Il sesso della strega
Autres titres: Les anges pervers / The sex witch / The evil eye
Real: Angelo Pannaccio
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 80mn
Acteurs: Susan Levi, Jessica Dublin, Franco Garofalo, Camille Keaton, Sergio Ferrero, Donald O'Brien, Gianni Dei, Marzia Damon, Augusto Nobile, Maurizio Tanfani, Giovanni Petrucci, Annamaria Tornello, Simone Santo...
Résumé: Sir Hilton vient de décéder. Toute la famille est réunie dans son château. Suivant ses dernières volontés, ils doivent cohabiter un mois entier sans cris ni heurts. A la lecture du testament, chacun découvre que l'héritage revient seul à l'ex- secrétaire particulier de Sir Hilton, ceci afin de punir toute sa famille pour son avarice et son matérialisme. Si jamais il arrivait malheur à un des membres de la famille, cet héritage serait alors partager entre eux tous. C'est alors qu'une mystérieuse silhouette toute de noir vêtue se met à assassiner l'un après l'autre les membres de la famille. L'enquête se tourne vers la soeur du défunt qui serait dit on une sorcière...
Si pour certains il fut longtemps une oeuvre nébuleuse, ce petit film signé Angelo Pannaccio, sorti en salles sous le titre Les anges pervers est en fait un petit giallo aux relents fantastiques plus proche d'une oeuvre d'Agathie Christie que des gialli transalpins habituels. En fait Il sesso della strega est un mélange des traditions anglaises et d'une certaine débauche propre au cinéma italien.
Du thriller à l'anglaise il a hérité de ce château dans lequel se retrouve toute une famille rassemblée suite aux ultimes volontés du châtelain, Sir Hilton. Enfants, soeurs, nièces et neveux, secrétaires et domestiques vont devoir vivre tous ensemble un mois durant sans se déchirer. Chacun des membres est un suspect potentiel puisque tous ont une bonne raison d'être un meurtrier en puissance.
Du giallo italien, Il sesso della strega récupère l'assassin vêtu de noir qui tue à l'arme blanche ses victimes. Mais il récupère surtout et avant tout cette atmosphère de perversion et de débauche propre au cinéma de genre transalpin. Qui d'autres que les italiens pouvaient en effet imaginer l'accouplement des domestiques sur une des tombes de la crypte familiale alors qu'on se recueille devant le lit du défunt. A cela s'ajoute cette ambiance décadente d'une certaine jeunesse plus soucieuse de s'adonner aux vices et aux joies du sexe que de pleurer le pauvre châtelain fort déçu de son vivant par ce comportement. Si cela nous vaut toute une kyrielle de scènes de lit parfois aussi étonnantes qu'aberrantes ici (alors qu'il copule, le domestique tente incompréhensiblement d'attraper un poisson rouge dans son bocal, ce même poisson témoin des ébats saphiques de deux des protagonistes), cela nous vaut surtout une longue et fascinante séquence d'orgie totalement psychédélique durant un concert de rock.
Si Pannaccio tente de donner à son giallo une touche fantastique en y ajoutant un zeste de sorcellerie, il semble pourtant bien plus préoccupé à accumuler les scènes de sexe que d'ouvrir ses grimoires de sorcellerie. L'aspect fantastique est donc vite relégué au second voire troisième plan pour laisser place à une histoire somme toute classique qui lorgne maladroitement du coté des deux gialli de Emilio Ramaglia L'appel de la chair et de La dame rouge tua sept fois auxquels on aurait rajouté une bonne dose de sexe tant hétérosexuel que lesbien.
Les meurtres peu nombreux sont assez sanglants, pratiqués au rasoir ou à l'aide d'une lourde torche tandis que Pannaccio tente de donner à l'ensemble un coté gothique qui rappelle les films d'épouvante d'antan. Entre solennité, débauche, sexe et recueillement, Il sesso della strega est un curieux mélange certes anodin mais non dénué d'un certain intérêt aussi minime soit il. Sans être un grand réalisateur, Pannaccio à qui on doit Bacchanales infernales, Holocaust 2 ou Porno esotico western parvient de temps à autre à rendre attachant ce film doté d'un scénario abracadabrant noyé dans des dialogues aussi absurdes que risibles.
Au crédit du film, son magnifique décor aux couleurs flamboyantes, sa trés jolie photographie, cette ambiance qui rappelle de temps à autre l'horreur gothique d'antan et une partition musicale inquiétante et étrange, particulièrement efficace, presque obsédante signée Daniele Patucchi. Malheureusement on oubliera les multitudes d'incohérences d'une histoire sans queue ni tête se dispersant tout azimut qui en toute dernière partie sombre de manière aussi inattendue qu'hilarante dans le surnaturel le plus farfelu. Rarement a t'on vu un dénouement si désespérément drôle. Bien entendu si Pannaccio essaie de faire passer son film pour un pur produit anglais, ce n'est évidemment qu'illusion. Le film fut tourné dans la campagne quelque part dans les Abbruzes et Pannaccio ne tente pas même de dissimuler les plaques minéralogiques de voitures clairement italiennes!
On retiendra une distribution plutôt alléchante puisqu'on retrouvera avec plaisir quelques unes des starlettes d'alors dont la brune et volcanique Marzia Damon, la blonde Lorenza Guerrieri, Susan Levi ou encore Camille Keaton fraîchement sortie de Mais qu'avez vous fait à Solange et future protagoniste de Day of the woman. A leurs cotés, Gianni Dei, Donald O'Brien en inspecteur flegmatique et un inquiétant Franco Garofalo qui plus que jamais passe son temps à rouler des yeux de merlans frits complètent l'affiche.
S'il est un adjectif qui pourrait qualifier ce giallo érotico-gothique qu'est Il sesso della strega c'est bel et bien curieux. Raté, aberrant mais si gentiment amusant et visuellement esthétique. Rien que pour ça, le film de Pannaccio mérite d'être vu.