Maniaco Deprebis

C'est au prolifique Mario Gariazzo qu'on doit ce sexy giallo arrivé sur le tard alors que le genre se mourrait de sa belle mort. Gariazzo nous concocte ici un salmigondi de scènes érotico-hard matinées de meurtres prenant place dans un motel équivoque où un jeune photographe maître-chanteur passe son temps à prendre des clichés de jeunes modèles nues qu'il tente parfois de violer. Le soir venu, ce sont les ébats sexuels des clients qu'il filme.
Cela donne l'occasion à Gariazzo d'étaler toute sorte de perversions: de l'homme se travestissant en évêque pour arriver à ses fins à la prostituée habillée en soeur se faisant caresser par un chapelet- irremplaçable Marina Frajese- en passant par un vieux lubrique feignant d'uriner sur une fille de joie à l'aide d'un tuyau d'arrosage.
Ambiance ludique sur fond lubrique, Play Motel n'en est pas moins un giallo et entre deux séquences érotiques, on retrouve donc l'indispensable tueur sadique ganté et tout de noir vêtu arpentant ce motel. Du meurtrier, Gariazzo ne nous montrera qu'un oeil roulant dans tous les sens à chacune de ses apparitions pour le moins inquiétantes.
On suit également l'enquête poussive d'un détective fatigué joué par Antonio De Teffé tout aussi fatigué et peu concerné. A ses cotés, le toujours séduisant Ray Lovelock traine sa carcasse de play boy accompagné de la blonde Anna-Maria Rizzoli, habituée alors aux sexy comédies all'italiana, qui ici nous gratifie d'un étonnant et charmant strip-tease.
Peu importe la fin et ses révélations qui n'étonneront personne, Gariazzo s'en moque quelque peu comme le spectateur d'ailleurs dont la seule motivation tout au long de ce film est de prendre plaisir à ces délices érotiques auxquels participent également la très désinhibée Patrizia Webley et la brune Patricia Behn.
Toujours au crédit du film, le joli générique et quelques unes des chansons de la bande originale chantées par Ray Lovelock lui même, une habitude que le comédien avait prise au fil du temps. De bien belles chansons une fois encore aux mélodies entrainantes et fort plaisantes qui vous trotteront longtemps dans la tête après que le mot Fin soit apparu. Un véritable régal pour mélomanes!
Play Motel est un sexy giallo sans prétention aucune, plutôt agréable à découvrir, à prendre dans le son sens le plus ludique comme la plupart des films de Gariazzo dont le maître mot semblait être avant tout distraction. Voilà un étonnant patchwork qui s'inscrit en droite lignée de l'euro-trash d'alors. Les amateurs sauront apprécier.
A noter qu'il existe deux versions du film, une version soft et une version hard avec inserts X tournés séparément à laquelle les acteurs principaux ne participèrent pas bien sûr. Destinée aux marchés étrangers, cette version hard causa quelques soucis à Anna Maria Rizzoli entre autres qui précisa bien qu'elle ne participa à aucun cas à ces scènes qui furent filmées le soir une fois les studios déserts.