La ragazza che sapeva troppo
Autres titres: La fille qui en savait trop / The girl who knew too much / The evil eye
Real: Mario Bava
Année: 1963
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 92 mn
Acteurs: John Saxon, Valentina Cortese, Leticia Roman, Luigi Bonos, Titi Tomaino, Milo Quesada, Robert Buchanan, Dante Di Paolo, Virginia Doro, Jim Dolen, Giovanni di Benedetto, Franco Moruzzi, Adriana Facchetti, Geoffrey Coppleston...
Résumé: Une jeune américaine, Norma Davis, débarque à Rome. Elle est alors témoin d'un meurtre. Les policiers chargés de l'enquête lui demandent de rester quelques temps à Rome afin de les aider à capturer le meurtrier qui avait déjà sévit plusieurs années auparavant et choisirait ses victimes par ordre alphabétique. Norma Davis se trouverait toute désignée pour constituer la prochaine cible...
Réalisé trois ans après son fameux Masque du démon La Fille Qui en Savait Trop se veut un bel hommage au maître du suspens, Alfred Hichcock. De son illustre modèle, L'Homme Qui en Savait Trop, le film de Mario Bava, tourné en un splendide noir et blanc (ce sera l'ultime fois que le metteur en scène utilisera ce procédé), reprend l'idée d'un personnage en voyage dans un pays étranger entraîné bien malgré lui dans une machination dont il devient peu à peu un des principaux rouages.
Outre ce postulat de base, c'est essentiellement un certain esprit des films de Hitchcock que Bava s'attache à recréer. Nora, l'héroïne, la fameuse fille qui en sait trop du titre, a des allures typique d'une héroïne de Hitchcock. Elle est à la fois naïve et forte, curieuse et obstinée et devient le centre d'intérêt des penchants sadiques du spectateur mis ici en position de voyeur. Nora assiste au décès de sa vieille tante, se fait voler son sac en pleine nuit, s'évanouit sous une pluie battante, Nora est littéralement prise dans un terrible piège tendu pour déjouer les manoeuvres d'un hypothétique l'assassin... On ignore surtout si comme le pense son entourage, Nora est sujette à des crises d'hallucination et d'hystérie, ou si, comme elle tente de nous le faire croire, elle est réellement sur la piste d'un assassin, cet homme qu'elle pense avoir vu poignardé une jeune femme une nuit d'orage avant de s'évanouir. Là est tout l'enjeu du film qui joue sans cesse sur l'imagination et la réalité.
L'humour est également omniprésent, un humour le plus souvent assez noir très proche de celui qu'affectionnait Hitchcock. C'est parfois une simple ironie décalée à l'accent particulièrement british qui transparait dans le commentaire en voix off.
Le film ne cache donc pas ses influences y compris dans cet amas de fausses pistes qui finissent non seulement par brouiller la limpidité de l'intrigue policière mais aussi tous les repères et réflexes du spectateur qui se retrouve plongé dans l'expectative tant et si bien qu'il finit par abandonner l'idée de deviner les tenants et aboutissants de cette histoire alambiquée jusqu'au dénouement.
On a souvent fait porter à ce film la paternité du thriller à l'italienne mais en fait il ne préfigure aucun des nombreux avatars de ce genre fort spécifique qui proliféreront quelques années plus tard sur les écrans italiens. Si c'est bien à Mario Bava qu'on doit le premier giallo, l'excellent 6 Femmes Pour l'Assassin qu'il tourna l'année suivante, il règle son compte avec La fille qui en savait trop à l'influence américaine du genre et tire sa révérence à Hitchcock qui restera le maître incontesté et incontestable du genre.