Peccati a Venezia
Autres titres: Amartia sti Venetia
Real: Amasi Damiani
Année: 1980
Origine: Italie
Genre: Drame
Durée: 82mn
Acteurs: Gianni Dei, Marisa Mell, Leonora Fani, Laura Levi, Dora Calindri, Gino Cassani, Mario de Rosa, Giovanni Morosi, Giancarlo Viola
Résumé: Gianni et sa cousine Melissa vivent à Venise une relation quais incestueuse sous l'oeil approbateur de leur vieille tante paralytique. Lorsque leur nièce Franca, une jeune fille étrange et nymphomane, arrive chez eux, Gianni tombe de suite sous son charme et ne tarde pas à coucher avec. Melissa supporte de moins en moins de voir Gianni s'éloigner d'elle pour Franca. Une nuit Melissa découvre le corps inanimé de Franca. la jeune fille est morte. Elle jette le cadavre dans un canal de la ville. Une enquête est ouverte sur sa disparition. Débarrassée de Franca, Melissa peut reprendre sa relation interdite avec son cousin. Lorsque le corps de Franca est retrouvé par la police, Melissa avoue l'avoir tué mais l'inspecteur n'est guère convaincu par ses aveux...
Amasi Damiani reste très certainement l'un des réalisateurs les plus énigmatiques que l'Italie ait connu. Malgré une trentaine de films à son actif en quelques trente ans de carrière, son oeuvre demeure un mystère tant les pellicules qu'il réalisa sont difficilement visibles encore aujourd'hui. Si on ajoute à cela le fait qu'on sait très peu de choses sur ces films si ce n'est ce que Damiani a bien voulu en dire lors de ses rares interviews, on comprendra facilement qu'ils sont particulièrement recherchés par les amateurs. Peccati a Venezia ne fait pas exception à la règle.
Gianni et sa cousine Melissa vivent à Venise sous le même toit que leur vieille tante paralytique et muette, Adele. Ils entretiennent une relation quasi incestueuse sous l'oeil approbateur de la vieille femme jusqu'au jour où débarque leur nièce, la jeune et jolie Franca, une fille étrange et nymphomane qui très vite séduit Gianni. Ils ne tardent pas à coucher ensemble au grand désespoir de Melissa qui souffre en silence. Le malaise grandit au fil du temps. Melissa se sent abandonnée, terriblement seule. Elle ne supporte plus la présence de Franca. Témoin de ce malheur, Adèle désire elle aussi que Franca rentre chez ses parents au plus vite afin que Gianni et Melissa retrouvent leur bonheur passé. Une nuit
Melissa surprend Franca au lit avec un homme. Elle la frappe et quitte la chambre. Le lendemain elle découvre le corps inanimé de Franca, étendue dans sa chambre. La jeune fille est morte. Paniquée, elle décide de jeter le cadavre dans un canal. Alors que la police enquête sur sa disparition les deux cousins reprennent leur relation incestueuse. Melissa est enfin heureuse, elle profite de nouveau des bras de son cousin. Lorsque la police découvre le corps de Franca, Melissa s'accuse du meurtre mais ses aveux sont loin de convaincre l'inspecteur qui finira par découvrir les véritables raisons de la mort de la jeune fille ainsi que l'identité du vrai coupable.
Tourné dans le courant de l'année 1980 Peccati a Venezia tente de renouer avec un certain érotisme morbide qui fit autrefois les beaux jours du cinéma érotique transalpin, ces drames familiaux qui bien souvent se voulaient une peinture au vitriol de la décadence d'une bourgeoisie pervertie sur fond d'une Venise triste et déliquescente à l'image des relations interdites qu'elle cachait derrière les murs de ses bâtisses décrépies. Tous les éléments sont bel et bien présents mais la sauce ne prend pas cette fois. Peccati a Venezia s'avère vite d'un ennui pesant faute à l'indigence d'une mise en scène quasi inexistante et d'une interprétation d'une médiocrité exemplaire. Damiani tenait pourtant là une histoire en béton
armé, celle d'un triple inceste approuvé par une inquiétante tante paralytique, une relation déviante qui se terminera par la mort suspecte d'une des protagonistes. On était en droit d'attendre un film crépusculaire au ton particulièrement maladif, malsain, teinté d'érotisme suffocant dans une Venise hivernale décadente, triste et terne, une histoire scabreuse qui se dissimule derrière les murs d'une immense bâtisse aux décors baroques. Sous la direction de Damiani, il ne reste strictement rien. Incapable de créer une quelconque atmosphère, le film s'étire péniblement sur 80 petites minutes, fade, insipide, à la manière d'un banal téléfilm. Dénués de toute psychologie, les personnages à l'image même de l'intrigue ne sont
à aucun moment crédibles et traversent à la manière de fantômes cette pellicule sans saveur aucune pas du tout aidée par une interprétation quasi inexistante. Amasi Damiani reprend le couple que formaient déjà Gianni Dei et Leonora Fani dans le piètre Giallo a Venezia d'un paresseux Mario Landi. Déjà peu convaincants dans ce thriller érotique tardif ils sont ici d'une transparence étonnante, Dei plus précisément dont le jeu se limite à une seule mimique faciale durant tout le film. Il achève tout simplement de tuer un film qui déjà au départ a bien du mal à exister d'autant plus qu'il n'a ni le physique de l'emploi ni les épaules assez fortes pour soutenir un rôle aussi dramatique. Leonora Fani est certes belle mais
jamais convaincante. Elle se contente ici de faire ce qu'elle sait le mieux faire: se déshabiller. Quant à Marisa Mell, flétrie, alors en fin de carrière, elle fait encore illusion lors de quelques scènes même si en prenant de l'âge son visage de plus en plus carré lui donne l'apparence d'un transsexuel. Si elle arbore tout au long du film un air ravagé, il faut avouer que c'est à elle que revient le privilège de donner un brin d'émotion à certaines séquences, le temps de trop courts instants notamment celle où, après avoir épié Gianni et Franca faire l'amour, elle se masturbe, le ventre serré par la douleur. Elle sauve le film du désastre par son professionnalisme, le sérieux qu'on lui connait, malgré le fait que Damiani n'ai pas su utiliser
tout son potentiel, user de cette présence qui donne au film un nuage d'âme. On mentionnera aussi la prestation de l'angoissante Dora Calindri, fille de l'acteur Manlio Calindri, dans la peau de la vieille tante paraplégique. La petite curiosité du film provient de l'apparition de Laura Levi, future diva du X italien, période pré-hardcore, dans l'uniforme de la jeune gouvernante.
Toujours au crédit du film, sa jolie partition musicale signée Nedo Benvenuti, nostalgique à souhait, et quelques plans d'une Venise toujours aussi mystérieuse. On gardera également en tête la scène où Leonora Fani en état d'ébriété se baigne toute habillée dans les fontaines de la Piazza San Marco. Malheureusement ces quelques atouts ne relèvent en rien le niveau de cette bande érotique dépourvue d'érotisme. Peccati a venezia est d'une sagesse sidérante puisque dépourvu de scènes croustillantes. Excepté les quelques plans de nu
de Leonora, le film est exempt de toute scène sexuelles. Un comble pour une pellicule censée traiter de relations interdites et de sexe inter parental! Le spectateur voyeur n'en sera que plus déçu, dépité de ne plus savoir à quoi se raccrocher pour ne pas lentement sombrer dans une douce léthargie.
L'intrigue giallesque est quant à elle complètement ratée. Elle n'a d'Agathie Christie que la cadre de son meurtre, un huis-clos. S'il n'est guère difficile de deviner le nom du coupable et ses motivations, la manière dont Damiani nous révèle son identité est un grand moment
d'hilarité involontaire. Ce qui aurait du être une conclusion particulièrement glauque voire dérangeante se transforme en une sorte de farce grotesque. L'effet de folie attendu tombe totalement à l'eau mais provoquera par contre un fou rire dépité. De quoi peut être réveiller notre spectateur tombé dans une douce torpeur.
A mi chemin entre le drame bourgeois morbide, le film existentiel, l'érotisme et le giallo à la Agatha Christie, Peccati a Venezia dont le scénario fut écrit par le propre frère de Damiani prouve malheureusement qu'il n'y a rien de bien neuf sous le ciel de la haute bourgeoisie, de ses turpitudes, de ses déviances et autres perversions. Damiani, comme trop souvent, échoue une fois de plus sur presque toute la ligne. Ce drame existentiel morbide sur fond de décors crépusculaires vénitiens est d'une telle fadeur qu'il en devient pathétique. On se surprend tout naturellement à imaginer ce qu'une telle histoire incestueuse et déchirante aurait pu donner entre les mains de cinéastes beaucoup plus capables, de Sampieri à Lattuada en passant par Risi. Ce sont alors nos larmes qui nourriront alors les canaux de Venise, la douleur n'en est que plus intense. Peccati a Venezia reste simplement une curiosité pour amateurs assidus en quête de raretés cinématographiques.
Damiani continuera sur cette lancée avec le tout aussi rare Corpi nudi, Amori morbosi di una contessina et l'énigmatique et rarissime Manhattan gigolo, tous avec Gianni Dei.