Brunello Chiodetti: un modèle à la banque... du sperme!
Du théâtre aux romans-photos, de la publicité aux magazines de mode, c'est pourtant dans le cinéma de genre puis le cinéma pornographique dont il sera un des pionniers que ce jeune premier terminera son parcours cinématographique. Le Maniaco vous propose aujourd'hui de retracer la carrière de celui ci qui passa des bras de Ursula Andress aux griffes de la tigresse Guia Lauri Filzi, cet élégant divo qu'un jour Lucchino Visconti voulut faire tourner, Brunello Chiodetti.
Brunello est né à Rome le 22 mai 1946. Après de études de comptabilité dont il sort diplômé, Brunello va très vite fréquenter les milieux artistiques. Très à l'aise devant l'objectif, il n'a que 17 ans lorsqu'il fait comme beaucoup de futurs comédiens ses premiers pas dans l'univers du roman-photo. Sous divers pseudonymes, il travaille pour des éditeurs de prestige tels que Lancio ou Grand hotel. Vite remarqué, Brunello ne tarde pas à être sollicité par le milieu de la mode. Il pose pour Testa, Litrico ainsi que pour Vogue. Il tourne également ses premiers spots publicitaires dont certains font partie dorénavant des annales de la télévision italienne tel que celui de la Lotteria italiana qui lui valut une impressionnante notoriété à l'époque.
Nous sommes au début des années 60 et c'est tout naturellement que le cinéma va s'intéresser au jeune Brunello. Il fait ses grands débuts à l'écran en 1963 en participant au film Toto e Cleopatra suivi d'autres petites apparitions dans divers films lorsque Sergio Bargone, professeur de théâtre à l'université où Brunello étudiait, l'engage dans sa troupe nommée Classici italiani. Brunello a 19 ans et durant trois ans il va sillonner l'Italie pour y jouer les grands classiques.
Il revient au cinéma en 1969 avec Una storia d'amore de Michele Lupo puis en 1974 dans Colpa in canna / Ursula l'anti gang de Fernando Di Leo aux cotés de la plantureuse Ursula Andress puis Cagliostro de Daniel Pettiman. On le retrouve ensuite dans Rome violente de Marino Girolami avec Maurizio Merli dont il fut un des amis. Il abandonne alors le film policier pour un autre genre, la comédie, avec Donna cosa si fa per te de Giuliano Biagetti avec Renzo Montagnani avant de se tourner définitivement vers l'érotisme. Il est à l'affiche d'un des segments, le troisième, de La bella e la bestia de Luigi Russo dont il existe une version hardcore que Brunello n'a pas tourné tout comme pour Emanuelle et Johanna. A cette époque, Brunello n'avait pas encore franchi le cap et des doublures étaient utilisées pour les séquences X destinées au marché étranger.
Vont suivre Suor omicidi / La nonne qui tue de Giulio Berruti, Les amours interdites d'une religieuse de Joe D'Amato le temps d'une courte scène d'amour avec Paola Senatore , Emanuelle et Johanna dans lequel il est le mari sadique de Sherry Buchanan. Il clôt cette période avec Giochi carnali de Andrea Bianchi en interprétant lors de brèves séquences le mari de Sirpa Lane.
De l'érotisme à la pornographie il n'y a bien souvent qu'un pas que Brunello franchit dés le début des années 80 non seulement en tant qu'acteur mais également en tant que producteur puisqu'il produira de nombreux films pour Lorenzo Onorati. Eva man et sa suite El regreso di Eva man seront ses deux premiers films hardcore qui au départ souligne t-il ne devaient être que de simples films érotiques. Mais le producteur en décida tout autrement afin d'exploiter l'hermaphrodisme de Eva Robins avec qui Brunello resta proche et la transsexualité de Ajita Wilson dont l'acteur se rappelle des problèmes existentiels quant à sa sexualité.
Brunello avoue que s'il s'était dirigé vers le hardcore c'est d'une part pour des raisons financières lorsqu'il découvrit que les doublures étaient mieux payées que les acteurs eux mêmes. Vu sous cet angle, pourquoi ne pas les tourner soi même s'est il alors dit. D'autre part, il était persuadé comme la plupart des comédiens d'alors que tous ces films ne sortiraient jamais en Italie, la plupart étant destinés aux marchés étrangers. Il n'y avait donc aucun danger susceptible de venir troubler sa quiétude.
Durant 5 ans, de 1980 à 1985 Brunello va enchainer les films. On le voit notamment dans Sesso allegro, Porno sogni super bagnati, La provinciale a lezione di sesso, Le collegiali superporno, La lingua di Erika, Delizie erotiche, Carnalita morbosa ressorti sous le titre L'amante Bisex, Lea, Sandrine e Isabelle, Quella porcacciona di mia moglie. Il joue aux cotés des diva du genre: Guia Lauri Filzi, Marina Frajese, Laura Levi, Sabrina Mastrolorenzi, Sandy Samuel, Annj Goren, mais aussi les françaises Nadine Roussial avec qui il était très ami en dehors des plateaux de tournage, Dominique St Clair et même Catherine Ringer.
S'il ne regrette pas et ne renie en rien ces années, Brunello confesse que comme tout acteur digne de ce nom il aurait aimé faire des choses plus ambitieuses, plus sérieuses tant au cinéma qu'au théâtre. Mais entre vouloir et pouvoir il y a souvent un abîme comme le rappelle Brunello d'autant plus qu'il n'a jamais voulu accepter certains compromis. C'est ainsi qu'il refusa de travailler pour Lucchino Visconti car le réalisateur n'avait pas les mêmes vues que lui sur le cinéma.
Brunello apparaitra une dernière sur les écrans en 1985 dans un film non pornographique Gli innocenti vanno all'estero tiré d'une oeuvre de Mark Twain dans lequel il interprète le tsar de Russie. Sa décision de mettre fin à sa carrière dans le hard fut avant tout pour lui une obligation. Lorsqu'il n'était pas sur les plateaux de tournage, Brunello travaillait dans une banque. Au fil du temps il avait gravi les échelons et était désormais directeur d'une filiale. concilier les deux activités devenait de plus en plus difficile et surtout risqué puisque tous ces films sortaient en salles en Italie. sa vie personnelle était également compliqué. Il avait deux fils à élever, un divorce auquel faire face et un remariage. Si le cinéma vint de temps à autre le chercher par la suite en lui proposant des rôles plus sérieux et surtout professionnels, il refusa catégoriquement. Sa vie avait changé, la vie avait changé. Brunello avait d'autres priorités désormais et c'est ainsi qu'il quitta définitivement l'univers du 7ème art pour commencer une toute nouvelle vie loin des projecteurs.
A 65 ans, Brunello ne regrette rien, satisfait de son parcours même s'il aurait souhaité mettre plus en avant ses talents de comédien dans des films d'un niveau plus élevé. L'important c'est qu'il soit aujourd'hui un homme heureux.