Stefano Amato: le rouquin obèse de la comédie populaire
Il fait définitivement partie des gueules du cinéma de genre italien plus précisément pour ce qui le concerne de la comédie populaire italienne dont il fut durant quasiment dix ans une des incontestables figures avant ce disparaitre à l'aube des années 80. Son succès tout relatif fut il il le dut à son physique ingrat qui le catalogua très vite dans un type de rôle bien déterminé: le petit roux obèse. Impossible donc de ne pas avoir un jour remarqué cet éternel bon copain un peu niais, ce patapouf sympathique, ce poil de carotte girond qui accompagna Alvaro Vitali dans quelques uns de ses films. Découvrons aujourd'hui l'histoire de celui que l'Italie surnomma jadis le petit porcelet de la comédie, un acteur aujourd'hui oublié malheureusement trop tôt disparu: Stefano Amato.
Né le 30 septembre 1958 à Acerra Stefano fait sa toute première apparition au cinéma en 1971, à 13 ans, dans le western de Gianfranco Parolini Le retour de Sabata. Non crédité au générique il s'agit d'un simple caméo aux cotés de Lee Van Cleef. Sa véritable chance il la doit en fait à Salvatore Samperi plus exactement à l'épouse du cinéaste. Professeur, elle enseigne au collège où est inscrit le jeune Stefano. En 1973 alors que le cinéaste prépare son nouveau film, Malicia, Stefano est repéré par les équipes de casting qui voient en lui l'interprète idéal pour jouer Porcello, le meilleur ami de Alessandro Momo. Ses cheveux roux, sa corpulence grassouillette conviennent parfaitement au rôle et ce sont ces deux
critères physiques qui par la suite feront sa renommée. Le cinéma populaire italien vient de trouver son nouveau petit ingrat, celui qui durant toute sa carrière jouera les éternels "bons petits gros", le gentil copain un peu niais et pas très beau, le trublion dragueur, des personnages toujours de second plan voire de troisième zone mais quelque soit les rôles qu'il décroche, aussi brefs soient ils, il est impossible de ne pas le remarquer.
Après le succès de Malicia Samperi le fait participer à son film suivant Péché véniel, un copier-coller de son film précédent dans lequel il joue Il rosso (le rouquin), une fois encore le meilleur copain de Alessandro Momo. Par la suite Stefano va essentiellement apparaitre
dans une multitude de sexy comédies, un genre où il a tout à fait sa place notamment aux cotés de Alvaro Vitali dont il pourrait être une sorte de fils spirituel. Souvent tête à claques, pas forcément bon comédien, plus énervant que drôle, celui que l'Italie surnomme désormais Il porcellino (petit porcelet) est ainsi à l'affiche de Quatre zizis dans la marine de Mario Amendola(un des quatre marins du titre aux cotés de Ninetto Davoli), La prof donne des leçons particulières avec Edwige Fenech (le copain d'Alfredo Pea et Alvaro Vitali), Ma copine de la fac avec Lilli Carati qu'il essaie de draguer tout comme il drague dans Les lycéennes redoublent avec Gloria Guida et La championne du collège avec Nadia Cassini,
Professore venga accompagnato dai suoi genitori avec Aldo Maccione (un des étudiants du lycée), Il marito in collegio de Maurizio Lucidi... .
Parallèlement à ces sexy comédies Stefano apparait également dans quelques drames érotiques et autres petites comédies érotiques notamment La svergognata de Giuliano Biagetti (un des adolescents de la station balnéaire où réside Philippe Leroi) où son surpoids n'a jamais été mis aussi mal en valeur, Lo stallone de Tiziano Longo qu'il retrouvera pour La prova d'amore qui lui offrait l'occasion de jouer un rôle un brin plus sérieux tout en restant dans le comique, Il lumacone de Paolo Cavara dans lequel il joue un
garçon serveur éberlué, Una donna di seconda mano où il est cette fois l'ami toujours de bons conseils de Bruno Valente, Peccatori di provincia pour lequel il devient le neveu idiot de Renzo Montagnani ou encore Chevauchées perverses où il reprend une fois de plus le rôle du meilleur ami, celui de Antonio Di Leo cette fois qu'il sauvera d'une bien mauvaise passe. Seul Johnny Dorelli tentera de lui offrir un rôle plus étoffé dans Dimmi che fai tutto per me mais sans grand succès. Stefano tournera son ultime en 1979, Le trou aux folles de Marino Girolami où il retrouve Alvaro Vitali et Renzo Montagnani dont il joue ici le fils abruti.
Les années 80 lui seront fatales. La sexy comédie et les comédies populaires de manière générale sont passées de mode. Le genre s'éteint lentement mais surement tout comme le cinéma Bis. Dans un tel contexte difficile de se reconvertir d'autant plus qu'à 22 ans Stefano n'a plus vraiment le profil pour jouer les adolescents attardés ni même l'envie de passer sa vie à jouer ces personnages niais physiquement peu reluisants. Comme beaucoup de jeunes acteurs d'alors dont la carrière fut essentiellement basée sur leur âge ou sur une particularité physique quelque qu'elle soit la reconversion est dure. Délaissés des réalisateurs, boudés par Cinecitta la plupart ont disparu emportés dans le tourbillon de
l'oubli. Après six années de bons et loyaux services à jouer les amis obèses et l'idiot de service, six ans à interpréter le même rôle qui au bout du compte l'a vampirisé Stefano met donc un terme définitif à sa carrière d'acteur et disparaitra totalement des feux de la rampe sans que finalement personne ne s'en aperçoive. Le petit rouquin du cinéma populaire transalpin va en fait quitter l'Italie et s'exiler en Espagne où il commencera une nouvelle vie dans le plus parfait anonymat. Il s'éteint malheureusement en 2005 à Madrid à tout juste 47 ans, un décès passé inaperçu dont personne ne parla à l'époque.