La settima tomba
Autres titres: The seventh grave
Real: Garibaldi Serra Caracciolo
Année: 1965
Origine: Italie
Genre: Epouvante
Durée: 73mn
Acteurs: John Anderson, Nando Angelini, Edward Barret, Gianni Dei, Germaine Gesny, Richard Gillies, Gordon Mc Winter, Jack Murphy, Stefania Nelli, Kateryn Schous, Robert Sullivan, Armand Warnar...
Résumé: A la mort de Sir Reginald ses héritiers sont réunis dans son lugubre château afin d'y découvrir son testament. Mais très vite d'étranges évènements vont bouleverser l'ordre des choses. Le testament disparait tandis que certains des héritiers sont assassinés par une mystérieuse silhouette qui pourrait être le cadavre du défunt fraichement sorti de sa tombe...
Alors que la flamboyante période du film d'épouvante gothique à l'italienne se termine doucement en ce milieu de décennie quelques pellicules vont encore voir le jour pour le meilleur mais également pour le pire comme le prouve de merveilleuse manière cette étrange bande surgie de nulle part. Difficile de définir l'origine de ce film dont on ne sait pratiquement rien tout comme son metteur en scène qui lui aussi reste un illustre inconnu. Ce fut en effet la seule réalisation de Garibaldi Serra Caracciolo, cinéaste dont on n'entendit plus jamais parlé par la suite et dont aucun comédien qui tourna dans cette Septième tombe
ne se souvient, Gianni Dei en tête.
L'histoire n'a rien de très originale. A la mort de Sir Reginald Thorne tous les héritiers sont réunis dans son sinistre château quelque part en Ecosse. Le défunt repose dans la crypte du manoir, plus précisément dans la septième tombe du caveau. Seule manque à l'appel une des héritières pour la simple et bonne raison est qu'elle est décédée entre temps, une mort qui en réjouit certains. C'est le fidèle serviteur de Reginald, Patrick, qui désormais garde les lieux et fait faire aux invités le tour du propriétaire. A la nuit tombée les héritiers organisent une séance de spiritisme au cours de laquelle Katryn, la médium, s'évanouit, terrifiée. Dès
lors d'étranges évènements vont se succéder. Le testament que portait le notaire disparait tandis que certains des héritiers sont assassinés par un mystérieux meurtrier. L'un d'entre eux est retrouvé mort dans la tombe de Sir Reginald. Le corps du châtelain a disparu pour mieux réapparaitre dans un des salons entrain de jouer du piano avant de disparaitre à nouveau. Certains soupçonnent Reginald d'être encore en vie et d'avoir mis sur pied cette macabre mise en scène. L'inspecteur Martin venu de Scotland Yard fraichement débarqué au château mène l'enquête lorsqu'il est assommé. Au même instant une des héritières est enlevé par une silhouette qui la transporte dans le laboratoire de Reginald. La malheureuse
va découvrir l'incroyable de la bouche même de son ravisseur lorsque les héritiers tuent l'assassin et la délivre. Au tour d'un bon petit déjeuner le notaire explique aux héritiers le fin mot de l'histoire.
Ainsi couchée l'intrigue peut sembler intéressante, typique de bon nombre de film de cet acabit. Il en va bien différemment une fois transposée à l'écran. La settima tomba peut en effet se classer non seulement parmi les plus mauvais films gothiques italiens mais également d'une façon plus générale parmi les plus mauvaises oeuvres du genre. Que penser du film de Caracciolo? On pourrait croire à certains moment à une farce de potache,
une gentille plaisanteries, une parodie si ce n'était que La settima tomba ne se voulait pas aussi sérieux. Tout du début à la fin prête à sourire, à rire. L'ensemble des comédiens agit dans la plus totale invraisemblance, tout est incohérent, improbable des situations aux rebondissements eux mêmes. Certaines scènes semblent être parfois improvisées quand elles n'ont tout bonnement aucune utilité. Elles font effet de bouche-trou sur une pellicule qui pourtant ne dure que 73 petites minutes, le tout peu aidé part des dialogues surréalistes d'une sidérante absurdité qui soyons en certains en feront pouffer plus d'un. A ce titre le film de Caracciolo est un véritable série Z, sans queue ni tête mais involontairement hilarante
jusqu'à son final, époustouflant de crétinerie. Les révélations finales laisseront pantois mais quel plaisir de voir, d'assister à une conclusion d'une telle stupidité, bêtifiant mais délirant. Un tel tissu d'invraisemblances ne pouvait se terminer autrement.
En fait La settima tomba ressemble à un film amateur, un film réalisé par une troupe bon enfant qui n'avait d'autre ambition que de s'amuser entre elle, ce qu'elle fait en passant son temps à parler, se lever, se rassoir, déambuler, aller se coucher pour se relever aussitôt pour retourner se coucher. Inutile de préciser que la mise en scène est à l'image de la pellicule, inexistante. Caracciolo est incapable de créer la moindre atmosphère ni même d'utiliser en
bon escient les toujours très beaux décors du château de Balsorano où tant d'oeuvres ont été tournées. Et ce n'est pas la bande originale qui générera quelques frissons puisque entre deux envolées de violons et d'orgue on croit assister à une version musicale archaïque des Corons de Pierre Bachelet auquel ressemble le thème principal. Doit on parler des tremblements de la caméra qui par moment semble instable, du jeu des comédiens (?) la plupart du temps en roue libre? Peut être est il préférable de passer tout cela sous silence et de laisser le spectateur découvrir l'étendue du gag et l'apprécier à sa juste valeur.
Inutile de chercher les antécédents de cette incroyable distribution puisque tous les acteurs
dissimulés sous des pseudonyme anglo-saxons sont de parfaits inconnus et n'eurent à leur actif que ce titre, on peut aisément le comprendre, à l'exception d'un tout jeune et séduisant Gianni Dei et le vétéran Nando Angelini.
La seule véritable raison de visionner La settima tomba est en fait sa rareté. Le film, jamais édité sous aucun support, fait partie de ces curiosités aujourd'hui introuvables, Du film il n'existe à ce jour qu'une unique copie télévisée particulièrement médiocre diffusée il y a bien des années sur une chaine locale italienne. Oublié de la plupart des annuaires cinématographiques, La settima tomba accumule également les informations
contradictoires quant à son éventuelle distribution en salles en Italie comme elle multiplie les légendes notamment celle qui voudrait que les spectateurs ayant assisté à une projection du film exigent le remboursement de leur billet.
Amateur, puéril, délirant, sans véritable sens, cette pellicule rarissime doit être vue comme une inoffensive série Z surgie dirait-on d'avant guerre. Elle n'aura de signification que pour le collectionneur pur et dur féru de gemmes disparues qui se fera une joie de la posséder sur ses étagères. Pour les autres ce sera au choix une étrangeté à consommer joyeusement entre collègues un verre en main, une bizarrerie gothique pour amateur en quête de château pas vraiment lugubre ou pour les esprits retors une nullité à éviter à tout prix.