La cameriera nera
Autres titres: The black maid
Real: Mario Bianchi
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Sexy comédie
Durée: 100mn
Acteurs: Gianni Dei, Carla Brait, Eolo Capritti, Franco Latini, Gino Pagnani, Femi Benussi, Magda Konopka, Carla Calò, Leo Valeriano, Mauro Vestri, Ria De Simone, Luciana Turina, Elio Stefanizzi, Al Capri...
Résumé: Un immeuble vit au gré des facéties de ses occupants de tout bord politique et plus précisément de Galeazzo, un fasciste convaincu également à la tête du conseil. Autre figure incontournable de la résidence, Mariolina, la superbe femme de ménage vénitienne que tous les hommes convoitent. Mariolina est la reine de l'immeuble. Fière de ce titre, elle n'entend pas céder sa place. C'est alors qu'arrive la nouvelle domestique que la mère de Mario vient d'embaucher, Aminta, une splendide jeune africaine qui très vite va devenir la nouvelle cible de l'immeuble. Mariolina lui déclare la guerre, furieuse qu'une fille de couleur puisse mettre son titre en péril...
Après des débuts dans le western spaghetti puis quelques tentatives dans le polar brut de décoffrage, Mario Bianchi s'est assez vite orienté vers la sexy comédie avant de définitivement plonger dans la pornographie dés le début des années 80. La cameriera nera est la première des deux comédies érotiques qu'il tourna au cours de l'année 76 et toute proportion gardée, peut être la plus intéressante.
La grande originalité du film est certainement d'avoir situé la quasi totalité de l'action à l'intérieur d'un immeuble qui rassemble divers échantillons représentatifs de la population italienne appartenant tant à la droite qu'à la gauche. A la tête de l'immeuble on trouve une figure forte et emblématique, Galeazzo, habillé en soldat colonial ou en fidèle de Mussolini, un fasciste convaincu aux discours pro-hitlériens, qui est en outre à la tête du grand conseil de l'immeuble. Autre centre d'attraction de l'immeuble
Mariolina, la jolie femme de ménage vénitienne dont tous les maris sont amoureux et voudraient pour eux. Autant dire que Mariolina tient beaucoup à son statut de star et ne tient absolument pas à le partager. C'est pourtant ce qui va arriver lorsque Aminta débarque, la nouvelle domestique de couleur que la mère de Paolo, un anarchiste, vient d'engager. Aminta va très vite devenir la nouvelle cible des hommes de l'immeuble, fascinés par sa beauté d'ébène. Très vite, Mariolina va lui déclarer la guerre, refusant qu'une africaine lui vole son titre. C'est donc sur fond de racisme latent, d'idéaux politiques et d'érotisme fripon que Aminta va se faire sa place au soleil dans cet immeuble très agité.
L'idée de départ est loin d'être mauvaise, Bianchi semblait avoir des choses à dire, malheureusement aussi bonne était cette base, le traitement ruine quant à lui les efforts prodigués tant le film est... épuisant! Certes on ne s'ennuie pas, on n'en a pas le temps à vrai dire. Dés les premières minutes et ce jusqu'au générique de fin, les différents protagonistes vont et viennent, entrent et sortent, courent d'étages en étages, d'appartements en appartements, montent, descendent, s'agitent, crient, chantent et dansent. Ces incessants branle bas de combat sont particulièrement fatigants et risquent de très vite donner la migraine au pauvre spectateur qui ne demandait pas autant de surexcitation de la part de
toute une équipe de comédiens survoltés. C'est d'autant plus assommant que La cameriera nera n'est pas forcément drôle. Ce n'est pas que Bianchi n'ait pas le sens du gag mais il semble surtout peu inspiré pour les renouveler. A trop vouloir insister sur certains, notamment celui de l'ascenseur récalcitrant et du combat que lui livre le concierge, il agace assez rapidement. Ce qui aurait ainsi pu être drôle ne l'est plus forcément au bout d'un moment et c'est une impression de remplissage que ressent alors le spectateur. C'est ce même sentiment qu'on éprouvera lors de l'interminable danse sur le toit de l'immeuble, un
ballet endiablé à vous donner la migraine si ce n'est le mal de mer. A croire que Bianchi pris dans cette frénésie s'est lui même mis à danser avec sa caméra!
On pourra également être étonné que cette domestique de couleur fasse de tels ravages, le choix de la ballerine professionnelle Carla Brait, maintes fois vue au détour de quelques fleurons du cinéma d'exploitation dans des rôles très souvent de support, n'étant guère judicieux. Son physique plutôt ingrat et androgyne à la Joséphine Baker malgré un très beau corps ne parvient jamais à rivaliser avec Femi Benussi, son ennemie dans le film. Carla ne
possède pas non plus le sex-appeal nécessaire pour mettre sens dessus dessous les esprits masculins contrairement par exemple à une Ines Pellegrini bien plus apte à jouer les étourdissantes soubrettes exotiques. Le personnage qui est tout de même à la base de l'histoire ne fonctionne pas vraiment et passe alors au second plan au profit des apparitions coquines de Femi et des incessantes vociférations de l'infatigable colonel mussolinien. On retiendra tout de même de la prestation de Carla sa fabuleuse danse exotique parfaitement chorégraphiée qui devrait en séduire plus d'un.
L'érotisme est assez discret. On se contentera cette fois de petites culottes et autres poitrines dénudées, celles de Femi bien sûr et à moindre mesure de Carla, quelques situations cocasses et une certaine salacité dans les dialogues. Les amateurs de friponneries pures et dures risquent donc de rester quelque peu sur leur faim.
Aux cotés de Carla et Femi, on retrouvera Gianni Dei, égal à lui même, Eolo Cappriti absolument génial dans la peau du colonel mussolinien, sa performance donnant au film tout son intérêt, Magda Konopka, plutôt discrète mais visiblement forcie, Ria De Simone qu'on a connu plus exubérante et Carla Calo, comme bien souvent, en vieille bourgeoise
excentrique. La cameriera nera n'est pas un mauvais film. Il reste une honorable comédie qu'on appréciera pour sa tentative de discours anti racial, sa distribution et notamment le numéro d'acteur de Capriti, quelques bons moments de bravoure, son entrainante partition musicale signée Alberto Baldan Bembo et son rythme effréné qui malheureusement joue aussi en sa défaveur du moins pour une partie du public. Ce qui peut parfois être un bien peut se révéler dans certains cas un mal. On veut bien s'amuser pas avoir la migraine! Dans le cadre si large de la sexy comédie La cameriera nera n'est pas la plus détestable encore moins la plus triste. On ne peut lui enlever cela.