La casa sperduta nel parco
Autres titres: La maison au fond du parc / The house on the edge of the park
Réal: Ruggero Deodato
Année: 1979
Origine: Italie
Genre: Rape and revenge
Durée: 91mn
Acteurs: David Hess, Giovanni Lombardo-Radice, Christian Borromeo, Lorraine De Selle, Annie Belle, Brigitte Petronio, Gabriele Di Giulio, Marie-Claude Joseph, Karoline Mardeck...
Résumé: Une jeune fille se fait violer puis assassiner par deux voyous. Sa soeur va retrouver les coupables et les inviter sournoisement à une fête qu'elle organise dans sa villa. Les deux voyous, ignorant le piège dans lequel ils sont tombés, vont se déchainer et donner libre cours à leurs plus bas instincts avant que le piège ne se referme sur eux...
Réalisé en 1979 juste après Cannibal holocaust, La casa sperduta nel parco reprend la trame du film de Wes Craven, La dernière maison sur la gauche, dont il est un des plus célèbres ersatz.
Cette oeuvre souvent qualifiée de nauséabonde est bâtie autour de la vengeance d'une jeune femme contre les deux hommes qui violèrent et étranglèrent sa soeur lors de la séquence pré-générique. Le film se présente donc comme un long huis-clos entre huit personnages qui toute une nuit durant vont subir les attaques et les humiliations des deux violeurs invités à une fête donnée par la jeune femme.
Si le film souffre surtout des incohérences de son scénario et de son manque de crédibilité, on en retiendra essentiellement son coté pervers et le sadisme vers lequel il glisse progressivement, cette lente montée dans la tension et la violence qui débouchera sur un final particulièrement brutal.
Le plus intéressant ici reste outre cette lutte des classes sociales en constante filigrane les relations qu'entretiennent les victimes avec leurs bourreaux, notamment celle qui unit Lisa, le personnage central du film, et Alex un des deux voyous. Dans un astucieux jeu de séduction, basé essentiellement sur l'attirance et la répulsion, elle va tenter de l'amadouer afin de mieux l'attirer dans son machiavélique piège sans hésiter à s'offrir à lui lors de sulfureuses scènes érotiques.
Cinéma d'exploitation oblige, l'érotisme y tient donc une très grande place. Malsain il va lentement tourner au sadisme, les jeux deviennent de plus en brutaux et cruels au fur et à mesure que la tension monte et que les esprits s'échauffent. Ce sadisme complaisant atteindra son paroxysme lors de la défloration au rasoir particulièrement insoutenable d'une jeune invitée.
Un autre aspect intéressant du film est la complexité du personnage de Ricky. A l'opposé de la cruauté et la folie aveugle de son complice, sa vulnérabilité et sa faiblesse faciliteront la vengeance de Lisa. Totalement sous l'influence d'Alex, Ricky agit par la peur mais également par respect voire par cette fascination pour son ami que certains pourraient traduire comme une relation homo-érotique. N'est il est pas en effet incapable de violer la fille qu'Alex lui désigne?
Il obéit souvent contre son gré, en permanent conflit avec lui même. Cette faille n'échappera pas à Gloria, une des otages, qui en profitera pour le séduire afin de le rallier à leur cause. Un semblant d'attirance finira par naitre entre eux. De par ses faiblesses Ricky devient par moment pitoyable. Il réalisera malheureusement trop tard l'horreur d'une situation désormais irréversible. La machine est en route, rien ne l'arrêtera. Les victimes se transforment en bourreaux, dévoilent leur vrai visage. Leur détermination n'a d'égale que la haine accumulée.
C'est dans l'ultime plan et la lente et implacable agonie d'Alex que l'explication à toute cette violence sera dévoilée. Il est bien regrettable qu'elle soit aussi grossière et difficilement crédible. De quoi surprendre ou décevoir par son illogisme, une improbabilité qui affaiblit un peu plus encore cette Maison au fond du parc déjà construite sur l'incohérence.
Tourné en 19 jours seulement, ce rape and revenge malgré ses faiblesses de scénario et sa moralité répréhensible typique de l'euro-trash, n'en demeure pas moins un classique du genre. Voilà un film particulièrement malsain et trouble même s'il est peut être en deçà de la réputation qu'il s'est forgé au fil du temps, une réputation renforcée par les foudres de la censure qui jadis s'abattirent dessus.
Malgré quelques longueurs, l'interminable séquence disco notamment, La casa sperduta nel parco comblera les amateurs d'érotisme sulfureux et de violence brute ainsi que les aficionados d'un certain cinéma d'exploitation puisque le seul but du film est à partir d'un minuscule point de départ de justifier un étalage de scènes d'humiliation, de dégradation et d'érotisme graveleux.
Ce huis-clos malsain qu'accompagne la délicieuse musique totalement décalée de Riz Ortolani dont la magnifique chanson finale "So sweetly" reste malgré tout un des meilleurs ersatz transalpins du film de Craven, un incontournable, un classique indispensable du rape and revenge transalpin
Il réunit autour d'un David Hess égal à lui même, la toujours aussi sublime Annie Belle dans un rôle trouble à souhait, l'élégante Lorraine De Selle, la blonde et virginale Brigitte Petronio, l'énigmatique et envoutante fille de couleur Marie-Claude Joseph, amie de Deodato qui l'avait connu sur le tournage de SOS concorde, Christian Borromeo sans oublier le névrotique Giovanni Lombardo-Radice ambigu à souhait qui trouve ici une de ses meilleures compositions. On aura une pensée pour Gabriele Di Giulio mort d'overdose quelques années plus tard.