Fenomenal e il tesoro di Tutankamen
Autres titres: Fenomenal et le trésor de Toutankhamon / Phenomenal et le trésor de Toutankhamon / La momie / Fenomenal and the treasure of Tutankamen / Fenomenal el imbatible /
Real: Ruggero Deodato
Année: 1968
Origine: Italie
Genre: Action
Durée: 92mn
Acteurs: Mauro Parenti, Lucretia Love, Gordon Mitchell, John Karlsen, Carla Romanelli, Cyrus Elias, Charles Miller, Mario Cecchi, Agostino De Simone, Teresa Petrangeli, Spartaco Battisti, Bernardo Bruno, Mario De Rosa, Pieraldo Ferrante, Enrico Marciani, Sergio Mariotti, Maurizio Merli, Enrico Pagano, Gianni Pulone, Giuseppe Terranova...
Résumé: À Paris, une exposition d'objets d'art de l'Égypte ancienne suscite la convoitise de plusieurs criminels. Aidé de ses complices, un voleur de renommée internationale, Falcov, dérobe le masque d'or de Toutankhamon malgré le système de sécurité mis en place. Le comte Norton, le notable qui a financé l'exposition, se lance à la poursuite des voleurs. Norton n'est autre que le justicier masqué Fénoménal. Il se rend en Tunisie où les voleurs s'apprêtent à vendre le masque. Fénoménal avec l'aide d'une jolie jeune femme va tout mettre en oeuvre pour récupérer le précieux objet...
Si Ruggero Deodato débuta au cinéma en 1964 lorsqu'il reprit les rênes de Ursus il terrore dei Kerghisi après que Antonio Margheriti ait rendu son tablier, c'est en 1968 qu'il mit en scène son tout premier véritable film Fenomenal e il tesoro di Tutankamen dont il ne garde malheureusement que très peu de souvenirs aujourd'hui.
Si Fenomenal possède tous les défauts d'un premier film, il est d'autant plus décevant que la mise en scène est assez bancale et l'approche plutôt maladroite. Pour ses grands débuts Deodato a choisi le film de super héros, un genre alors à la mode, en créant Fenomenal, un justicier masqué qui s'apparente à Batman, il n'est qu'un homme ordinaire, un riche philanthrope démuni de tout pouvoir surnaturel, chargé de retrouver le précieux de masque de Toutankhamon que des bandits internationaux sont parvenus à dérober dans un musée parisien. L'erreur du jeune cinéaste a très certainement été de traiter son sujet avec humour et ironie. Si le sujet pouvait s'y prêter, le traitement à la limite de la parodie ne suit pas. On
aura donc bien du mal à se laisser convaincre par les aventures de notre homme masqué jamais crédible encore moins vêtu de ce costume fort basique. Fenomenal connu aussi sous le nom de Action man est tout simplement habillé d'un pantalon noir, d'un petit pull noir et d'une cagoule tout aussi noire démunie d'orifice pour les yeux! On se demande donc bien comment notre super héros peut se mouvoir! Si ce costume d'une simplicité sidérante pourra rappeler les héros des séries noires des années 50, il est surtout bien inapproprié et franchement ridicule. A partir de là, le spectateur pourra s'amuser à compter les incohérences, les erreurs, que Deodato multiplie tout au long d'un scénario agrémenté de dialogues involontairement stupides qui avance lentement cahin-caha en faisant fi de toute logique.
Si Deodato déploie tout un arsenal de gadgets électroniques et de systèmes à la James Bond l'ensemble manque trop de punch pour réellement pouvoir profiter de cet étalage de technologie de pacotille. Le gros problème du film outre ses amusantes incohérences qui le rapprochent par instant de la gentille série Z est son manque de dynamisme. Deodato aurait dû lui insuffler beaucoup plus de tonus, d'énergie. Fenomenal e il tesoro di Tutankhamon en deviendrait presque ennuyant. Les aventures de notre justicier ronronnent tandis que le spectateur de son coté ronfle doucement. Tout aussi indispensable à ce type de film est ce soupçon de morbidité qui là encore fait défaut. En voulant trop vouloir jouer la carte de la parodie et de l'ironie Deodato, encore novice, en a oublié l'essence même du genre comme il a oublié d'y intégrer un zeste d'érotisme.
Reste donc au final un tout petit film désuet certes plaisant mais dont le manque de tonus et de ludisme risque d'avoir assez vite raison du spectateur malgré une brochette d'acteurs
intéressante dont Gordon Mitchell en voleur international, Mauro Parenti sous la cagoule de Fenomenal et la blonde Lucretia Love, l'épouse à la ville de Parenti, en jeune et belle assistante. On reconnaitra également un tout jeune Maurizio Merli alors à ses débuts. Les plus attentifs reconnaitront Rex Harrison déambulant sur les Champs-Elysées, un caméo non prévu puisque l'acteur se promenait sur la célèbre avenue alors que Deodato filmait. L'acteur donna son accord pour que le cinéaste conserve le plan. Les inconditionnels du Paris des années 60 seront ravis d'accompagner notre justicier le long des quais de Seine, des Champs Elysées, sur la tour Eiffel de cette fin de décennie avant de retrouver les très agréables paysages ensoleillés de Tunisie. Toujours au crédit du film sa partition musicale très sixties si joliment désuète signée Bruno Nicolai ainsi qu'une photographie soignée. Cela malheureusement ne suffira pas ni à sauver Fenomenal de l'ennui ni à sortir le spectateur de sa douce torpeur. Pour son premier film Deodato s'est quelque peu fourvoyé.