Mario Bava
Toute la vie de Mario Bava fut marqué par l’Art. Il vit le jour en 1914 à San Remo dans une famille d’artiste. Son père, sculpteur réputé, travailla de nombreuses années dans le Cinéma. Les producteurs faisaient régulièrement appel à lui pour réaliser les décors et travailler sur les éclairages de certains films. C’est ainsi que la fonction de chef opérateur lui vint naturellement. Ce qui passionne avant tout Bava père, ce sont les trucages optiques et autres effets spéciaux. Il devient un véritable professionnel dans son domaine et transmet sa passion à son fils Mario, qui, tout en suivant des cours aux Beaux-Arts, passe la plus grande partie de son temps libre avec son père sur les plateaux de tournage.
C’est en observant ce dernier que Mario Bava apprend les bases de son premier emploi au cinéma : Directeur de la photographie. En 1946, Mario Bava se fait remarquer en réalisant son premier court-métrage intitulé L’Orecchio. Il attire l’attention de réalisateur tel que Roberto Rossellini ou Riccardo Freda qui vont s’adjoindre ses services par la suite. Tout en collaborant à de modestes productions, Mario Bava acquiert une grande réputation dans son métier. Bien souvent, il travaille dans l’ombre des plus grands.
En 1956, Mario Bava termine le film de Riccardo Freda, Les Vampires, dont il signe également la photographie. Trois ans plus tard, il remplace au pied levé Jacques Tourneur contraint d’abandonner le tournage de La Bataille de Marathon, suite à des conflits avec ses producteurs. Pour autant, Bava ne verra pas son nom inscrit au générique. Bava retournera au genre avec Hercule contre les vampires, adroit mélange de cinéma d'horreur et de peplum qui porte définitivement sa griffe dans ces décors colorés et ces détails macabres.
L’année 1959 marque une étape importante dans sa carrière : La Galatea (Une maison de production de série B) lui offre l’opportunité de réaliser son premier long-métrage: La maschera del Demonio / Le masque du Démon, inspiré d’une nouvelle de Nicolas Gogol. Filmé en noir et blanc, le film connu non seulement un grand succès au box-office mais il permit également de confirmer le talent de son réalisateur et de révéler la sublime Barbara Steele, encore inconnue à l’époque et qui deviendra par la suite l’égérie du cinéma fantastique des années 60 et 70. A une époque où la Hammer règne en maître sur le cinéma fantastique européen, Mario Bava impose son style et sa griffe avec une œuvre réalisée dans le but avoué de concurrencer la fameuse firme britannique. Dès lors, sa carrière est lancée.
En 1963, il crée les bases d'un nouveau genre cinématographique, mélange de suspens et de film policier mettant l’accent sur la mise en scène des meurtres, visuellement très élaborées et très stylisées: Le giallo. Bava réalise la même année le premier film de ce filon qui s'avérera prolifique, La Fille qui en savait trop. Il en définit les codes l’année suivante dans le désormais classique avec l'excellent 6 femmes pour l’assassin devenu au fil du temps une véritable référence. Le tueur masqué, vêtu d’un grand manteau noir et tenant dans ses mains gantées de cuir une arme blanche bien aiguisée devient un personnage récurrent du giallo dont Dario Argento et bien d'autres (Lenzi, Martino, Fulci etc...), en feront les beaux jours dans les décennies suivantes. Cette même année 63, il réalise Le corps et le fouet, un classique du cinéma gothique qui en son temps fit couler beaucoup d'encre au vu de la relation sadomasochiste qu'entretient l'héroïne avec le fantôme du châtelain.
Cependant Bava ne se cantonnera pas seulement au giallo et touche à tous les genres: le western avec Arizona Bill, la science-fiction dans les années 60 avec La Planète des Vampires. Il donnera aussi au Fantastique un de ses plus beaux fleurons, le terrifiant et atmosphérique Opération Peur, considéré à juste titre comme un classique du genre. Bava touche à la comédie avec le farfelu L'Espion qui venait du surgelé mais également à l'espionnage façon James Bond avec son fameux et psychédélique Diabolik / Danger Diabolik en 1969 qui révélera la superbe Marisa Mell. Il ne délaissera pas le film d'aventures et réalise Duel au Couteau mais s'adonnera également au film d'horreur en 1972 alors que sa carrière est en perte de vitesse avec le désormais classique La baie sanglante, film culte encore aujourd'hui pour nombre d'amateurs, véritable précurseur du slasher tel qu'on le connaitra bien des années plus tard. On précisera que La baie sanglante 2 / Une hache pour la lune de miel fut un retitrage éhonté de son giallo Il sangue rosso della folia réalisé bien avant celui ci. C'était là une manoeuvre publicitaire bien connue visant à profiter de la vague de succès remportée par La baie sanglante. On n'oubliera pas mentionner un de ses ultimes chef d'oeuvres en ce domaine Lisa et le Diable dont La maison de l'exorcisme n'est qu'un remontage catastrophique dont on rajouta nombre de séquences d'exorcisme afin de surfer sur la vague de triomphe de L'exorciste. Bava refusa d'endosser la paternité du film. Juste avant de signer Il sangue rosso della folia, il reviendra au giallo avec ce qui reste un de ses films les plus faibles, l'apathique 5 bambole per la luna d'agosto / 5 filles dans la nuit chaude d'été, un film qu'il détestait et tourna à contre-coeur.
En 1977, aidé par son fils Lamberto, il mettra en scène un de ses tout derniers films, Shock , une agréable série horrifique atmosphérique plutôt routinière avec Daria Nicolodi, John Steiner et Ivan Rassimov qui marque le déclin du maitre
En 1978, malade et affaibli, c'est Lamberto qui tournera la plupart des scènes de La venere d'Ille / La Vénus d'ille avec Marc Porel et Daria Nicolodi, un téléfilm anodin et sans véritable âme tourné pour la série I Giochi del diavolo, un bien triste chant du cygne pour ce cinéaste perdu dans un cinéma qui n'est plus le sien.
Mario Bava nous quitte à l'âge de 65 ans le 27 avril 1980 après avoir donné à la série B italienne quelques uns de ses plus beaux fleurons.