Campagnola bella
Autres titres:
Real: Mario Siciliano
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: sexy comédie
Durée: 90mn
Acteurs: Franca Gonella, Gianni Dei, Femi Benussi, Filippo Torriero, Carla Calò, Riccardo Garrone, Aldo Alori, Magda Konopka, Paola Corazzi, Enzo Andronico, Giovanni Sabbatini, Elga Pellegri, Bruno Tocci, Alessandra Palladino, Antonello Baranta...
Résumé: Alors que se déroule l'élection de la plus belle fermière du village, Laetitia, la nièce du vieux Timeo, est retenue bien malgré elle à la ferme de son grand-père. L'élection est annulée puisqu'il est impensable que la plus belle fille du bourg ne soit pas présente. Il faut dire que Laetitia est très convoitée. Elle est avec Felicetta, la putain locale, une des jeunes femmes dont aucun homme ne peut se passer. Lorsqu'un groupe de militaires mené par le capitaine Napoléon 1er arrive en mission, tout est remis en question. Le capitaine tombe amoureux de Felicetta et veut l'épouser tandis que son sergent s'éprend de Laetitia et veut l'emmener avec lui. Autant dire que les notables du village ne vont pas prendre le risque de perdre leur deux plus belles habitantes...
Venu du western, Mario Siciliano s'est dés le milieu des années 70 orienté vers la sexy comédie graveleuse avant une fin de carrière essentiellement consacrée à la pornographie. Guère réputé pour sa finesse encore moins pour son humour on lui doit entre autres les dispensables La zia svedese, La veuve infidèle et Una vergine in famiglia pour ne citer que quelques unes de ses forfaitures dont l'ex-sexy starlette vénitienne Karin Well, son égérie, fut le plus souvent l'héroïne. Campagnola bella qu'il réalisa sous l'un de ses nombreux pseudonymes à savoir Luca Degli Azzeri est peut être l'exception qui confirme la règle.
C'est dans le milieu rural qu'il nous entraine ici avec cette comédie égrillarde paysanne qui n'est étonnamment pas aussi paillarde qu'on aurait pu s'y attendre. La belle fermière du titre est Laetitia, une jeune fille qui vit chez son grand-père dans une petite masure délabrée qu'il aimerait retaper avant d'être expulsé. Mais l'argent manque et l'élection de la plus belle fermière pourrait l'aider à la remettre à neuve si sa petite fille la gagnait. Malheureusement Laetitia est retenue contre son gré le soir de l'élection et c'est faute de concurrentes dignes de ce nom c'est une vache qui gagne le prix. Laetitia est très convoitée par les hommes du
village comme le sont Felicetta, la putain locale, et une des femmes des notables du bourg qui offre bien discrètement son corps aux élus. Lorsqu'un détachement militaire mené par le brave capitaine Napoléon 1er (!!) débarque en mission aux abords du village, ils vont semer la zizanie parmi les habitants et troubler leur quotidien. En effet, le capitaine tombe amoureux de Felicetta et souhaite la demander en mariage tandis que Marco, le sergent, s'éprend de Letitia. Les villageois n'ont pas l'intention de voir leurs deux plus belles filles leur échapper et ne plus pouvoir ainsi cocufier leur épouse. Ils vont donc tout mettre en oeuvre pour que les militaires quittent la région mais leurs manigances vont se retourner contre eux.
Ecrit par Piero Regnoli, Campagnola bella regroupe les principaux éléments propre à ce type de comédie populaire, le village typiquement italien et ses mâles faussement respectables et libidineux qui ne pensent qu'à tromper leur femme, la belle demoiselle qui fait chavirer bien des coeurs et la plantureuse prostituée locale au coeur tendre. S'y greffent cette fois un détachement de troufions idiots mené par un capitaine tout aussi maladroit un peu comme si Siciliano voulait à son tour donner dans la "bidasserie" sans pour autant s'y rattacher réellement. On pouvait craindre le pire surtout sous la férule du cinéaste, pourtant Campagnola bella est une jolie surprise. Elle ne vole pas bien haut certes mais elle s'avère
assez rapidement attachante non pas pour ses gags vus et revus, non pas pour son coté salace et pimenté qui n'apporte guère d'eau au moulin mais pour cette agréable touche d'amertume que lui apporte Siciliano. Les personnages parviennent à être progressivement sympathiques voire même supportables. Laetitia aime son grand-père, un vieil homme coquin sur le point de finir à la maison populaire. Elle est jolie, étourdissante mais elle a la tête sur les épaules et agit avant tout pour lui. Felicetta est une catin mais elle a du coeur, elle est humaine, tournée vers son prochain et son amour grandissant pour Napoléon est sincère. Quant au capitaine, il peut paraitre au départ idiot, franchement niais et surtout
insupportable, à l'instar de bien des "bidasseries" mais une fois encore au fil du métrage il nous apparait touchant dans ses démarches tandis que les villageois sont quant à eux tous des hypocrites, des intéressés et de vils machos qui seront bien punis. Quant aux putains, la plus méprisable d'entre elles n'est peut être pas celle qu'on croit. Certaines le font ouvertement, d'autres se cachent sous le vernis de la respectabilité pour mieux s'envoyer en l'air. Siciliano entre deux galipettes dans le foin et d'innombrables plans de petites culottes, nous offrent ainsi quelques jolis passages aigres-doux (est ce la touche Regnoli?) qui titilleront la corde sensible du spectateur et donne au film, avare cette fois en nudité (on aura uniquement droit à quelques poitrines dénudées), tout son intérêt.
On aura également le plaisir et voilà peut être son second intérêt d'y retrouver une jolie affiche qui pour une fois n'en fait jamais trop, avec en tête de distribution Franca Gonella dans les mini jupes de Laetitia et Femi Benussi en putain humaine. A leurs cotés on reconnaitra Paola Corazzi, la femme volage du maire, Gianni Dei en soldat amoureux et Magda Konopka alors épouse de ce dernier. De jolis atouts en rab donc pour cette gentille comédie, très certainement un des meilleurs films du réalisateur, un des plus créatifs également, traité de manière beaucoup moins grossière, moins vulgaire que la plupart des produits de ce type d'alors. Voilà qui fait toute la différence. On aurait voulu voir cette face de Siciliano beaucoup plus souvent.