Shock
Autres titres: Les démons de la nuit / Shock, les démons de la nuit / Schock / Beyond the door 2
Real: Mario Bava
Année: 1977
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 92mn
Acteurs: Daria Nicolodi, John Steiner, Ivan Rassimov, David Colin Jr, Nicola Salerno...
Résumé: Dora vient d'emménager dans la villa où autrefois elle a vécu un enfer avec son premier mari, un drogué qui s'est suicidé. dépressive, elle tente de reconstruire sa vie avec son jeune fils et son nouvel époux. Très vite des évènements étranges se produisent dans la maison, mettant à rude épreuve les nerfs de Dora. De plus son fils semble désormais la détester et rejeter son beau-père. Le petit garçon parait comme possédé par une invisible entité et donne l'impression de vouloir tuer sa mère. De plus en plus fragile la raison de Dora vacille tandis que le fantôme de son ex-amant la persécute...
Lorsque Mario Bava réalise ce qui sera son dernier film, le célèbre réalisateur n'est pas au meilleur de sa forme tant physique que professionnelle. Malade, son fils Lamberto signera même la réalisation de certaines scènes. Est ce pour cela que Shock parait par instant si faible, morne reflet d'un réalisateur jadis éclatant et novateur affaibli physiquement?
Pourtant Shock est loin d'être inintéressant. Pour son ultime mise en scène, Bava a réussi à construire un film qui derrière une simple et routinière histoire de maison hantée, de possession et d'enfant maléfique écrite par son fils et Dardano Sacchetti est avant tout l'analyse assez fine d'une femme névrosée obsédée par la douleur d'un passé coupable. Plus qu'à l'action et au suspens eux mêmes, c'est surtout à l'ambiance générale que semble le plus s'intéresser ici le cinéaste en tentant de créer une véritable atmosphère toute empreinte de mélancolie par le biais du fantastique pur vers lequel Shock glisse progressivement.
Toute la première partie du film s'efforce de mettre en place les différentes pièces de l'intrigue en multipliant les faits étranges qui se succèdent dans cette maison où la malheureuse jeune femme se sent de plus en plus mal à l'aise. Est ce l'imagination d'une femme dépressive qui lentement perd la raison ou son jeune fils traumatisé par la mort de son père, incapable d'accepter le remariage de sa mère, possédé par une présence maléfique qui se tapit dans la maison serait il la cause de ces évènements de plus en plus terrifiants? C'est sur cette ambiguïté que repose toute l'histoire. S'il se dégage de toute cette première partie une certaine mélancolie, une tristesse évidente tant à travers les lieux eux mêmes que dans la relation qui unit la mère et l'enfant, un sentiment qui rappelle quelque
peu La maison près du cimetière de Lucio Fulci, on pourra trouver un peu longue cette première heure où il ne se passe pas grand chose hormis quelques scènes propres à faire doucement sursauter le spectateur. Et c'est peut être la grande faiblesse de Shock. Bava use des ficelles habituelles du genre (objets animés, jouets qui prennent vie, portes qui se ferment, regards et paroles étranges ou lourdes de sens...) sans grande imagination tout en multipliant les effets bizarres et les prises de vues déformées parfois fort intéressants (le piano qui rit) mais les effets spéciaux sont trop faibles pour réellement fonctionner (le couteau qui vole et menace l'héroïne, l'avion hors de contrôle).
Beaucoup plus soutenue est la seconde moitié du film où l'étrange fait place cette fois à l'horreur. Le réalisateur à travers la folie de son héroïne accumule les plans horrifiques et les scènes sanglantes qui cette fois devraient cette fois satisfaire les amateurs de séquences gore. Les forces surnaturelles se déchainent, le passé de Dora ressurgit, les vérités explosent et c'est vers un no happy end que Bava nous mène doucement soutenu par une partition musicale percutante et quelques effets cette fois plutôt bien réussis voire originaux (la scène du lit où les cheveux de Dora s'étalent). Si on est assez loin de la flamboyance des oeuvres passées du Maestro, Shock demeure cependant une petite série horrifique psychologique discrète plutôt efficace qui annonce gentiment la future vague de films d'horreur italiens à petits budgets. Shock possède un charme certain et parvient à retenir l'attention du spectateur malgré un manque d'énergie et surtout d'épaisseur qui nuit aux personnages. On a en effet un peu de mal à s'attacher à cette femme névrosée trop fragile en proie à ses propres tourments, assaillie par ses démons intérieurs, un défaut majeur pour une oeuvre qui se veut psychologique. En outre, on pourra s'étonner de la fadeur de la photographie, ici bien pâle, à mille lieues des éclairages chatoyants auxquels Bava nous avait habitué.
Même s'il accuse les faiblesses d'un cinéaste qui a perdu l'éclat de son glorieux passé, Shock qui par maints aspects fera notamment penser aux films atmosphériques de Jack Clayton (Les innocents) mérite malgré tout l'attention du spectateur.
Daria Nicolodi, très investie par son personnage, fiévreuse, porte tout le film sur ses épaules secondée par un John Steiner plus en retenue que d'accoutumée. Le jeune David Colin Jr découvert dans Chi sei / Le démon aux tripes / Beyond the door de Ovidio Assonitis, sans être parfait, sait assez bien jouer les petits garçons maléfiques. Sa présence donna au film un de ses titres alternatifs, Beyond the door 2. On aura également le plaisir de retrouver Ivan Rassimov lors de trop brèves séquences dans la peau d'un psychanalyste.