Professore venga accompagnato dai suoi genitori
Autres titres:
Real: Mino Guerrini
Année: 1974
Origine: Italie
Genre: Comédie
Durée: 97mn
Acteurs: Aldo Maccione, Piero Mazzarella, Jacques Dufilho, Didi Perego, Gabriella Pallotta, Enzo Cannavale, Stefano Amato, Michele Gammino, Quinto Parmeggiani, Fiona Florence, Wilma Casagrande, Giovannella Grifeo, Marco Lucantoni, Umberto Chessari, Carla Mancini, Corrado Olmi, Gino Pernice, Sandro Pizzochero, Gino Rocchetti, Mino Guerrini, Franco Magno...
Résumé: Tout un lycée manifeste contre le système scolaire. Une fois le calme revenu chaque professeur reprend ses cours et doit faire face aux facéties d'un groupe d'élèves tous plus cancres les uns que les autres. Alors que le proviseur découvre que le plus cancre d'entre eux est en fait le fils qu'il a eu vingt ans plus tôt avec sa maitresse le professeur de maths, un fasciste convaincu, fomente pour prendre sa place...
Savoir sur quel pied danser avec Mino Guerrini n'est jamais évident tant sa carrière est inégale. Après une série de petits polars oubliables, quelques thrillers et spy-movies il s'oriente vers la décamérotique lorsque le genre est à la mode puis amorce un virage vers la comédie en signant en 1973 une bidasserie de bien triste mémoire Ya ya mon colonel. L'année suivante Guerrini réalise sa seconde comédie, une pellicule plutôt inattendue et surtout novatrice puisqu'elle annonce à sa manière toute la vague des comédies étudiantes, la série des Professeur et autres Lycéennes, qui allait déferler sur les écrans dés 1975.
Les étudiants sont descendus dans la rue. Ils font grève et manifestent violemment contre le système scolaire. Ils refusent de retourner en classe. C'est une véritable émeute en bas du lycée, la police doit intervenir. Les professeurs ne savent plus quoi faire pour calmer cette jeunesse. Le prof de maths, Egisto Pettraco, un fasciste pervers, se réjouit de cette révolte qu'il entretient sournoisement, rêvant de prendre la place du proviseur contre lequel il complote en douce. Une fois calmés les cours comme la vie scolaire reprennent normalement. On suit les aventures et mésaventures d'un groupe de lycéens farceurs, de leurs enseignants, un prof de chimie très libéral aux idées larges, une séduisante
professeur d'italien, un très sexy professeur de religion et du proviseur un peu dépassé qui a maille à partir avec son ex-maitresse au caractère bien trempé venue lui annoncer que Carlo le cancre de l'établissement n'est autre que le fils qu'il lui a fait vingt ans plus tôt. Seul Egisto parvient à dompter un tant soit peu tous ces indisciplinés qui vont passer une semaine à la neige avant un grand chamboulement à leur retour durant lequel Egisto arrivera traitreusement à évincer le proviseur de ses fonctions en l'humiliant devant toute l'école.
Ecrit par le fameux tandem Castellano et Pipolo, responsables de nombreuses émissions
de variétés, de comédies, de spectacles de cabaret mais aussi de chansons, Professore venga accompagnato dai suoi genitori dont le directeur de la photographie n'était autre que le futur Joe D'Amato est une proto farce scolaire qui contient tous les éléments qui feront la recette de ce type de comédie estudiantine qui s'apprêtait à envahir les salles obscures. On a donc d'un coté une douzaine d'élèves stéréotypés (le bosseur, le timide, le révolutionnaire, le couple d'amoureux, la bombasse, la gourmande, le gros...), de l'autre le corps enseignant avec là encore un panel de professeurs tout aussi stéréotypés et l'inévitable proviseur. Le principal de l'action se déroule entre les murs du lycée mais on en sort le temps d'une boum
et d'une semaine de vacances à la montagne. On termine avec les examens de fin d'année. Le schéma est tracé et deviendra rituel. L'intrigue repose quant à elle sur une multitude de gags malheureusement peu inventifs, la plupart vus et revus, même si certains sortent du lot comme cette séquence culte où le professeur de chimie au tempérament très hippie apprend aux élèves comment fumer un joint, la théorie suivant la pratique, le cours se transformant en une gigantesque fumerie. Voici un type de scène aujourd'hui impensable qui démontre toute la liberté, la permissivité du cinéma italien d'alors, en total accord avec son époque. Un délice!
Cependant Professore venga accompagnato dai suoi genitori (titre emprunté à une phrase qui revient régulièrement durant le film) suscite la curiosité et se laisse finalement regarder avec un certain plaisir. D'où vient donc cet intérêt? Tout d'abord par sa surprenante ouverture qui s'étale sur bien dix minutes, cette révolte, cette manifestation d'étudiants en colère qui se bousculent dans la rue, hurlent des slogans fascistes, se heurtent violemment aux forces de l'ordre qui ne parviennent pas à maitriser cette foule de cheveux longs. On en arrive aux mains, on frappe, on crie, on se bouscule. Nous sommes en pleine révolution scolaire, on se croirait en mai 68. Nous sommes bel et bien au début des années 70. Plus surprenant est le
choix de Guerrini d'avoir filmer ces émeutes comme un documentaire. L'illusion est parfaite. Tous les amoureux de cette époque apprécieront forcément cette montée de violence sur fond de musique fortement estampillée 70s dont la chanson phare "Ami solo a te" chantée par Pepino di Capri. Passée cette agréable ouverture on revient à un schéma bien plus classique, celui de la farce donc.
Guerrini nous présente tous ces protagonistes et le train-train s'installe. On suit nos élèves à leurs différents cours, on assiste à leurs bêtises, leurs distractions, leurs sorties. Le film pourrait vite sombrer dans la banalité mais l'atmosphère franchement sympathique qui s'en
dégage parvient à élever le niveau et rendre l'ensemble tout à fait agréable d'autant plus que Guerrini évite la vulgarité souvent facile dans ce type de produit. En fait cette comédie scolastique fait songer à La boum version pattes d'éph', cols pelle à tarte et cheveux longs, et Les sous doués dont il pourrait être un agréable mélange. Impossible pour tout inconditionnel de cette époque bénie que furent les années 70 de ne pas ressentir une certaine nostalgie face à cette bercée par une très jolie partition musicale essentiellement composée de mélodieuses chansons qui fleurent bon cette décennie magique. Autre atout du film et cela peut paraitre étonnant la présence de Aldo Maccione qui interprète Egisto le
professeur fasciste. Pas encore la caricature de son propre personnage qu'il traina dans une multitude de plus idiotes les unes que les autres, Maccione incarne ici un enseignant autoritaire, sournois, l'incarnation de l'intransigeance absolue, qui tient tête à ses cancres et fomente contre le proviseur. Certes on reste dans le registre comique mais un comique plus acide, plus noir, plus appréciable donc.
Aux cotés de Maccione on retrouve Jacques Dufilho un peu perdu dans la peau du proviseur, jamais très crédible. Il ne semble tout simplement pas à sa place. Autour d"eux gravitent notamment la toujours cinglante Didi Perego, Piero Mazzarella, Enzo Cannavale et celui qui
deviendra une figure générique de la comédie, le rouquin le plus fameux du genre, le petit gros au physique ingrat qui régulièrement donnera la réplique à Alvaro Vitali, Stefano Amato. la grosse curiosité du film provient de la présence de deux jeunes acteurs qui l'année suivante seront parmi les adolescents victimes de Salo ou les 120 journées de sodome. Marco Lucantoni la première victime masculine tuée dés l'ouverture du film qui interprète ici Matese, l'étudiant révolutionnaire, et Umberto Chessari, que l'amateur s'amusera à repérer, assez facilement disons le, jean de couleur, col roulé et cheveux longs. Il joue Tuturno un des étudiants du lycée. Les images ci dessous.
Méconnue, oubliée des éditeurs, difficilement visible aujourd'hui si ce n'est lors de ses rarissimes passages télévisés sur les chaines italiennes Professore venga accompagnato dai suoi genitorioutre le fait qu'elle peut être considérée comme un des pères de la comédie estudiantine est une pellicule somme toute sympathique, un inoffensif petit plaisir coupable dont le charme très 70s séduira l'amateur de prime abord, fier de l'arborer dans sa collection.