Giallo a Venezia
Autres titres: Thrilling in Venice
Real: Mario Landi
Année: 1979
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 91mn
Acteurs: Gianni Dei, Leonora Fani, Jeff Blynn, Vassili Karis, Mariangela Giordano, Giancarlo Del Duca, Michele Renzullo, Eolo Capritti, Carla Mancini...
Résumé: Les corps de Fabio et de sa jeune épouse Flavia sont retrouvés noyés. L'inspecteur DePaul mène l'enquête sur cette étrange double mort en interrogeant les proches des victimes. Il découvre très vite que le couple était adepte du libertinage mais également de pratiques sexuelles déviantes. Impuissant, Fabio faisait de sa compagne, totalement soumise, l'esclave de ses fantasmes les plus pervers. Alors que l'enquête progresse, un tueur barbare commence à assassiner violemment les proches du couple...
Un an avant Patrick vive ancora dont il suit le schéma, Giallo a Venezia devait rapidement faire la réputation de son réalisateur, Mario Landi. Venu de la télévision pour laquelle il dirigea de nombreux épisodes de Maigret, Landi nous propose ici un sexy giallo sur le tard qui à de nombreuses reprises caresse les limites du hardcore. Plus un film érotique qu'un véritable giallo dont il ne reprend que quelques rares éléments dont un tueur sadique ganté dissimulé derrière des lunettes de soleil, Giallo a Venezia nous plonge au coeur d'une Venise triste et
sale qui a rarement été aussi mal mise en valeur. Ne profitant nullement de ce cadre, Landi y fait mollement déambuler un meurtrier particulièrement cruel tout en nous faisant assister à la dépravation sexuelle d'une jeune couple qu'on retrouvera noyé. Monté en flashes-back, le film se propose de nous faire vivre les derniers jours des deux amants afin de découvrir qui est leur assassin lors d'une enquête d'une mollesse hallucinante qui risque d'avoir raison du plus courageux des spectateurs.
Totalement incohérent, dénué de toute véritable mise en scène, d'une lenteur étonnante, si Giallo a Venezia dont la photographie hideuse en fera grimacer plus d'un demeure un monument d'ennui il n'en est pas moins un petit bijou de cinéma de genre subversif, un mélange de sexe et de violence extrême que Landi semble tout spécialement affectionner.
Omniprésent l'érotisme occupe plus d'une bonne moitié du métrage, le plus clair du temps à travers de très longues scènes qui font appel aux instincts sadiques de l'époux. Impuissant, il soumet sa femme à ses pires désirs tandis que Landi étale à l'écran toute une série de déviances sexuelles comme un camelot étale sa marchandise. Voyeurisme, sadomasochisme, sodomie, viol, prostitution, flagellation, masturbation frontale (une parmi les plus longues du cinéma Bis d'alors) sont ainsi au menu et devraient ravir les amateurs de perversions en tout genre. Totalement gratuit, complaisant, Giallo a Venezia atteint des sommets d'immoralité qui dérangera les plus sensibles mais enchantera tous les férus de dépravation et de sexe brutal.
Coincés entre de longues séquences de sexe le film compte trois des meurtres les plus sauvages que le genre ait connu, flirtant même avec le splatter-movie. Cruel, barbare, le tueur n'hésite pas à massacrer le vagin d'une prostituée à coups de ciseaux, l'atrocité des détails anatomiques en prime, à découper à la scie une pauvre femme encore vivante et à immoler d'une autre victime de manière particulièrement réaliste. Landi prend là encore un malin plaisir à faire durer l'agonie des victimes et détailler dans ce qu'elles ont de plus cruel ces abominations physiques.
Sordide, malsain, nauséabond, Giallo a Venezia est un must de l'euro-trash transalpin, fort représentatif de ce cinéma érotique extrême mêlant sexe et violence qui fit la réputation de l'Italie.
Il est fort dommage que tous ses sinistres efforts aient été noyés dans une telle incompétence et un ridicule souvent exaspérant. A l'image du film, l'interprétation est aussi médiocre. L'ex-sex symbol star du roman photo italien Jeff Blynn, moustache et brushing impeccables, campe un inspecteur gobeur d'oeufs amorphe et inexistant. Il fut sans doute le commissaire le plus anémique qu'ait connu le cinéma italien, un record! Gianni Dei et l'ex lolita Leonora Fani forment ce couple fort particulier. Leonora expose sans vergogne sa plus intime nudité tout au long du film, femme soumise aux fantasmes débridés de son mari, un Gianni Dei égal à lui même qui lui non plus n'hésite pas à se déshabiller. Quant à Mariangela Giordano alors en pleine déchéance, outre sa mort, on retiendra sa très longue scène d'amour à la frontière de la pornographie.
Nauséeux, sordide, malsain, fétide sont autant d'adjectifs qui feront oublier et la laideur et l'extraordinaire apathie de cet incontournable de l'euro-trash transalpin qui fera jubiler de plaisir tous les petits voyeurs sadiques.