Oï! warning
Autres titres:
Real: Dominik et Ben Reding
Année: 1999
Origine: Allemagne
Genre: Drame
Durée: 90mn
Acteurs: Sascha Backhaus, Simon Goerts, Jens Veith, Sandra Borgmann, Britta Dirks, Dominik Bruer, Charles Müller, Hedi Kriegeskotte, Horst Mendroch, Ludger Burmann, Hanke Hartwig...
Résumé: Janösch a 17 ans. Elève médiocre, ilest fatigué de la vie bourgeoise qu'il mène avec sa mère. Il fuit la maison familiale et part retrouver un ami d'enfance, Komma, devenu skin. Fasciné par son ami et ce qu'il représente, il se rase la tête et intègre la bande de Komma. Sa rencontre avec un jeune punk adepte de la liberté autant corporelle que sexuelle va changer son destin. Ebloui par le jeune homme, il va enfin vivre pleinement son homosexualité jusqu'au jour où Komma découvre leur relation...
Réalisé sur plus de cinq ans en raison de son minuscule budget et des difficultés inhérentes au tournage lui même, Oï! warning provoqua à sa sortie en Allemagne une vague de protestations et se prit une volée de bois vert par la presse. Est ce parce qu'il propose une vision assez particulière de l'homosexualité ou parce qu'il touche une catégorie sociale assez spéciale de l'homosexualité, le milieu skin ou plus précisemment ici le skin-punk ( il se rase la tête, véhicule des idées propre au mouvement mais écoute de la punk music en adoptant quelques uns des éléments du mode de vie punk). Il faut reconnaitre que le premier film des frères Reding risque de déconcerter quelque peu le spectateur.
Oï! warning qui n'est jamais qu'un nouveau film sur la quête d'identité sexuelle d'un adolescent paumé nous invite à suivre la vie de Janösch, 17 ans, élève médiocre fatigué de la vie bourgeoise de sa mère. Il fuit le toit familial et part retrouver un ami d'enfance, Komma, devenu depuis skinhead, qui vit avec sa copine dont il attend un enfant. Fasciné par le modèle de virilité et de liberté que représente Komma, Janösch se rase la tête et intègre sa bande. Ne trouvant pas en Blanca, sa petite amie, le plaisir sexuel, il se détourne d'elle pour Zotel, un punk qui vit dans une caravane, membre d'une bande de "modern primitives" qui ont fait de la vie itinérante, le tatouage, le piercing et la liberté tant corporelle que sexuelle leur mode de vie. Zotel le trouble et enflamme ses sens tant et si bien qu'il va vivre pleinement avec lui son homosexualité. C'est sans compter Komma qui un jour les surprend.
Filmé en un superbe noir et blanc afin d'en renforcer l'aspect agressif, Oï! warning pourrait se résumer en deux mots: troublant et iconoclaste. Telle est la vision de l'homosexualité qu'offre les réalisateurs. Mais aussi dérangeant soit il, Oï! warning semble pourtant rater son objectif.
Le film peut se voir sous deux angles différents. Pour le spectateur lambda, il peut sembler effrayant tant le milieu skin garde son aura méphytique de brutalité quasi-bestiale à travers le personnage de Komma. Bière, boxe, musique hyper agressive, violence gratuite, passage à tabac, il est cet être redoutable qui engendre la terreur, décuplé ici par un montage sec et frénétique lors des scènes de colère de Komma.
Par contre vu à travers les yeux d'un skin, OÏ! warning sera terriblement amusant et surtout innoffensif. En effet, le film ne se prétend pas être un documentraire sur la vie des skins dont il ne reprend que les grands traits qui servent plus de base au film qu'autre chose. Cette superficialité nuit au film et cette double vision en fait une oeuvre bâtarde lui faisant perdre de sa force.
Indissociable au mouvement est le racisme et par extension l'homophobie. Là encore, Oï! warning reste flou quant aux personnalités de ses principaux protagonistes. Si l'ambiguité sexuelle de Janösch ne fait guère de doute, emmenée par de légères touches parfois subtiles, Komma reste trop dans l'ombre et ses motivations également. Lorsqu'il découvre par hasard la relation qu'entretiennent Janösch et Zotel est ce par homophobie qu'il décide de le tuer ou est ce par jalousie, refoulant une homosexualité que sa condition de skin lui interdit de dévoiler? Peu concerné par son bébé à qui il préfére la bière, la violence et ses amis, prêt à tuer sa copine aprés qu'elle lui ait avoué que c'est elle qui a dynamité son repère afin de lui faire prendre conscience des réalités de la vie de couple, trés ( trop?) proche de Janösch à qui il écrit une lettre souffrant de son absence, Komma demeure trop dans le flou. OÏ! warning souffre de ce déséquilibre narratif. Cela n'enlève certes rien à la force du film dont la deuxième partie s'avère la plus intéressante.
D'une part pour l'homo-érotisme qu'elle dégage. La scène où Janösch et Zotal font l'amour dans la boue est d'une puissance visuelle époustoufflante. Les deux amants se mèlent dans la vase, les muscles bandés luisants, les corps se cambrent et se redressent tels de fiers étalons s'enlacent et s'embrassent fièvreusement, explosant de virilité.
D'autre part pour son final violent et désespéré lorsque Komma intimera l'odre à Janösch de brûler la caravane de son amant avant qu'il le visage de ce dernier sur une brique lors d'une séquence qui en fera fermer les yeux à plus d'un et rapellera à d'autres la douloureuse conclusion de American history X.
Tout maladroit soit il dans sa description, Komma demeure jusqu'à l'ultime seconde ce personnage odieux, détestable nonobstant le retournement de situation final, terrible, mais qui ne changera rien pourtant au no happy end sur lequel se concluera OÏ! warning.
Afin de donner un air encore plus réaliste à leur film, les réalisateurs ont tenu à mélanger des acteurs professionnels et non professionnels. Ainsi le jeune Sascha Backhaus était un véritable squatter à cette époque, Jens Veith un cracheur de feu professionnel issu de la vague tekno allemande, Simon Goerts un vrai skin dont la douceur et la culture étonnèrent les journalistes lors des interviews.
Son groupe est joué par un véritable groupe skin, les Smegma, qui durent changer leur nom de scène jugé trop sexuellement obscène pour un film destiné à un public assez large. Seule Sandra Borgmann était une actrice qui avait fait preuves de nombreuses fois à l'écran.
En voulant peut être trop minimaliser la violence du milieu skin et lisser le propos homosexuel du film afin de cibler un large public OÏ! warning ne laissera pas indifférent et reste une tentative osée tant il est rare que le cinéma gay propose une plongée dans ce milieu si on excepte quelques oeuvres éparses telles que No skin off my ass et surtout Skin gang tous deux de Bruce La Bruce notamment.