La bolognese
Autres titres: Caresses italiennes
Real: Alfredo Rizzo
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Comédie / Erotique
Durée: 86mn
Acteurs: Franca Gonella, Luciano Pigozzi, Ria de Simone, Luca Sportelli, Dada Galotti, Guido Leontini, Attilio Dottesio, Enzo Pulcrano...
Résumé: Caterina a 17 ans. Passionnée de romans-photo, elle vit à travers eux, déchirée entre ses rêves et la réalité. Elle sort du couvent pour assister au mariage de sa soeur. Le jour des noces, Caterina fait l'amour avec le marié alors que sa soeur fête leur union. Caterina vit comme les héroïnes de ses romans, elle dévore les hommes. Bien décidée à devenir modèle, elle est prête à tout pour y parvenir même à se prostituer afin de gagner beaucoup d'argent. Aveuglée par ses fantasmes et ses désirs de femmes, elle ne voit pas qu'autour d'elle un homme, même s'il est communiste, l'aime réellement...
A une époque où cousines, nièces, collégiennes et autres lycéennes bien peu farouches et particulièrement éveillées déferlaient sur les écrans italiens, La bolognese venait en bonne place dans cette longue liste de films érotiques qui sous couvert de la comédie salace tentait parfois d'aborder des sujets assez délicats. Si le genre nous a donné de jolies oeuvres toute auréolées d'un sulfureux parfum de scandale, le film de Alfredo Rizzo risque quant à lui d'en décevoir plus d'un.
Plus à l'aise en tant qu'acteur qu'en tant que réalisateur, auteur de quelques oeuvrettes érotiques oubliables dont les sexy gialli La sanguisuga conducce la danza et Obsessions charnelles, Rizzo signe ici un film dispensable, une comédie piquante au scénario vu et revu bien malheureusement en beaucoup mieux. Ecrit une fois de plus par le spécialiste du genre, Piero Regnoli, La bolognese nous propulse dans l'univers d'une adolescente de 17 ans, Caterina, fascinée par les romans-photo tant et si bien qu'elle vit dans un monde dont elle est l'héroïne, entre rêve et réalité. Afin d'assister au mariage de sa soeur, elle sort du couvent. Sans perdre un instant, elle séduit le mari de sa soeur et lui fait l'amour alors que la mariée festoie. Caterina, à l'image des jeunes héroïnes des magazines qu'elle lit, dévore tous les hommes qui croisent son chemin. Son rêve est de devenir modèle et pour réunir l'argent nécessaire, l'adolescente décidera de se prostituer en ignorant qu'autour d'elle quelqu'un l'aime vraiment même s'il est communiste!
On retrouve là tous les éléments récurrents à ce type de comédies douces-amères, l'adolescente innocemment débauchée, fille d'une mère bigote et d'un père plein de principes mais qui à la moindre occasion se laisse aller avec la bonne, une opulente jeune femme, une bonne dose d'anticléricalisme et de critiques sociales plutôt féroces où plane d'un bout à l'autre du métrage l'ombre du marxisme, un zeste d'inceste et un érotisme teinté de morbidité pas toujours léger où mini jupes, mini slip et femmes cette fois bien légères en sont les fondations. On ajoute à cela le mal être de la jeune fille prisonnière de ses fantasmes et rêves, la prostitution adolescente et on a en main tous les éléments de La bolognese.
Malheureusement Rizzo se montre incapable de véritablement les utiliser à bon escient. Jamais réellement dérangeant, le scénario s'écroule assez rapidement et ne parvient jamais à fonctionner. Faute en incombe essentiellement à son interprète principale Franca Gonella, jamais crédible dans ce rôle d'adolescente. Trop mature, trop femme pour incarner cette jeune fille, Franca affublée de chaussettes blanches, d'une mini jupe et d'un chapeau de petite fille modèle est plus caricaturale que franchement plausible. Le désistement de l'actrice prévue à l'origine obligea Rizzo à se rabattre sur Franca qui jouissait d'alors d'une belle renommée depuis son apparition dans quelques décamerotiques mais la comédienne avoue aujourd'hui qu'elle n'était pas faite pour jouer ce rôle même s'il lui apporta la renommée. Loin très loin de ses consoeurs Gloria Guida, Eleonora Fani et consort Franca même si elle passe son temps à minauder et papillonner, n'a rien d'une lolita, de cette innocence perverse qui fit les beaux jours de ce cinéma de l'interdit. La bolognese en souffre grandement. Bien peu convaincu par son interprète principale, le spectateur aura bien du mal à s'attacher à l'histoire qui devient assez vite lassante. Quant au coté morbide de l'érotisme, il tombe là encore à l'eau au détriment d'un comique handicapant.
Rizzo accumule les gros plans sur la culotte de Caterina, enchaine les scènes érotiques sans grande imagination en se focalisant surtout sur le père de Caterina qui n'a d'yeux que pour la bonne, la charnelle Ria De Simone qui totalement désinhibée nous dévoile son corps sans jamais sourciller dont une mémorable scène où, entièrement nue, elle escalade le toit sous les yeux écarquillés d'un ouvrier béat. Caterina de son coté saute sur tout ce qui porte pantalon pour mieux les baisser, on retiendra la séquence où fort téméraire elle prodigue quelques plaisirs buccaux à son beau-frère, le jour même de ses noces, alors que sa toute fraiche épouse fête leur mariage.
L'érotisme côtoie donc la sexy comédie traditionnelle sur un rythme certes alerte mais l'ensemble s'il est amusant ne parvient guère à séduire encore moins à choquer d'autant plus que les dialogues ne s'élèvent jamais très haut. En outre, l'amateur et surtout les italophones fronceront les sourcils devant le mélange de dialectes et faux accents italiens que Rizzo s'efforce de donner à ses personnages. Si l'histoire est supposée se dérouler en Romagne, le film fut tourné au Lazio. On pourra par contre admirer les superbes paysages campagnards baignés de soleil et apprécier les très beaux thèmes musicaux, les chansonnettes et les mazurka signés Carlo Savina.
Aux cotés de Franca Gonella que ses admirateurs pourront admirer nue plus d'une fois et Ria De Simone tout aussi déshabillée, on retrouvera un étonnant Luciano Pigozzi en chef de famille à la main légère, Luca Sportelli et Dada Galotti qui nous offre une scène d'amour assez torride tandis que Caterina s'auto-satisfait. Signalons que le film fut agrémenté d'inserts hardcore pour sa distribution en France.
Simple sexy comédie assaisonnée d'une bonne dose d'érotisme, La bolognese s'il fit jadis scandale lors de sa sortie en Italie est loin d'avoir l'odeur de souffre qui émanait de son sujet. Dispensable, on se souviendra surtout du film de Rizzo pour l'audace de ses thèmes, témoin d'une époque révolue où l'Italie se permettait quasiment tout sans se mettre de limites, ce cinéma de l'interdit qu'il serait aujourd'hui impossible d'imaginer. Pour l'anecdote, Franca Gonella se vit condamnée à la sortie du film à quatre mois de prison pour son rôle jugé inadmissible, une peine qu'elle et Femi Benussi connaitront de nouveau pour lors de la sortie de Una vergine in famiglia. Inutile de dire que ni l'une ni l'autre ne purgèrent leur peine. Elles en rient toutes deux aujourd'hui.
Rizzo récidivera avec un peu plus de bonheur quelques années plus tard avec le méconnu mais intéressant Suggestionata avant de signer ce qui sera son chant du cygne, une ultime tentative érotique qui loupera une fois de plus son objectif Alessia un vulcano sotto la pelle.