Una donna di seconda mano
Autres titres: A second hand lady / Dama de segunda mano / Una mujar de segunda mano
Real: Pino Tosini
Année: 1977
Origine: Italie
Genre: Comédie érotique
Durée: 93mn
Acteurs: Senta Berger, Bruno Valente, Enrico Maria Salerno, Rena Niehaus, Macha Méril, Stefano Satta Flores, Stefano Amato, Filippo De Gara, Roberto Ferlicco, Giuliana Rivera, Antinesca Nemour...
Résumé: Le jeune Luca est orphelin. Il a été élevée par son oncle Augusto qui le considère comme son fils. Luca vient lui rendre visite et s'empresse de demander des nouvelles de Simona, la fille de Clelia, la femme que Augusto a épousé après la mort de son épouse. Amoureux de Simona, Luca aimerait lui faire l'amour mais la jeune fille s'y refuse. Afin qu'il perde sa virginité son oncle emmène Luca au bordel. Il y fait la connaissance d'une superbe putain, Nerina dont il tombe sous le charme. Fier d'avoir été enfin déniaisé, Luca tente une nouvelle fois de faire l'amour à Simona mais essuyant un autre refus, il la violente. Pour se venger et assurer l'avenir de sa fille, Clelia s'arrange pour que Augusto couche avec Simona et l'épouse. Ne supportant pas qu'elle soit devenue sa tante, Luca fuit et part retrouver Nerina. Mais cette dernière lui fait comprendre qu'elle n'est qu'une putain et qu'il n'a aucun avenir avec elle...
Réalisateur du très curieux et particulièrement fracassant La casa delle mele mature / Les assoiffées du sexe Pino Tosini reste fidèle à ses habitudes en signant Una donna di seconda mano, une nouvelle comédie érotique à portée pseudo auteuriale dont l'action se déroule ici dans l'Italie des années 50.
Le jeune Luca est orphelin. Il a été élevé par son oncle Augusto qui le considère comme son fils. Augusto, riche patron d'un magasin de chaussures, a épousé en secondes noces Clelia, mère d'une fille du même âge que Luca, Simona. Luca encore puceau est amoureux de Simona avec qui il aimerait se fiancer mais la jeune fille refuse toute relation sexuelle. Afin que son neveu se fasse déniaiser, Augusto, l'emmène dans un bordel de Florence qu'il aime fréquenter. Luca y fait la connaissance de Nerina, une putain dont il tombe immédiatement amoureux. A leur retour, enfin devenu un homme, Luca sous l'emprise de la colère après que Simona ait une fois de plus repoussé ses avances, violente la malheureuse. Sa mère, afin de se venger de Luca, fait en sorte que sa fille épouse le vieil Augusto après s'être assurée que le jeune
homme les surprenne entrain de faire l'amour. Ne supportant pas que son ex-petite amie soit devenue son arrogante tante, Luca se jette dans les bras de Nerina qui tente de lui faire comprendre qu'elle n'est qu'une catin. Lorsque Nerina quitte le bordel, Luca accompagné d'un ami camionneur tente de la retrouver. Malheureusement, Nerina s'est mariée à un aristocrate vénitien. Luca va cependant réussir à vivre un mois à ses cotés, profitant du temps libre de l'ex-prostituée devenue désormais une femme respectable de la haute société. le jeune garçon va tenter de la convaincre de le suivre au bout du monde mais malgré les sentiments qu'elle éprouve pour lui, Nerina refuse de quitter son statut social. Elle feint alors de ne plus l'aimer et le rejette, laissant le malheureux Luca ivre de désespoir.
Una donna di seconda mano est un drame érotique typiquement italien qui rassemble la plupart des éléments propre à ce type de productions. On y retrouve donc cette aristocratie hypocrite sujette à tous les vices ce dont Luca, un adolescent orphelin en proie aux tourments du sexe, va très vite se rendre compte. Le jeune homme, timide et maladroit, rejoint ainsi la déjà longue liste des jouvenceaux que leur père ou leur oncle emmènent au bordel afin qu'ils y perdent leur virginité et deviennent enfin des hommes. Malheureusement pour lui, sa fiancée, la prude Simona, est la fille de la maitresse de son oncle, une situation
complexe et peu ordinaire qui va encore plus se compliquer. L'oncle n'est pas insensible aux charmes de sa belle-fille, le schéma traditionnel est ainsi respecté. Luca ne se doutait pas que la jeune fille allait devenir sa tante suite au stratagème machiavélique de la mère qui la forcera à épouser le vieil oncle du jeune homme pour le punir de l'avoir violentée mais également assurer son avenir financier. C'est d'une putain qu'il va finalement tomber amoureux, celle là même qui l'a dépucelé, et vouloir s'enfuir pour mieux réaliser que le pouvoir et l'argent triomphent bien souvent de l'amour si fort soit il. Aussi amoral soit il on pourrait tout de même tirer une morale de Una donna di seconda mano, rien ne pourra jamais changer les moeurs bourgeoises.
Aussi graveleux que peut paraitre le sujet, le film de Tosini reste cependant d'une étonnante sagesse. Là où il y avait matière à forcer le trait, sombrer dans un certain voyeurisme, une certaine complaisance, Tosini préfère la suggestion tant et si bien que si la première partie est la plus osée Una donna di seconda mano se transforme dés la seconde moitié en une tragédie romantique, une histoire d'amour impossible qui dés le départ était vouée à l'échec, un joli rêve qui ne durera que l'espace d'un petit mois avant que Luca ne doive affronter une réalité qu'il refuse. Ce drame d'après guerre aurait pu être poignant mais les personnages sont un peu trop caricaturaux et pas assez bien définis pour qu'on puisse s'y attacher réellement. L'ensemble plutôt convenu tente de soulever bien des points, de dépeindre les
moeurs dépravées d'une certaine bourgeoisie qui une fois de plus aura raison d'un jeune innocent en quête d'amour pur mais Tosini semble avoir du mal à choisir entre le cinéma d'auteur et la pure exploitation même si le film demeure étonnamment sage sur le plan érotique puisque c'est à peine si on dévoile ici un sein encore moins un fessier. Tosini s'en tire cependant très bien et ce petit drame se laisse plaisamment visionner grâce notamment à une solide interprétation d'une part de la toujours superbe Senta Berger, élégante, altière, à la fois douce, compréhensive mais décidée dans le rôle de Nerina, d'autre part du jeune Bruno Valente tragiquement disparu quelques mois plus tard, tendre et timide adolescent, qui trouve refuge dans les bras de la belle autrichienne. On aurait beaucoup aimé le voir se
dénuder un peu plus mais on appréciera tout de même la trop pudique scène de sa toilette intime. A leurs cotés, on retrouvera des valeurs sûres du cinéma italien dont Macha Méril, intransigeante, Enrico Maria Salerno, la sulfureuse Rena Niehaus, l'héroïne de La orca et La oedipus orca, ici dans la peau de la jeune fiancée de Luca, et dans un rôle de second plan, une des prostituées du bordel où travaille Senta Berger, la pasolinienne Antinesca Nemour. La présence du toujours aussi girond Stefano Amato, le rouquin obèse de la sexy comédie à l'italienne, est peut être le seul petit hic d'une distribution sans défaut.
Toujours au crédit du film sa superbe partition musicale signée Michele Francesio et les toujours aussi somptueux paysages de Venise, la ville mystère, ici grise et froide, donnant au film un coté triste et mélancolique, à l'image même du drame que vit Luca. On se laissera une fois de plus porter par la beauté de ses canaux, la magie de ses venelles et de ses vieilles bâtisses, du Grande canale du haut duquel Luca criera son désespoir en voyant s'éloigner à jamais Nerina, le laissant seul et désespéré.
Una donna di seconda mano est très certainement avec La casa delle mele mature le meilleur film de Pino Tosini. Voilà une petite tragédie érotico-romantique certes anodine mais tout à fait plaisante que l'amateur se fera un plaisir de découvrir ou redécouvrir.