Adios Signore Cannibal: mort de Ruggero Deodato
Connu à travers le monde pour son film choc Cannibal holocaust qu'il réalisa en 1980 Ruggero Deodato nous a quitté ce jeudi 29 décembre 2022 à l'âge de 83 ans. La triste nouvelle a été annoncée sur Il post vite confirmée par La stampa et bien d'autres medium. L'Italie pleure aujourd'hui celui qui fut à l'origine du Cannibal movie, un sous filon du cinéma d'exploitation qui eut son heure de gloire au début des années 80.
Artisan tout terrain Ruggero Deodato, né le 7 mai 1939, Ruggero Deodato débute sa carrière comme acteur, plus exactement en faisant de la figuration, un métier auquel il renonce très vite pour s'intéresser à la réalisation. Il assiste Roberto Rossellini et Carlo Ludovico Bragaglia, travaille durant presque dix ans sur une trentaine de films dont plusieurs aux cotés notamment de Sergio Corbucci, Mauro Bolognini et Antonio Margheriti. Il met en scène son premier film en 1968, un fumetti gentillet intitulé Fenomenal Il tesoro di Tutankamen suivi d'un film d'aventures exotiques Gungala la pantera nuda. Dés lors Deodato va enchainer les réalisations en touchant à bien des genres différents avec plus ou moins de succès. Il s'essaie au drame érotique (Ondata di piacere), au film catastrophe (SOS concorde) au polar tendance gay (le surestimé Uomini si nasce poliziotti si muore), le rape and revenge (La maison au fond du parc).
Mais c'est bel et bien le film d'horreur plus précisément le film dit de cannibales qui va lui apporter la gloire interplanétaire. Après un premier essai resté à l'époque quelque peu confidentiel (l'excellent et oppressant Dernier monde cannibale) il met en scène ce qui va devenir très vite une oeuvre culte adulée aux quatre coins du globe, Cannibal holocaust, considéré comme son chef d'oeuvre, un bande qui fera pourtant ombre à sa carrière tant on ne retiendra que ce titre dans une filmographie qui en compte vingt-cinq. Si Deodato aura du mal à rebondir après cette sulfureuse pellicule qui lui vaudra bien des déboires en Italie mais il continue son petit bonhomme de chemin en réalisant notamment par la suite un ridicule Heroic fantasy à l'italienne Barbarians, trois petits films d'horreur Le tueur de la pleine lune, Angoisse sur la ligne et le très fade Body count, un giallo raté The washing machine sans oublier un petit film d'aventures amazoniennes sur fond de trafic de drogue Amazonia la jungle blanche. La fin des années 80 et les années 90 lui seront fatales. La mort du cinéma d'exploitation lui fait connaitre une traversée du désert. C'est à la télévision qu'il travaillera désormais en réalisant bon nombre de téléfilms. Il écrira aussi régulièrement pour le magazine Nocturno où il aura sa propre chronique.
Il revient au grand écran en 2016 avec une tentative de film d'horreur Ballad in blood puis annonce qu'il étudie l'idée de créer une gamme de jeux vidéo tirée de Cannibal holocaust. Sa mort met un terme au projet.
Malgré une carrière en dents de scie, une filmographie certes inégale mais jamais inintéressante ou déplaisante Ruggero Deodato reste un des réalisateurs italiens phare de l'âge d'or du cinéma de genre mais surtout il demeurera à jamais l'homme d'un seul film, Cannibal holocaust, souvent copié jamais égalé, celui qui lui valu le surnom de Monsieur cannibale. L'Italie vient de perdre un de ses grands noms.
La biographie de Ruggero Deodato est disponible ICI.