Homer
Autres titres:
Réal: John Trent
Année: 1970
Origine: USA / Canada
Genre: Drame
Durée: 90mn
Acteurs: Don Scardino, Tisa Farrow, Alex Nicol, Tim Henry, Lenka Peterson, Tom Harvey, Jan Campbell, Arch McDonnell, Ralph Endersby, Murray Westgate, Mona O'Hearn, Bob Warner, Trudy Young, Antony Parr, Deborah Turnball, Dennis Pendrith, Frank Aldous...
Résumé: 1970 - Homer, un étudiant de 18 ans qui vit dans un village paumé du Wisconsin, ne souhaite pas poursuivre ses études. Il se heurte à ses parents conservateurs. Homer est pacifiste, refuse la guerre, joue du rock dans un groupe. Il boit, fume des joints jusqu'au jour où un des ses amis parti pour le Vietnam meurt au combat. Son corps est rapatrié au village...
Essentiellement actif à la télévision le réalisateur canadien John Trent a cependant tourné pour le grand écran quelques longs métrages dont Homer, un film aujourd'hui bien oublié d'autant plus qu'il est devenu quasiment impossible de le visionner aujourd'hui. Cette petite bande tombée dans les oubliettes fait partie de ce cinéma de contre culture, ces films souvent marginaux qui virent le jour dans les années 50 (avec entre autre James Dean) pour mieux s'accentuer à la fin des années 60 et le début des années 70 avec le mouvement hippie, l'éclatement des générations et la guerre du Vietnam. Homer en reprend la plupart
des thèmes.
Fils d'agriculteurs Homer Edwards a 18 ans. Il vit dans un petit village du Wisconsin. Il est étudiant mais il n'a aucune envie de poursuivre ses études contrairement à ce que ses parents, des conservateurs, voudraient. Il boit de l'alcool, fume des joints avec ses copains et sa petite amie Laurie, multiplie les bêtises. Il aime la musique rock. Il est chanteur dans un groupe et rêve d'être Bob Dylan, les Stones ou les Beatles. Il se heurte fréquemment avec son père qui règle les problèmes en le punissant. Un de ses amis, Eddie Cochran, doit partir pour le Vietnam. Tout le village organise une fête pour son départ. Homer est contre la guerre. Il fait partie de cette jeunesse pacifiste qui manifeste contre la guerre tandis que les
anciens sont fiers de leurs fils qui partent se battre. Quelques temps plus tard le corps d'Eddie est rapatrié. Il est mort au combat. Ecoeuré, Homer s'enchaine et passe ses journées à chanter dans la rue pour son ami, à chanter contre la guerre à la grande colère de son père qui n'arrive plus à le ramener à la raison. Homer finit par rentrer chez lui. Un ultime affrontement avec son père qui tente de l'enfermer dans sa chambre. Homer parvient à fuir. Son père l'a vu mais n'a rien fait pour le retenir. Le garçon part à l'aventure en stop avec pour seul bagage sa guitare.
Pur produit post woodstockien le film de John Trent peine à vraiment convaincre. Malgré quelques bonnes idées Homer se contente d'enchainer simplement les clichés habituels sans rien vraiment approfondir. On a ainsi d'un coté l'ancienne génération, conservatrice, qui ne comprend pas la nouvelle à qui elle se heurte. De l'autre on a cette nouvelle jeunesse qui se révolte, fume, boit, écoute du rock, revendique son pacifisme et tente de faire face à une situation sociale difficile en ce tout début d'années 70, le tout sur fond de guerre du Vietnam. Le fossé des générations se creuse, plus personne ne se comprend. En situant son histoire dans un village agricole du Wisconsin John Trent ne fait que renforcer cet écart
générationnel. Malheureusement Trent ne délivre aucun vrai message. Il se contente de montrer le quotidien de son personnage ce qui peut être assez vite lassant d'autant plus que ses personnages, surtout Homer lui même, sont assez creux. Difficile ainsi de s'attacher à ce garçon jamais ni très sympathique ni très chaleureux, souvent irritant de par son comportement plus proche du garnement que de l'anticonformiste. Pas évident non plus de se passionner pour cette histoire à qui il manque une véritable âme et qui se contente de simples banalités filmées sans grande conviction. Homer fume et boit avec ses copains, esquisse une love story tout aussi banale avec Laurie, chante et joue de la guitare et se
dresse contre son père... rien de très passionnant. Quant à la guerre du Vietnam on en parle mais elle est surtout présente par le biais de la télévision et de la radio. On aurait aimé plus de virulence, plus d'engagement également, bien plus de force et de conviction dans ce que le film voulait véhiculer.
Ce n'est que lors de la dernière partie soit environ les vingt dernières minutes que Homer devient réellement intéressant. John Trent parvient finalement à faire passer quelques émotions dés l'instant où Eddie est rapatrié dans son village. Le film prend alors une tournure plus dramatique. Le personnage de Homer deviendrait (enfin) presque attachant.
Le discours reste toujours aussi léger mais ce petit changement de ton ferait presque regretter que Trent n'ait pas réussi à instaurer une telle atmosphère dés le départ.
Malgré ses défauts Homer se laisse cependant gentiment visionner. Il est loin d'être une pièce maitresse du cinéma de contre culture, il reste parfaitement anodin, mais il a des qualités qui séduiront notamment son agréable bande originale rock "flower power", ses réminiscences woodstockiennes, son décor campagnard de fin d'automne gris et froid (si le film est censé se dérouler dans le Wisconsin il fut entièrement tourné à Ontario au tout début de l'année 1970) et une intéressante distribution plus particulièrement ses deux
principaux interprètes. Enfant de la télé Dan Scardino (essentiellement connu en France pour La nuit des vers géants) et sa frimousse de jeune rouquin qui malgré une direction d'acteur trop discrète offre une prestation plutôt honnête. Tisa Farrow (l'inoubliable future héroïne de L'enfer des zombis et de quelques autres pellicules transalpines) pour son tout premier rôle à l'écran est Laurie, une jeune campagnarde malheureusement guère mise en valeur. Les cheveux gras et filasses, très peu maquillée, mal fagotée elle pourrait être la grande soeur de Laura Ingalls mais Tisa était déjà belle avec ses grands yeux de poupée tristes.
Présenté au festival du film canadien de Toronto où il fut sujet à controverse car tourné en Amérique avec des capitaux américains, Homer est une petite bande marginale certes honnête mais trop discrète et trop peu engagée pour faire vraiment mouche. Reste un film plutôt sympathique à réserver aux inconditionnels de ce type de cinéma et autres collectionneurs de pépites. Sa méga rareté lui a donné au fil des années un statut culte puisqu'à ce jour la seule copie existante est une diffusion sur une chaine australienne remontant aux années 80 à l'image pâteuse et décolorée avec sous titres hollandais incrustés. Il serait étonnant qu'un jour Homer refasse surface mais on peut toujours espérer.