Diabolicamente... Letizia
Autres titres: Sex demons and death
Real: Salvatore Bugnatelli
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Thriller / Epouvante
Durée: 93mn
Acteurs: Franca Gonella, Gabriele Tinti, Magda Konopka, Angelo Rizzieri, Ada Pometti, Karin Fiedler, Gianni Dei, Cesare Di Vito, Xiro Papas, Mirella Daroda, Giorgio Bugnatelli...
Résumé: Lasse de ne pouvoir tomber enceinte Micaela décide d'accueillir sa jeune nièce Letizia chez elle et de s'en occuper comme si elle était sa propre fille. Dés son arrivée d'étranges phénomènes se produisent à la villa. Letizia semble être dotée de pouvoirs surnaturels dont elle se sert pour semer le trouble et le chaos entre sa tante qu'elle déteste et son oncle mais aussi pour détruire ceux qui se mettent en travers de sa route et l'empêcheraient de mener à bien ses noirs desseins...
Réalisateur essentiellement connu pour ses productions télévisées, responsable pour le grand écran de quelques obscures sexy comédies oubliées dont la plus connues demeure Scusi eminenza... posso sposarmi, l'histoire d'un jeune prêtre (Benjamin Lev) qui a du mal à repousser les avances de ses belles paroissiennes, Salvatore Bugnatelli réalisa cette pellicule aussi bête qu'inclassable tant elle a du mal à trouver sa place à force de manger à tous les râteliers, de simultanément toucher à plusieurs genres sans jamais trouver sa voie.
Micaela, épouse d'un architecte, Marcello, ne peut avoir d'enfant malgré de nombreuses
tentatives. Désormais dépressive elle refuse de suivre les nouveaux traitements d'une clinique suisse spécialisée afin de tomber à nouveau enceinte. Elle préfère accueillir chez elle sa jeune nièce Letizia qui vient de terminer son internat dans un riche pensionnat et s'occuper d'elle comme si elle était sa propre fille. Dés son arrivée à la villa d'étranges phénomènes se produisent. Letizia semble en effet posséder certains pouvoirs surnaturels dont elle se sert en secret. Elle effraie un des amis de Marcello, séduit Giovanni le domestique pour mieux l'humilier, pousse Gisèle la femme de chambre dans les bras de Micaela qu'elle semble détester. Devenus une menace pour soupçonner Letizia de fomenter
de bien machiavéliques plans Gisèle et Giovanni sont assassinés par une sinistre silhouette noire portant un masque de squelette. Letizia peut désormais agir en toute quiétude. Elle tue Marcello, fait interner Micaela après l'avoir fait sombrer dans la folie. Tout cela n'était au final qu'une mise en scène orchestrée par la jeune fille afin de venger sa mère et récupérer l'argent familial contenu dans le coffre-fort. Son complice n'était autre que le directeur de son pensionnat, un féru d'occultisme qui lui avait appris les rudiments de la parapsychologie. L'homme s'est cependant bien joué de Letizia. Il veut l'argent pour lui. Il poignarde la jeune femme mais par delà la mort Letizia lui a réservé une surprise mortelle.
Déconcertant. Consternant. Les adjectifs se bousculent au guéridon pour qualifier ce film dont on a bien du mal à définir le genre.. Au vu du titre on pourrait songer à un film d'horreur satanique ce que les apparents pouvoirs de Letizia laissent également entrevoir. Mais de scènes d'horreur il n'y en a quasiment pas. Diabolicamente... Letizia n'est pas non plus un film érotique, les polissonneries se limitant à quelques rapides scènes de sexe entre les divers protagonistes. Le final soit les cinq dernières minutes se réfèrent au giallo, le complot familial visant un héritage, mais ainsi amené, arrivant comme un cheveu sur la soupe, cette conclusion bâclée sombre dans le ridicule absolu. Une parodie? une comédie horrifique?
Involontaire alors. Une chose est sûre, le film de Bugnatelli est un désastre d'un ennui assommant, mal écrit, mal réalisé, mal interprété, si bête qu'il en devient très drôle.
Rien ne fonctionne dans cette histoire faussement diabolique, totalement invraisemblable, truffée d'illogismes dont on se demande très vite quel en est le sens. Le point de départ est lui même incroyable. Une femme qui ne parvient pas à tomber enceinte préfère au lieu de suivre un traitement en clinique spécialisée recueillir sous son toit sa nièce dont elle s'occupera avec amour. On s'attend donc à voir arriver une adolescente c'est une jeune femme affublée d'une paire de nattes qui débarque à la villa, plus précisément Franca Gonella tout juste sortie de La bolognese et Una vergine in famiglia dans lesquelles elle était
déjà risible en jeune vierge. A 23 ans Franca n'a plus rien d'une jeune fille en fleur, trop mature, trop femme, contrairement à certaines de ses consoeurs d'alors. Lui faire interpréter une adolescente avec ou sans couettes est d'un ridicule absolu d'autant plus que ses talents d'actrice ont toujours été assez limités. Cette fois son jeu atteint des sommets d'absurdité puisque pour simuler ses pouvoirs elle se contente d'ouvrir des yeux de merlan frit que Bugnatelli filme inlassablement en gros plans et d'éclater de rire ce que ne manquera pas de faire le spectateur à chacune de ses prestations sataniques.
Si dés son arrivée à la villa rien ne va plus pour la pauvre tante et son époux rien ne va plus
également du coté scénario puisque celui ci part en totale roue libre. Plus rien n'a de sens. Les soi disant pouvoirs de Letizia lui servent à effrayer un ami de son oncle en le forçant à se vider un verre d'eau sur la tête, à aguicher un homme au restaurant puis Giovanni le domestique qu'elle finit par humilier en se moquant de sa virilité. Elle hypnotise la pauvre Gisèle, la femme de chambre, pour qu'elle séduise sa tante sans doute pour apporter au film sa légère dose d'érotisme saphique indispensable à tout film d'exploitation. Tout s'enchaine alors sans réel lien, la plupart des personnages ne sert à rien et se contente de réciter des dialogues d'une incroyable niaiserie, l'ensemble mollement filmé. Diabolicamente... Letizia
est d'autant plus soporifique que Bugnatelli est incapable de créer la moindre atmosphère encore moins de créer une once de suspens. Le temps passe, le film s'étire sur 95 longues minutes, les scènes toutes plus niaises les unes que les autres se suivent jusqu'au final lénifiant jeté en pâture au pauvre spectateur en cinq minutes tapantes. Un tueur vêtu d'un imperméable noir, d'un chapeau, le visage dissimulé sous un masque de tête de mort blanc, un effet visuel façon halloween qui tombe à l'eau, se débarrasse des protagonistes de manière aussi spectaculaire qu'une mouche se posant sur le crâne d'un chauve (la mort de Karin Fiedler et de Gianni Dei sont à pouffer) puis retrouve Letizia à la villa. Bugnatelli dévoile
alors son jeu, un des complots de famille les plus ratés et les moins crédibles que le thriller transalpin ait connu, une histoire tordue mise au point par Letizia et son directeur de pensionnat dont on n'a jamais entendu parler auparavant. Un livre de parapsychologie en 10 leçons pour justifier les faux pouvoirs de la gourgandine, la plus hilarante et surtout explosive ouverture de coffre-fort de l'histoire du thriller et un micro rebondissement vu et revu pour mettre un terme à cette conclusion aberrante puis tombe enfin le générique délivrant le public du mal que le cinéaste lui a fait en lui faisant subir cette bêtise pelliculaire.
On ne pourra même pas se rattraper sur l'interprétation ni sur la présence de certains
acteurs. Aux cotés de Franca Gonella au comble du ridicule qui trouve là son plus mauvais rôle Gabriele Tinti semble complètement perdu tentant vainement d'avoir peur et de nous convaincre d'avoir peur nous aussi. Le pauvre Gianni Dei arborant un slip jaune canari ouvre de grands yeux ronds, bafouille, bredouille et détale comme Titi devant Sylvestre le chat. L'ingrate et maigrichonne Karin Fiedler dans le tablier de Gisèle n'a guère de chance d'exciter le plus affamé d'entre nous. Quant à la malheureuse Magda Konopka alors en plein déclin a t-elle un jour revu ce film? Forcie, boudinée dans des vêtements trop moulants qui font ressortir les imperfections d'un corps dodu en proie à l'âge elle fait simplement pitié
notamment lors des scènes érotiques et d'hystérie qui n'ont plus rien d'érotique lorsqu'en pleine crise elle se contorsionne comme un ver tout en se caressant en hurlant des insanités.
Bugnatelli avoue avoir voulu faire un film dans la lignée de L'exorciste. Sa rencontre avec un photographe romain avec qui il se lia d'amitié, Angelo Rizzieri qui interprète l'ami de Tinti, fut décisive. Rizzieri dont le rêve était d'être acteur lui fournit les bases de l'intrigue, Bugnatelli écrivit le scénario et sans aucun budget tourna le film. Le résultat est là: un lamentable
naufrage visuellement assez laid, une série Z qui n'arrive jamais à être amusante ni même divertissante encore moins effrayante, une belle idiotie qui sortit furtivement en salles en Italie mais se vit interdire de toute édition vidéo et de tout passage télévisé par Angelo Rizzeri lui même. En effet lorsqu'il vit le film il fut si déçu qu'il prit cette décision radicale sur laquelle il ne revint pas et mit définitivement fin par la même occasion à sa carrière d'acteur toute fraiche. On peut comprendre ce brave homme. Le ridicule a ses limites. L'amateur quant à lui jugera.