son complice le tue et envoie sa petite amie Greta espionner Marcel. Elle doit le séduire afin qu'il lui dise où il a caché les bijoux...
Assistant réalisateur à la base Franco Montemurro ne réalisa en tout et pour tout que cinq films coproduits par la France durant sa carrière dont deux aventures de Zorro (Zorro marquis de Navarre et Zorro au service de la reine) ainsi qu'un petit drame rock'n'roll avec l'idole rock des années 60/70 Ricky Shane (Les dieux sauvages). Un corpo caldo per l'inferno est son avant dernier métrage, un petit polar méconnu aujourd'hui totalement oublié qui cependant mérite qu'on s'y attarde quelques minutes.
Sur la Croisette trois bandits dévalisent une bijouterie. Lors du vol un client et un policier
sont tués. Les gangsters prennent la fuite et remettent le butin à un complice, Marcel, propriétaire d'un night-club à Tunis, le Night. Considéré comme insoupçonnable, le partage se fera chez lui. A Tunis Dédé, un des gangsters, est tué. Les deux autres accusent Marcel de l'avoir assassiné pour garder les bijoux. Ils l'agressent un soir alors qu'il fait l'amour à la superbe Greta, une jeune femme rencontrée au casino. L'arrivée du commissaire qui de loin le surveillait empêche qu'il se fasse tuer. C'est la panique chez les deux malfrats restants, Robert et Louis. Louis veut se rendre. Robert le tue et rejoint Greta qui est en fait sa complice. Elle sort avec Marcel pour tenter de savoir où il a caché les bijoux afin que Robert
s'en empare. La relation qu'entretient Marcel avec Greta rend furieuse Josette, sa petite amie. C'est la guerre entre les deux femmes. Robert quant à lui perd patience. Il soupçonne Greta de lui mentir et d'être tombée amoureuse de Marcel. Il lui donne un ultimatum qu'elle refuse. Il la tue. Robert donne rendez-vous à marcel dans un entrepôt désaffecté. Il doit lui remettre le butin. Les deux hommes se battent. Marcel tue Robert. La police arrive et arrête Marcel. Le commissaire ne croit pas en sa culpabilité. Il met au point au point un stratagème pour coincer le vrai cerveau du hold-up. Il fait croire à la presse que Greta est en vie et va avouer le fin mot de l'histoire. Le vrai coupable tombe dans le panneau.
La furie du sexe. Quel surprenant titre pour un polar. Ainsi intitulé on pourrait facilement croire qu'on est sur le point de visionner une petite pellicule érotique voire pornographique. Une impression que le titre français ne fait qu'accroitre. Que nenni! Il s'agit bel et bien d'un polar, de facture des plus classique, mais qui lors de sa tardive sortie dans les salles françaises (en 1975 soit sept ans après sa réalisation) fut agrémenté de plans hardcore incompréhensibles et très mal insérés. Ainsi déboulaient en plein milieu d'une scène où intervenaient une des protagonistes du film fellations, pénétrations et gros plans de sexe, sans cohésion aucune. Une poursuite, une bagarre, une scène de dialogue, peu importe,
du moment qu'une actrice était à l'écran un plan X arrivait comme un cheveu sur la soupe. Pour être encore plus précis le film fut distribué une première fois en 1972 sous le titre Un corps chaud pour l'enfer avant de disparaitre puis réapparaitre donc sous le titre La furie du sexe. Difficile de juger un film dans de telles conditions. Mieux vaut donc voir la version originale italienne dans sa version longue (87mn) et non pas dans une de ses versions ultra censurées diffusées jadis sur certaines chaines italiennes.
Un corpo caldo per l'inferno est en fait un petit polar sans prétention qui mêle des éléments de film noir à l'intrigue. Tout tourne autour d'un hold-up d'une bijouterie qui a mal tourné et du
partage du butin. S'ensuit un gigantesque quiproquo sur qui est en réalité la cerveau du vol, qui détient les bijoux et qui trahit qui. Conventionnel mais malgré l'évident manque de moyens étonnamment le film fonctionne et on se laisse finalement prendre au jeu. Montemurro parvient à entretenir un certain suspens qui s'accentue dans la deuxième partie jusqu'au coup de théâtre final, inattendu et plutôt bien amené, cohérent surtout, qui verra l'identité du vrai coupable révélée ainsi que ses raisons. Le fait que le film nous fasse voyager apporte un petit plus. Un corpo caldo per l'inferno débute à Cannes puis nous emmène à Tunis le tout avec une distribution franco-italienne plutôt convaincante. Ainsi on
retrouve le talentueux play-boy Jean Valmont dans le rôle de Marcel, le visage inquiétant du générique Gianni De Benedettis (Robert), Aldo Bufi Landi (Dédé), le solide Tulio Altamura, le toujours excellent Franco Ressel, le séduisant blondinet Antonio De Leo (Louis) revu par la suite dans Les autres contes de Canterbury et Nico l'arnaqueur. Ces messieurs sont entourés de deux séduisantes créatures, la brune Fabienne Dali dont ce sera l'ultime film après quelques remarquables apparitions dans notamment Opération peur, Super 7 appelle le sphynx, Fureur sur le Bosphore ou encore Mayerling et la blonde Krista Nell qui donne au film son zeste d'érotisme. Ce fameux érotisme est ici présent par petites touches,
un gentil strip-tease durant lequel krista montre ses seins et finit en string ficelle, une scène de plage, quelques plans très furtifs de petites culottes, pas mal de danses du ventre (Tunis oblige) mais attention habillées (en robe ou en pantalon, nous sommes en 1968) et surtout un cat-fight inoubliable entre Krista et Fabienne. Quant à la gente masculine, le statuesque Jean Valmont nous offre une jolie scène de douche où il savonne généreusement son splendide torse avant de sortir, une serviette autour de la taille, pour séparer ses deux lionnes. On aperçoit alors qu'entre temps un petit slip bleu s'est glissé sous sa serviette. Déception! Tout cela reste bien anodin, si gentillet mais la censure en eut des hauts le cœur
à l'époque et taillada jusqu'à plus en finir!
Outre le coté franchement désuet du film mais cela a son charme cependant on pourra regretter que l'enquête policière soit si insipide et mollassonne menée par un commissaire rondouillard (le débonnaire Giorgio Gargiullo) qui ne fait pas grand chose. Il se rattrape par contre sur l'humour, un humour qui traverse tout le métrage d'ailleurs, un autre atout à mettre à l'actif de cette petite pellicule désinvolte qui finalement reste un agréable divertissement que l'amateur prendra plaisir à découvrir sans jamais vraiment s'ennuyer. Il lui reste donc à dénicher cette nouvelle rareté oubliée des distributeurs.