Ondata di piacere
Autres titres: Waves of lust / Waves of pleasure
Real: Ruggero Deodato
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Drame érotique
Durée: 88mn
Acteurs: Silvia Dionisio, Elisabeth Turner, John Steiner, Al Cliver...
Résumé: Deux couples se retrouvent sur un yacht le temps d'un séjour en mer. Le cadre maritime et ensoleillé est propice aux fantasmes les plus torrides. Mais les apparences sont trompeuses. Giorgio est un homme sadique et pervers qui aime humilier sa femme, Silvia. Son amie Barbara a été séduite par ce coté brutal et c'est la raison pour laquelle elle a accepté de les accompagner avec son compagnon, Irem. Au fil des jours, ce jeu devient de plus en plus dangereux et les tensions montent. Paranoïaque, Giorgio est persuadé que Silvia, Barbara et Irem ont monté un complot contre lui. Les désirs sexuels font alors faire place au désir meurtrier...
S'il est surtout connu pour ses films de cannibales et quelques oeuvres à l'aura sulfureuse, Ruggero Deodato toucha pourtant un peu à tous les styles du cinéma de genre dont l'érotisme en 1975 avec Ondata di piacere qui voyait son grand retour au grand écran après quelques années passées à la télévision.
De cette vague de plaisir pourtant promise par le titre original ne subsiste vite qu'une vague d'ennui tant les belles promesses d'un scénario à tendance perverse écrit par Lamberto Bava ne sont jamais tenues. Deodato tenait pourtant une histoire susceptible de donner vie à un psycho-drame particulièrement intéressant digne des meilleurs euro-sleaze alors à la mode en Italie.
On suit donc passivement les aventures de deux couples qui se retrouvent sur un yacht le temps d'un séjour en mer, lieu propice aux fantasmes les plus débridés. Giorgio, homme alcoolique, sadique et pervers prend plaisir à humilier et battre son épouse Silvia, femme soumise attirée par Irem le compagnon de Barbara, une amie que le coté pervers de Giorgio a séduit. C'est avec un certain plaisir narquois qu'elle accepte les règles de ce jeu dangereux. Au fil des jours la tension monte, les esprits s'échauffent et les liens sournois se tissent jusqu'à ce que Giorgio, paranoïaque, s'imagine qu'une relation triangulaire s'est créée contre lui. Les désirs charnels vont lentement faire place aux désirs meurtriers.
Si ainsi résumé le scénario semble en effet particulièrement prometteur, jamais Deodato ne parvient à créer un véritable climax, une réelle tension, cette atmosphère oppressante qu'une telle histoire devait faire naître. Ondata di piacere devient vite un banal film érotique baigné de soleil dénué de toute émotion jusqu'à provoquer l'ennui.
Deodato ne fait preuve à aucun moment d'une once de psychologie, le comble pour un psycho-drame, alors que le film tout entier repose sur la complexité de ces quatre personnages qui s'aiment et se haïssent. Ils deviennent de simples pantins de chair dont on se désintéresse vite puisqu'on ne comprend jamais leurs réelles motivations. Il ne sera guère difficile de deviner le final qui ainsi présenté est ridicule et donne le coup de grâce au film même s'il reste flou quant aux véritables intentions de Barbara et Irem qui auront semble t-il bien du mal à expliquer les tragiques évènements qui se sont produits à bord du yacht.
Deodato semble hésiter à choisir quel chemin prendre, tenté par un érotisme qu'il voudrait pervers mais qui demeure d'une étonnante sagesse. Ondata di piacere décevra beaucoup l'amateur d'érotisme malsain qui devra se contenter de quelques scènes de voyeurisme, quelques flagellations et beaucoup d'insultes pimentées d'un zeste d'humiliations sexuelles.
Réalisé sans grande imagination et trop de mollesse, Ondata di piacere permettra tout de même de retrouver le visage inquiétant de John Steiner qui semble être le seul à donner un peu de relief à son personnage même s'il ne dépasse jamais les limites de la bienséance. A ses cotés, Elisabeth Turner et Silvia Dionisio alors épouse de Deodato passent leur temps à se déshabiller sans complexe totalement désinhibées. Al Cliver quant à lui reste égal à lui même c'est à dire monolithique et semble prendre goût à ses vacances en pleine mer. On notera une apparition du propre fils de Deodato, Saverio, au début du film, le petit garçon sur la plage.
Tourné au large de la Sicile, Deodato n'a guère su profiter des somptueux paysages naturels qu'il lui était offert, la photographie est à l'image de la partition musicale de Marcello Giombini, médiocre voire irritante.
Cette incursion du réalisateur dans le domaine de l'érotisme est une déception d'autant plus grande que tous les ingrédients étaient présents pour une magnifique oeuvre perverse et malsaine, psychologiquement douloureuse se déroulant dans un superbe décor maritime ensoleillé. Ne subsiste qu'un petit film érotique trop sage et inoffensif guère rehaussé par une interprétation des plus anodine.