Gungala la pantera nuda

Autres titres: Gungala la panthere nue / Gungala the black panther / Gungala la pantera negra
Real: Ruggero Deodato
Année: 1968
Origine: Italie
Genre: Aventures
Durée: 86mn
Acteurs: Kitty Swan, Angelo Infanti, Micaela Pignatelli, Jeff Tangen, Giancarlo Sisti, Alberto Terrani, Luigi Scavran, Piero Buzi, Consalvo Dell'Arti, Fernando Piazza, Luigi Bracale...
Résumé: Une compagnie d'assurance charge un petit groupe d'aventuriers de retrouver une riche héritière qui, enfant, fut laissée pour morte au beau milieu de la jungle suite à un accident d'avion. L'enfant est devenue une superbe créature que les indigènes nomment Gungala. Les aventuriers vont devoir se battre contre une tribu africaine dirigée par un prince arabe cruel qui tente de voler à Gungala son fabuleux diamant bleu. Mais Gungala veille...
Si le cinéma exotico-érotique vit le jour au tout début des années 70, ce type de films connut cependant ses premiers balbutiements dans les années 60 lorsque une poignée de réalisateurs mirent en scène des petites séries B qui rendaient ouvertement hommage au cinéma d'aventures de jungle des années 40. Le mythe de Tarzan fut ainsi remis au goût du jour avec l'arrivée de quelques jolies héroïnes dont Samoa reine de la jungle, premier film italien de la future reine de la sexy comédie Edwige Fenech, Tarzana sexe sauvage et Gungala la vierge de la jungle réalisé en 1968 par Romano Ferrara, cinéaste bien peu prolifique à qui on doit Le monstre aux yeux verts. Le succès relatif du film décidèrent les producteurs à lui donner une suite mise en boite quelques mois plus tard avec aux commandes une fois encore Ferrara. Malheureusement la production peu satisfaite du travail alors effectué limogèrent Ferrara qui dut céder sa place à Ruggero Deodato alors à l'aube de sa carrière. Le jeune cinéaste venait de remplacer Antonio Margheriti sur La terreur des Kirghiz, un peplum dont il a un peu de mal à assumer la paternité. Gungala la panthère nue peut donc être considéré comme le tout premier film du futur réalisateur de Cannibal holocaust.
Ce second volet des aventures de notre belle sauvageonne ne diffère guère du premier épisode même si les deux films sont totalement indépendants. La trame est quasi identique. Une compagnie d'assurance alertée par une noble famille anglaise demande à un groupe d'aventuriers de retrouver une riche héritière laissée pour morte il y a bien des années dans un accident d'avion en pleine jungle qui couta la vie à ses parents. L'enfant devenue une superbe jeune femme que les indigènes nomment Gungala vit dans la brousse entourée d'animaux dont une guenon et une panthère noire. Elle porte au cou un inestimable diamant bleu qu'un prince arabe cruel veut lui dérober. Les aventuriers finissent par trouver Gungala.
L'un d'eux, Morton, en tombe immédiatement amoureux au grand dan de Julie, sa petite amie, qui va tout faire pour se débarrasser de cette indésirable rivale. Après bien des aventures, le prince arabe trouvera la mort, Morton récupérera le diamant qu'il rendra à Gungala avant de repartir pour l'Europe avec le reste de l'équipe. Gungala lui fera ses adieux, sa vie n'est pas dans notre monde civilisé mais au coeur de la savane parmi les animaux.
Le mythe de l'homme sauvage prend une fois de plus les traits d'une splendide créature qui vit à demi nue au milieu de la jungle. Elle est cette fois encore l'attrait principal de cette fausse séquelle, une simple petite série d'aventures tropicales aussi légère que bon enfant qui mêle avec ludisme érotisme et exotisme africain. L'histoire d'une naïveté désarmante renoue avec l'univers de la bande dessinée. Ce seconde mouture de Gungala tente avec succès de retranscrire à l'écran tout l'univers des sexy "fumetti" de jungle alors très à la mode dans une Italie qui vivait au fil des aventures de Tigre bianca, Pantera bionda et Jungla.
Les éléments du film de jungle déjà présents dans le premier chapitre sont de nouveau au programme. Autour de notre Tarzanne et de sa petite ménagerie gravitent donc l'indispensable expédition composée d'un petit groupe d'aventuriers, une tribu d'indigènes belliqueux, un méchant prince arabe dont l'envie est de réunir tous les états africains pour n'en faire plus qu'un seul, une jolie love story, un zeste d'action et de suspens, beaucoup d'humour et de situations aussi improbables que comiques et le tour est joué. Et c'est bien l'humour et l'invraisemblable qui ici prédominent. Rien ni personne ne se prend au sérieux. La perfide Julie part en pleine jungle en chemisier blanc très élégant, petite robe rouge et bottines assorties, des tenues choisies selon ses envies du soir avant d'opter pour un look sauvageonne afin de pouvoir battre à plate couture sa rivale. La genre masculine est tout aussi fraiche puisque le blond Chandler, traitre bellâtre dont le brushing et l'odeur de la peau séduiront Gungala lors d'une inénarrable scène de découverte olfactive, traverse la brousse vêtu d'un très seyant jean blanc.
L'érotisme est moins présent cette fois, plus discret. Très peu de plan de nu si ce n'est la poitrine de notre Tarzanne uniquement vêtue d'un mini string mais la présence de Gungala suffit pour assurer le coté coquin de l'histoire lorsque mutine elle se balance sur guère plus de trois mètres au bout d'une liane effectuant un petit mouvement d'épaule très sexy que Deodato filme inlassablement au ralenti. On savourera la séance photo très drôle à laquelle elle participe au beau milieu de la savane une pastèque en main, certains s'exciteront sur les feulements et petits cris très sensuels qu'elle pousse lorsqu'elle s'exprime avant de soudainement s'exprimer sans aucune explication dans une langue certes humaine mais
inconnue, est ce là la magie de la jungle, tandis que d'autres se décomposeront en voyant la créature courir nue dans la jungle ou sortir de l'océan telle une divine nymphe. Les plus sensibles verseront une larme en fin de métrage lorsqu'elle dit au revoir à son bel aventurier s'éloignant sur sa pirogue qui glisse sur le fleuve en arrière fond un décor sauvage absolument magnifique.
Pas de film de jungle sans quelques relents racistes. Il est amusant de constater que ce Gungala débute comme un mondo, une voix off solennelle expliquant au spectateur les différences entre notre monde dit civilisé, New-York en l'occurrence, et le continent noir sauvage et primitif représenté par les traditionnelles images d'indigènes nus entrain de danser. L'africain, couvert de peintures, piège, tue et doit le servir et se soumettre à l'homme blanc, le colon, qui lui apporte un brin d'éducation mais surtout du whisky. Il le remerciera à grands renforts de "Me'ci Bwana" appuyé par un doublage anglais ou français qui exagère l'accent d'une manière aujourd'hui totalement impensable.
Comme le premier film Gungala la panthère nue fut en majeure partie tourné en Italie dans les studios géants de la De Paolis dans lesquels fut construite cette superbe jungle de pacotille où déambulent quelques animaux dressés dont la fameuse panthère noire qui donne au film son titre aguicheur mais n'a strictement aucun rôle dans l'histoire. Deodato s'envola tout de même pour le Kenya trois semaines avec l'équipe pour y tourner des scènes supplémentaires notamment les superbes plans océans et de brousse, véritable petit dépaysement pour le spectateur.
Pur produit Bis familial ce deuxième volet est tout aussi drôle, naïf et ludique que son prédécesseur. C'est 86 minutes de plaisir coupable pseudo tropical, pleines d'humour et de non sérieux durant lesquelles les admirateurs de Kitty Swan seront ravis de revoir leur idole en toute petite tenue. La jeune danoise, sexy star éphémère du grand écran qui incarnera quatre fois Tarzanne, reprend donc son rôle avec tout autant d'allant même si cette fois elle se dénude un peu moins et évite de montrer ses aisselles velues. C'est le ténébreux Angelo Infati à l'aube de la gloire qui ici en tombe amoureux et la séduisante et incandescente napolitaine Micaela Cendali Pignatelli qui en est fortement jalouse. Entre Kitty et Micaela Angelo a de quoi avoir la tête qui tourne et les sens qui s'échauffent. Pour l'anecdote lorsque Deodato remania le scénario il fit de Angelo Infati le gentil de l'histoire et de l'énigmatique Jeff Tangen le traitre, des rôles qui à l'origine étaient inversés.
S'il est assez facile de visionner Gungala reine de la jungle, cette suite fut beaucoup plus difficile à se procurer, longtemps oubliée des distributeurs. Il fallait jusqu'à présent se contenter de la vieille édition vidéo espagnole en espagnol intitulée Gungala la pantera negra. Après des années d'attente le film est enfin disponible en numérique. La panthère nue rugit enfin sur une jolie galette récemment sortie en France.