La svergognata
Autres titres: Sta 16 gnorisa ton erota
Real: Giuliano Biagetti
Année: 1974
Origine: Italie
Genre: Drame
Durée: 79mn
Acteurs: Philippe Leroy, Leonara Fani, Barbara Bouchet, Maria Pia Conte, Stefano Amato, Pipo De Luca, Dana Ghia, Filipo De Gara, Dante Cleri, Serena Crociani, Carla Mancini, Walter Manfredi, Luigi Antonio Guerra...
Résumé: Fabio est un écrivain qui est venu passer quelques jours dans une station balnéaire afin de prendre du recul et trouver des réponses à la crise existentielle qu'il traverse. Il tombe sous le charme d'Ornella, une adolescente de 16 ans, qui vit mal les prémices de sa sexualité. Une relation très forte nait entre eux mais Ornella, malgré les airs d'adulte qu'elle se donne, n'est pas prête à se donner à Fabio. C'est alors que Silvia, l'épouse de Fabio, le rejoint. Tout va alors basculer...
Le thème de la lolita fut dans les années 70 un de ceux que le cinéma italien exploita le plus de façon plus ou moins épicée jusqu'à atteindre un point de non retour avec des oeuvres aussi sulfureuses que dérangeante telles La bambina, La maladolescenza, La gamine, L'immoralità ou encore Nenè.
La svergognata appartient à ce généreux filon tentant de marier de manière maladroite la comédie populaire à la dramatique psychologique teintée d'érotisme avec toutefois un certain sérieux. C'est là où le bât blesse car La svergognata demeure avant toute chose un film d'exploitation qui se contente d'effleurer son sujet et de profiter au maximum des charmes nubiles de sa jeune protagoniste.
Une fois de plus, Biagetti, reprend le thème récurrent de l'homme mâture, ici un écrivain venu prendre du recul dans une station balnéaire, en proie à une profonde crise existentielle qui tombe sous le charme d'une adolescente vivant mal les prémices de sa sexualité. Le tableau que dresse Biagetti est particulièrement pessimiste à l'image des personnages eux mêmes. Tous autant qu'ils sont ils traversent une période de doute et de problèmes sentimentaux ou psychologiques. Fabio est un quinquagénaire en quête de lui même, Ornella est une adolescente qui dans son mal être tente d'imiter les adultes dans son comportement sexuel qu'elle n'est pourtant pas prête à assumer. Sa mère, agressive, vit mal un mariage en lequel elle ne croit plus tandis que l'épouse de Fabio, femme délaissée, tente désespérément de récupérer son mari. C'est dans ce climat que se déroule La svergognata, tentative d'illustration de la tragique évolution de la décadence plus psychologique que physique d'un homme à la dérive qui débouchera sur un douloureux final mettant en exergue l'inutilité des sentiments quand l'amour n'est pas ou plus là. En ce sens, le final est certainement la partie la plus réussie et émotionnellement forte du film.
Malheureusement, La svergognata souffre d'une mise en scène trop conventionnelle et surtout inégale. Si la première partie qui s'intéresse essentiellement à la relation de Fabio et de l'adolescente, la deuxième partie s'enlise dans d'interminables dialogues aussi lourds que pompeux entre l'écrivain et son épouse fraîchement débarquée sur l'île. Barbara Bouchet n'a jamais été aussi peu intéressante et ennuyeuse, bien peu convaincue semble t-il par son personnage d'épouse frustrée. Le français Philippe Leroy trop peu investi ne parvient pas quant à lui à donner de l'épaisseur et une certaine force émotionnelle à son rôle d'écrivain perdu. L'effet se répercute sur le film qui rate ainsi son objectif: émouvoir. Pas assez développés, les protagonistes perdent donc une part de leur intérêt.
Si l'érotisme demeure sage, Biagetti profite autant qu'il le peut de Leonora Fani, une des incontournables lolita du cinéma italien d'alors, qu'il déshabille le plus possible afin de dévoiler ses charmes. Elle est le principal atout du film, magnifique et candide, innocente et perverse. Impudique, désinhibée, totalement investie dans la peau de cette petite putain comme l'appelle Fabio, elle illumine l'écran de sa présence. Des amours zoophiles de Bestialità aux scandaleuses amours pré-nubiles de Nenè, Leonora restera l'une des lolita perverses les plus fameuses du cinéma de genre transalpin.
Bercé par une trés belle partition musicale, noyé dans une photographie grise et pluvieuse à l'image du ton pessimiste du film, La svergognata, aujourd'hui bien anodin, s'il n'est pas une réussite, n'en est pas moins une comédie érotico-dramatique qui se laisse voir avec un certain plaisir.