Inferno in diretta
Autres titres: Amazonia la jungle blanche / Cut and run / Straight to hell
Réal: Ruggero Deodato
Année: 1985
Origine: Italie
Genre: Aventures
Durée: 90mn
Acteurs: Lisa Blount, Leonard Mann, Richard Lynch, Gabriele Tinti, Willie Aames, Barbara Magnolfi, John Steiner, Valentina Forte, Richard Bright, Eriq La Salle, Karen Black, Luca Barbareschi...
Résumé: Un groupe de journalistes en quête d'un scoop suite à un massacre part pour l'Amazonie afin d'y démanteler un groupe de trafiquants de drogues dirigé par un redoutable gourou qu'ils soupçonnent d'en être responsable. Arrivés sur place, ils sont fait prisonniers...
Tout fraîchement enorgueilli par le succès mondial de Cannibal holocaust, Ruggero Deodato tentait avec Cut and run de renouer avec ce cinéma-vérité brutal qui venait de le propulser sur les marches de la gloire. Si à la vision du film rebaptisé Inferno in diretta après que Wes Craven à qui le projet avait été confié quatre ans auparavant sous le titre Marimba ait quitté le navire, la déception est vite au rendez-vous même si Deodato crie haut et fort qu'il tenta alors de rester fidèle à l'idée originelle de Craven.
Avec Cannibal Holocaust et La maison au fond du parc, Deodato s'était alors taillé une réputation dans le monde du cinéma de réalisateur choc, force est de constater que cet Enfer en direct appartient au cinéma d'action de série B qu'aux films qui le popularisèrent.
L'histoire nous entraine une fois encore en Amazonie à la poursuite cette fois d'une bande de trafiquants de drogues menée par un redoutable gourou.
Si on excepte la séquence d'ouverture particulièrement alléchante, le fameux massacre sur le radeau laissant présager du meilleur suivi de quelques plans sanglants ( la découverte d'un véritable carnage dans une chambre d'hôtel), le film sombre vite dans une routine ronronnante qui finit par quelque peu ennuyer.
Deodato ne retrouvera plus cette violence avec laquelle il débute son histoire et se laisse aller à une mise en scène sans surprise d'où tout suspens est absent. En fait, Inferno in diretta n'est plus ni moins qu'un banal film d'aventures tropicales comme il en pleuvait alors. On suit sans grand intérêt les pérégrinations d'un groupe de journalistes qui cherchent à démanteler cette fameuse bande afin de décrocher un scoop et se retrouvent bien vite au coeur d'une Amazonie bien inhospitalière, repère de leur chef.
Deodato reprend donc les bases de Cannibal holocaust, la formule ayant fait ses preuves, mais ici, sans grande imagination ni conviction, le film ennuie plus qu'il ne passionne. Le film qui se veut une descente vertigineuse dans le monde impitoyable des trafiquants de drogue s'avère être plus une excursion amazonienne plutôt gentille et guère palpitante où rien ni personne n'est très méchant malgré l'envie évidente de Deodato ne rendre ses protagonistes peu sympathiques. Hormis beaucoup transpirer sous leur crasse, ils ont ici assez quelconque tandis qu'un zeste d'érotisme un rien brutal vient pimenter l'ensemble de façon épisodique. Le Colonel Horne, grand gourou de cette secte, redoutable chef de bande n'est guère impressionnant malgré la volonté de Deodato d'en faire un personnage cruel aux limites de la folie. Ainsi, ses monologues rappellent ceux du colonel Kurtz dans Apocalypse now mais n'en ont ni la force ni la démence. On remarquera que Deodato a intégré de véritables images d'archives de Jonestown dans lesquelles il fait apparaître un plan de Horne, s'octroyant l'audace d'y figurer lui aussi en cameo.
Seul le personnage de Lado a quelque chose de réellement detestable notamment dans ses dialogues par moments fort osés ( You can thank god you're white s'exclame t-il après avoir tué le compagnon de Tommy ou Fuck her, Fuck her till she screams s'écrie t-il alors qu'Ana est donnée en cadeau). Sa mort sera un des rares moments réellement brutaux du film et demeurera un grand moment de par sa violence.
Comme pour Cannibal holocaust, Deodato tente de dénoncer le pouvoir des médias et de l'image à travers la recherche du scoop du siècle mais de façon assez maladroite ici, sans le fantastique coté choc qu'avait sa précédente oeuvre. C'est ce qui fait cruellement défaut à Inferno in diretta. En ce sens, le final qui se veut spectaculaire dans le sens médiatique du terme ne l'est guère à l'écran. La prise d'otages en direct et le suicide du gourou face au caméra juste avant le massacre qui clôture le film manquent sincèrement de cette folie, de cette intensité qui aurait du les en imprégner. Tout cela se noie donc dans le ton général de l'ensemble.
Deodato a échoué dans sa tentative de réitérer le climax de Cannibal holocaust et délivre une petite série B tropicale à petit budget assez oubliable sans être dispensable ou désagréable pour autant mais on aurait pu espérer beaucoup mieux de la part de l'Homme de qui vint le scandale par le passé.
Tourné dans de très beaux décors naturels du Venezuela, on y retrouvera tout de même avec un plaisir certains quelques gueules du cinéma Bis telles que Gabriele Tinti, John Steiner dans la peau de Vlado, Leonard Mann, Barbara Magnolfi qui faisait là son retour discret sur les écrans après sa traversée forcée du désert et les américains Lisa Blount, le jeune Willie Aames échappé de la série 8 ca suffit, Michael Berryman et Richard Lynch qui incarne ce gourou. On n'oubliera pas de mentionner la belle partition musicale signée Claudio Simonetti qui accompagne le film d'un bout à l'autre.