Giro girontondo con il sesso è bello il mondo
Autres titres: Giro girontondo... con il sesso è bello il mondo
Real: Oscar Brazzi
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Comédie / Erotique / Anticipation
Durée: 73mn
Acteurs: Rossano Brazzi, Patrizia Webley, Ghigo Masino, Wilma Della Lunga, Pierluigi Catocci, Paolo Ceri, Luciano del Bene, Marisa Desii, Sergio Forconi, Caterina Limongi, Enrichetta Masciadri, Pier Paolo Stefanelli, Jolanda Perrotta, Giovanni Petrucci, Lido Fantecchi...
Résumé: Dans un avenir proche, il est désormais strictement interdit d'avoir des relations sexuelles ou de faire l'amour sous peine de très sévères sanctions. La milice patrouille et veille. La chasse à l'homme façon reality show est devenu le sport favori. Les publicités multiplient les ventes d'armes. Un sexologue en retraite forcée perd la tête. Il kidnappe le Petit Chaperon rouge qui rêve d'orgies. La police libère la jeune femme qui rentre chez sa grand-mère afin d'y découvrir son testament spirituel tandis que Cendrillon, servante de deux putains hideuses, s'échappe, lasse d'être maltraitée. Réfugiée chez une vieille prostituée, cette dernière va la dénoncer aux autorités...
Acteur producteur metteur en scène Oscar Brazzi a commencé à faire parler de lui à la fin des années 60 en réalisant deux petits films érotiques au titre alors bien sulfureux, Carnet intime d'une mineure et Vie secrète d'une adolescente suivis d'un Vie interdite d'une jeune épouse. Tout auréolé d'une ombre de scandale, Brazzi après un thriller à connotations horrifiques raté, Trittico, s'attaqua à une fable érotique futuriste devenue au fil du temps une oeuvre culte recherchée des amateurs tant pour sa rareté que pour la folie de son scénario multi directionnel déjanté.
Dans un futur proche l'amour et es relations sexuelles sont désormais interdites sur notre planète. La milice sillonne villes et campagnes et punissent fermement tout homme ou femme pris en flagrant délit de péché de chair. Le sport favori est devenu la chasse à l'homme retransmise à la télévision ce qui a pour effet de faire augmenter la vente du nombre d'armes et de multiplier sur les écrans les jeux et publicités en faveur de ces mêmes armes de plus en plus perfectionnées. Un ex-sexologue depuis trop longtemps en retraite forcée commence à perdre la tête mais également à être victime de harcèlements féminins. Alors qu'il fuit les autorités, il prend en otage la jeune conductrice d'une voiture. La jeune fille
n'est autre que le Petit Chaperon rouge qui partait rendre visite à sa grand-mère. Coquine, elle aurait aimé naitre deux cent ans plus tôt pour pouvoir participer à des orgies campagnardes. Le professeur fou, qui n'est autre que le méchant loup, l'abandonne au milieu des bois lorsque deux policiers en patrouille la découvrent. Ils la fessent, la violentent et l'embarquent avant de découvrir avec stupeur sa véritable identité. Tout penauds, ils la conduisent chez sa mère-grand qui lui a laissé un testament spirituel sous la forme d'une fable qu'elle devra écouter et déchiffrer après avoir imaginé que Zorro venait lui faire l'amour. Pendant ce temps Cendrillon s'occupe des deux horribles putains dont elle est la servante.
Lasse d'être maltraitée, Cendrillon s'enfuit et se réfugie au fond de la forêt dans la cabane habitée par une vieille prostituée dont elle va s'occuper après que toutes deux se soient faites rossées par une bande de voyous. Cendrillon ignore qu'un avis de recherche est lancée contre elle. En regardant les informations, la mégère découvre l'identité de la jeune fille qu'elle s'empresse de dénoncer à la police qui vient la chercher. Cendrillon se fait une place dans la haute société, devient une artiste célèbre et signe une multitude de contrats. Le Petit Chaperon rouge quant à lui termine la lecture de la fable de sa grand-mère. La morale est terrible. Un monde sans amour ni sexe n'est pas un monde. La bombe atomique
explose. Il n'y a plus de Petit Chaperon rouge ni de vie.
Oscar Brazzi n'a jamais bénéficié de gros budgets. Il s'est toujours débrouillé à sa manière pour réaliser et produire ses oeuvres souvent singulières. Giro girotondo con il sesso è bello il mondo n'échappe pas à la règle. Secondé cette fois par Renato Polselli à la réalisation dont on reconnait ça et là la touche notamment à travers certains dialogues surréalistes dont il a toujours eu le secret et un certain visuel, Brazzi délivre un film particulièrement curieux, étrange, presque unique de par les mélanges de thèmes qu'il brasse, les différentes inspirations et les nombreux éléments totalement disparates dont il
se sert. En découle une sorte de fable futuriste érotique, une allégorie politico-fantastique, une sexy comédie satirique de science-fiction étonnante qui emprunte bon nombre d'idées à Ray Bradbury et George Orwell (on reconnait les ombres de "Farenheit 451" et "1984") auxquelles viennent s'ajouter certaines héroïnes des contes de Perrault, Le petit Chaperon rouge et Cendrillon, projetés dans un univers grotesque proche de Fellini ne serait ce que pour l'onirisme de quelques séquences et le ridicule de certains personnages. Voilà un mélange absolument inattendu qu'il fallait oser. Le résultat n'est cependant pas vraiment à la hauteur des ambitions démesurées du cinéaste. N'est pas Fellini qui veut surtout pas Brazzi,
Giro girontondo..., oeuvre inclassable, est un salmigondis souvent indigeste et bavard, comme tout film sur lequel Polselli pose sa griffe, une satire certes ingénieuse mais ratée qui assez vite pourra irriter. Certes Brazzi déploie avec le peu de moyens dont il dispose toute une imagerie futuriste du pauvre plutôt amusante (palais et minarets avant-gardistes, policiers vêtus de combinaisons noires dont le visage est dissimulé sous un casque, armes laser, antennes...), les costumes dix huitième siècle sont sympathiques, les passages oniriques plutôt agréables même si avec leurs ralentis, leurs flous et les jeunes filles en tenues blanches on est plus proche de David Hamilton que de Fellini, (est-on encore à un
emprunt près), tous ces amalgames sont drôles, complètement fous, délirants, le final est inattendu et fort pessimiste puisqu'il débouche sur l'holocauste nucléaire (un pauvre effet lumineux rattrapé fort heureusement par quelques images lugubres comme la mort du Petit Chaperon rouge gisant au milieu d'un pré qui s"étend à l'infini). Pourtant la sauce a du mal à prendre. Faute en incombe avant tout à une mise en scène peu convaincante. En résulte un film jamais vraiment crédible, désordonné par moment incompréhensible, d'autant plus que les différentes aventures s'enchainent les unes aux autres sans réel lien entre elles si ce n'est leur folie respective. La satire sociale à travers cette modernisation des contes cités ne
fonctionne qu'à moitié (au quart?) tout comme l'aspect ironico-comique pas toujours des plus fin. Certaines répliques font mouche tout comme certaines trouvailles et personnages exubérants mais dans l'ensemble Giro girotondo... est bien en dessous de ce qu'il aurait pu être entre des mains plus expertes. Quant à l'érotisme, si le film contient son lot de nudité féminine et masculine, de quoi satisfaire un public demandeur, il reste cependant assez sage. On aura vu poitrines et derrières beaucoup plus affolants. Avec un tel titre (Tourne, tourne, avec le sexe le monde est tellement plus beau, jolie phrase que susurre à plusieurs reprises notre coquin de petit Chaperon rouge) et un tel sujet on était en droit d'attendre un peu plus de salacité et d'audace de la part de Brazzi.
Reste un délire pelliculaire tant visuel que narratif au montage hystérique qui tend régulièrement vers le trash (mémorable même si suggérée la scène où un puni, attaché nu à un arbre, est sodomisé par un pieu ou les prémices des excès à venir du cinéma italien, ancêtre de la douloureuse et mortelle sodomie de Gabriele Tinti dans Caligula la véritable histoire), l'ensemble mené par quelques comédiens tout aussi fous que le scénario, Rossano Brazzi en tête, le frère du réalisateur à qui il octroie pas moins de trois rôles dont celui d'un professeur démentiel aux cheveux bleus. Tout aussi ébranlé est Ghigo Masino. Quant à Patrizia Webley, version brune, c'est un des rares films où elle tient un des rôles principaux. Elle incarne le Petit Chaperon rouge qui traverse le métrage d'un bout à l'autre et
nous offre quelques roulades dans l'herbe en costumes d'époque lors desquelles elle dévoile généreusement une intimité somme toute décente mais déjà bien graveleuse.
Accompagné d'une partition musicale plutôt agréable signée des Goblins, Giro girotondo con il sesso è bello il mondo est une curiosité érotique pas forcément réussie qu'on appréciera essentiellement pour son originalité, son brin de folie et son lot de nudité féminine. On a connu plus divertissant, beaucoup plus égrillard et osé également. Si le sexe fait tourner le monde, cette fable de Brazzi ne fera pas vraiment tourner la tête du spectateur ni chavirer ses sens. Le monde est tellement plus beau avec du sexe, voilà ce qu'on retiendra avant tout... et ce n'est pas au Maniaco qu'on dira le contraire!