Amori morbosi di una contessina
Autres titres: Fate la nanna coscine il pollo / Desideri morbosi di una contessina
Real: Amasi Damiani
Année: 1977
Origine: Italie
Genre: Thriller / Erotique
Durée: 89mn
Acteurs: Rita Calderoni, Gianni Dei, Andrea Aureli, Piero Mazzinghi, Marina Frajese...
Résumé: Une comtesse mystique invite trois personnes, deux femmes et un homme, à passer leurs vacances dans une de ses villas abandonnées dans laquelle serait caché un trésor. Durant leur séjour ils devront non seulement tenter de le trouver mais surtout la comtesse les a mis au défi de ne pas briser leur amitié lors de cette étrange chasse. L'attrait de l'argent aura t-il raison d'elle? C'est dans un climat aussi mystique que sexuel que leur séjour débute...
Amasi Damiani reste et restera un des cinéastes italiens les plus énigmatiques à l'image même de la plupart de ses films aujourd'hui tous difficilement visibles qui soulèvent encore à ce jour bien des questions quant à leur réalisation, leur sortie effective ou pas, leurs différents montages et les nombreuses versions revues et corrigées pour les circuits pornographiques. Amori morbosi di una contessina n'échappe pas à cette règle. Aujourd'hui quasiment invisible, cette petite série fut tournée durant l'été 1977 sous le titre Fate la nanna coscine di pollo mais sortit seulement six années plus tard en salles sous deux nouveaux titres Amori morbosi di una contessina ou Desideri morbosi di una contessina et agrémentée de scènes pornographiques interprétées par Marina Frajese, une des protagonistes principales du film original, et Ajita Wilson qui vint se rajouter à la distribution initiale.
Cette étrange histoire qui mêle le thriller, l'érotisme et l'épouvante s'axe autour de trois personnages réunis par une vieille comtesse qui souhaite les voir séjourner le temps des vacances dans une de ses villas abandonnées où serait caché un précieux trésor. L'objectif de cette réunion est de prouver que la soif du gain et la convoitise détruira leur amitié. L'idée est intéressante mais son développement est loin d'être satisfaisant. L'ennui gagne donc rapidement le spectateur entrainé dans cette histoire noyée dans une sorte de délire philosophico-sexuel qui rappelle par maints aspects le cinéma de Polselli renforcé de surcroit par la présence de Rita Calderoni. Si le titre pouvait laisser supposer une ténébreuse petite série à l'érotisme morbide, ce n'est malheureusement pas la cas et ce n'est pas non plus le très étrange titre originel qui donnera le ton du film puisque cette phrase qui revient sans cesse en leitmotiv durant tout le métrage comme un morne refrain n'est jamais que la clé pour trouver le fameux trésor que Damiani délaisse également alors
qu'il est au centre de l'intrigue. En fait, même si le scénario est loin d'être mauvais, il ne se passe pourtant pratiquement rien durant 90 minutes. A défaut de découvrir ce trésor, c'est le sommeil qu'on risque de trouver assez rapidement à moins qu'on parvienne à se raccrocher à quelques scènes plutôt glauques et cette ambiance par moment étrange propre à générer le mystère que Damiani parvient à instaurer qui n'est pas sans rappeler un certain d'épouvante: cette villa déserte située non loin de la mer, les pseudo séances de spiritisme de la comtesse, les rapports tendus entre les trois protagonistes sans oublier la partition musicale de Nedo Benvenuti. Malheureusement, la mise en scène particulièrement lente est d'une telle platitude et les acteurs sont si transparents que les quelques atouts du film s'effondrent inexorablement pour laisser la place à une banale fable noire moraliste réduite à l'essentiel dont le seul véritable intérêt provient de son coté surnaturel et mystérieux.
L'érotisme demeure fort pudique. On devra se contenter des plans topless de Rita Calderoni et d'un nu frontal de la toujours désinhibée Marina Frajese qui a également une scène d'amour assez osée avec Gianni Dei. Pour le reste on retiendra surtout la séquence durant laquelle la comtesse fait visiter aux trois protagonistes une pièce où s'ébattent, impudiques, un homme et une femme. La vieille aristocrate se met alors à déclamer toute sa délirante philosophie sur ses instincts voyeurs. La première partie, la plus ésotérique, trempe d'ailleurs dans cette atmosphère de mysticisme farfelu qui là encore se rapproche des films de Polselli. Les trois invités de la comtesse l'écoutent parler dans un pseudo charabia ésotérico-psychanalytique souvent indéchiffrable de ses délires mystiques, des expériences occultes tant spirituelles que sexuelles de la secte à laquelle elle appartient.
"Dans ces rituels, l'excitation des sens se trouve exaltée, l'homme et la femme entrent alors en transe. C'est comme si la sublimation des sens exorcisait l'amour." déclame t-elle solennellement alors que le couple s'enlace et se caresse. Tout cela nous conduira vers un final parfaitement logique qui correspondra à la lettre aux prédictions de la comtesse, l'attrait de la richesse et la cupidité auront raison des liens amicaux et sèmeront la mort dans la villa après bien des tensions malheureusement jamais très appuyées par Amasi.
Au final, Amori morbosi di una contessina aurait pu être un bien meilleur film si Damiani avait mieux su tirer avantage de son intrigue qu'il laisse à l'état embryonnaire. Cette chasse au trésor érotico-ésotérique se réduit vite comme une peau de chagrin. Ne subsiste alors que cette énigmatique ambiance et la présence de trois acteurs qu'on aura toujours plaisir à revoir. Voilà qui est trop peu pour susciter un véritable intérêt.