Roma violenta
Autres titres: Rome violente / Violent Rome/ Violent city / Force D impact / Kommissar Betti: i operation rottereden
Real: Marino Girolami
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: poliziesco
Durée: 86mn
Acteurs: Maurizio Merli, Silvano Tranquilli, Ray Lovelock, Richard Conte, John Steiner, Daniela Giordano, Atilio Du, Brunello Chiodetti, Luciano Rossi, Giuliano Esperanto, Marcello Monti, Consalvo Dell'Arti, Pippo Pollaci, Marco Stefanelli...
Résumé: Le commissaire Betti ne parvient plus à faire face à la délinquance qui envahit Rome. Exaspéré par cette violence et constamment en porte à faux avec ses supérieurs, il est renvoyé de la police après avoir tué de façon peu orthodoxe un jeune criminel. Betti est alors approché par un groupe de justiciers, des citoyens eux aussi fatigués par cette vague de criminalité. Ils lui proposent d'intégrer leur groupe et de débarrasser la ville de ces criminels...
Marino Girolami signe en 1976 ce sympathique polizesco qui ouvre en fait la trilogie des aventures du commissaire Betti interprété par l'impassible Maurizio Merli. Si ce premier volet n'est pas dénué d'intérêt il n'en est pas pour autant un des piliers du genre. A l’instar de Roma a mano armata / SOS Jaguar: opération casseurs d'Umberto Lenzi _, l’intrigue cherche plus à aligner les scènes d’affrontements entre son héros justicier, le commissaire Betti, et de petits truands tous plus ignobles les uns que les autres qu’à développer une véritable intrigue policière menée par des personnages forts.
On retrouve une fois de plus en toile de fond ce climat d'insécurité et de terreur dans laquelle l'Italie était alors plongée, assiégée par une délinquance que la police et la justice ne parvenaient plus à contrôler. Afin de dépeindre ce chaos social et cette constante menace, Girolami n'y va pas avec le dos de la cuiller même si la violence, ni très graphique ni très démonstrative, est ici bien en deçà du déferlement de brutalité dont Lenzi entre autres réalisateurs faisaient alors preuve.
Rome montrée ici comme froide et inhospitalière n'est plus qu'une ville où à chaque coin de rue on se fait agresser tandis que les transports en commun, les restaurants, les banques et
les supermarchés se font braquer. Si ce climat de totale insécurité génère une paranoïa frénétique générale toute la folie qu'il en découle est malheureusement quelque peu gâchée par un scénario peu crédible et surtout d'une trop grande incohérence qui par instant sombre dans le ridicule.
L'action prime et fait oublier ce manque de cohésion que Girolami noie dans un tourbillon de violence parfois gratuite mais toujours de bon aloi qui devrait plaire à un public avide de polars musclés. Interminables courses-poursuites en voiture, massacre d'enfants sans défense, viols, fusillades, Girolami déploie toute la panoplie du genre mais de façon trop
superficielle à l'image de ses protagonistes à l'exception des vigilantes, ces citoyens justiciers, fort bien utilisés. Ils sont un des atouts majeurs du film même si certains pourront y voir une forme de morale fasciste sur le bien fondé de ces groupuscules privés.
Ce manque de psychologie, cette absence de discours, ces stéréotypes s'ils peuvent dans un sens nuire un peu plus encore à la crédibilité du film épousent parfaitement bien le coté rigide, brut de l'ensemble. Girolami ne s'embarrasse pas de vaine morale, il va ici à l'essentiel jusqu'au final, étrange et ouvert, qui pourra surprendre, véritable et étonnant retournement de situation assez inhabituel avouons le.
En tête d'affiche, on retrouve donc l'imperturbable Maurizio Merli toujours aussi droit et déterminé dans le rôle de ce commissaire peu orthodoxe qui lui apporta la renommée entouré de quelques grands seconds rôles du cinéma de genre italien dont Richard Conte, Silvano Tranquilli, john steiner et Ray Lovelock dont on se souviendra du passage à tabac cloué dans son fauteuil roulant.
Rythmé par une très efficace partition musicale signée des frères De Angelis, Roma violenta s'il n'est pas le coup de poing auquel on aurait souhaité assister n'en est pas moins un bel exemple du genre, une sorte de reflet de ce que fut l'Italie à une certaine époque lorsque la
seule façon pour elle de se protéger était de répondre à la violence par la violence.
Réalisateur compétent, consciencieux, Marino Girolami donne vie à un polizesco divertissant qui saura satisfaire l'amateur de films musclés sans trop avoir à réfléchir. Il récidivera l'année suivante avec Roma l'altra faccia della violenza, plus pensé et surtout plus humain, puis signera le troisième volet des aventures de Betti Italia a mano armata / Opération Jaguar. C'est Umberto Lenzi qui réalisera le second chapitre, l'excellent et brutal Napoli violenta / SOS jaguar opération casseurs, de loin le meilleur film de la trilogie.