Mimma Biscardi: Deux noms pour un seul et même visage
Voilà encore un nom sur lequel il sera bien difficile de mettre un visage qu'il sera difficile à son tour de remettre dans un film à moins d'évoquer l'incube obscène de Bacchanales infernales, le personnage pour lequel le bissophile se souvient d'elle aujourd'hui. Si sa carrière au grand écran ne brilla guère par son prestige, c'est surtout et avant tout au théâtre que cette petite brunette a connu ses pleines belles heures. Deux noms pour une seule et même personne, c'est tout le mystère d'une femme ambitieuse qui voulait plus que tout être connue, une histoire que le Maniaco vous raconte sans plus tarder, celle de Mimma Biscardi.
Fille d'un austère avocat, Mimma Biscardi a toujours tenu à garder secrète sa date de naissance en tentant de se rajeunir. C'est ainsi qu'elle affirmait en 1975 n'avoir que 24 ans alors qu'elle devait en avoir déjà 26. Moins secrètes furent par contre ses aspirations. La future comédienne n'a jamais caché que depuis sa plus tendre enfance elle a toujours été attirée par la récitation. Enfant, elle se voyait déjà fouler les planches. C'est contre l'autorité parentale qu'elle ira puisque son père aurait toujours désiré que sa fille devienne elle aussi avocat mais c'est diplômée en lettres qu'elle sera avant d'intégrer la prestigieuse école de théâtre de Alessandro Fersero dont elle sortira une fois de plus diplômée. Mimma a toujours aimé le contact avec le public, aller à l'encontre des autres sans quoi disait elle lors d'une interview la vie serait si monotone.
Mimma va alors connaitre une période particulièrement faste durant laquelle elle n'aura de cesse de jouer au théâtre. Les propositions s'enchainent et c'est à contre coeur que parfois elle doit refuser des rôles.
Le cinéma de son coté se montre plus réticent. Elle y fait ses débuts en 1967 en tournant pour Marco Bellochio La cina è vicina suivi en 1968 de deux comédies dramatico-sentimentales franchement insipides Diario segreto di una minorenne suivi de Vita segreta di una diciottenne toutes deux signées Oscar Brazzi et Renato Polselli. Elle sera également à l'affiche de 7 uomini e un cervello de Rossano Brazzi et Certo certissimo anzi probabile de Marcello Fondato. Si la beauté de Mimma la propulse assez vite au rang des jeunes actrices prometteuses, tout va brutalement s'interrompre en 1969 lorsque la jeune fille se retrouve au coeur d'une sombre affaire de prostitution. Mimma va alors disparaitre durant
quasiment cinq ans pour ne revenir qu'en 1974 plus ambitieuse que jamais. La jeune fille n'est plus vraiment celle qu'on connut jadis, étourdissante chez Polselli. Mais cette terrible affaire n'a en rien freiné la soif de succès de Mimma qui désormais se fait appeler Mimma Monticelli afin peut être de faire oublier ces dernières années.
Dés l'été 74, elle entame une longue tournée dans les cabarets italiens en remplaçant au pied levé Maria Grazia Burcella aux cotés de Ennio Montesano. En 75, elle est à l'affiche d'un spectacle signé Stefano Canzio avant de faire son entrée dans la prestigieuse compagnie de Peppino De Filippo avec laquelle elle fera le tour de l'Italie en interprétant de superbes pièces aux cotés de noms prestigieux.
Quant au cinéma, il semble toujours la bouder. Entre 1974 et 1975 elle ne sera à l'affiche que de quatre films seulement, pour des rôles souvent mineurs et peu gratifiants. Elle est une prostituée au grand coeur et fort énergique dans la sexy comédie La cognatina / Porno flash de Sergio Bergonzelli. Dans l'effroyable Faccia di spia elle est une jeune victime qu'on déshabille et viole. On l'aperçoit dans le polar La mafia si fa baffo de Riccardo Garrone. Mais c'est surtout son personnage d'incube obscène prenant possession des corps de Jean-Claude Verné et Patrizia Gori dans Bacchanales infernales de Elo Pannaccio que le bissophile retiendra notamment pour ses nombreuses scènes de nu.
En 1975 elle aurait dû être un des personnages principaux aux cotés de Charlotte Rampling du nouveau film de Giorgio Stegani mais au dernier moment le film qui devait se tourner à Malte ne se fera malheureusement pas.
Déçue de son parcours cinématographique peu glorieux et surtout si peu gratifiant, Mimma abandonne alors le grand écran mais elle va se battre pour rester dans la lumière quitte à générer le scandale. En mars 1976, elle révèle enfin au magazine Gente qu'elle et Mimma Biscardi ne font qu'une seule et même personne mais elle se livre également à d'étranges confessions plus intimes cette fois puisqu'elle raconte à coeur ouvert sa grande histoire d'amour avec Francesco Ambriosio, un financier escroc qui terminera en prison après avoir attaqué une banque. Entre grotesque et nostalgie, ses confessions n'eurent pas l'effet publicitaire escompté. L'Italie est alors en pleine crise économique, le terrorisme sévit, les élections approchent, le peuple n'a que faire des états d'âmes et de la vie de Mimma. Les journalistes se souviennent d'ailleurs d'elle comme d'une femme présomptueuse, narcissique et surtout naïve. Sa soeur, la chanteuse Maria Luigia Biscardi connue aussi sous le nom de Brenda Bis, avait elle aussi eu recours quelques temps auparavant à ce fameux
magazine pour déballer une histoire tout aussi personnelle puisqu'elle y affirmait que Adriano Celentano était le véritable père de son fils. Au vu du peu d'intérêt dont fit preuve la presse et l'Italie en général pour ces pseudo scandales, Mimma Biscardi / Mimma Monticelli se fit oublier et disparut du devant de la scène.
La vie ne s'est pourtant pas arrêtée là pour Mimma. Loin des feux de la rampe, elle a connu l'amour et s'est mariée à un entrepreneur du bâtiment, Gaetano Casado Loreti, avant d'entamer une nouvelle vie, celle de mère de famille d'une part, de son union avec Gaetano
naitra un fils, Gianluigi, d'autre part de joaillière. Mimma a toujours eu en effet la passion de la joaillerie, des bijoux, qu'elle transmis à son époux. Aujourd'hui, heureuse et épanouie dans son nouveau métier Mimma a su garder le contact et c'est avec une immense dévotion, secondée par sa famille, qu'elle conseille et pare d'ornements précieux sa clientèle pour l'une des plus fameuses boutiques italiennes, La perla.
Nous le savions déjà, Mimma fut une perle de scène, elle est aujourd'hui un véritable diamant!