Napoli serenata calibro 9
Autres titres:
Real: Alfonso Brescia
Année: 1978
Origine: Italie
Genre: Polizesco
Durée: 84mn
Acteurs: Mario Merola, Ria De Simone, Nunzio Gallo, Nino Vingelli, Marco Girondino, Leopoldo Mastelloni, Bruno Romagnoli, Letizia D'Adderio, Alex Partexano, Aldo Canti, Alex Crocetti, Nunzio Gallo, Massimiliano Spinelli...
Résumé: Lors d'une fête à Naples, l'épouse et le jeune fils de Don Salvatore, un contrebandier en cigarettes réputé, sont tués par quatre voyous qui parviennent à s'enfuir. Don Salvatore n'a plus qu'une idée en tête: retrouver les assassins et se faire vengeance. Il fait la connaissance d'un petit orphelin, Gennarino, pour lequel il se prend d'affection. L'enfant va l'aider dans sa quête, prêt à risquer sa vie pour cet homme qu'il considère désormais comme son père...
Prolifique petit réalisateur touche à tout, Alfonso Brescia fait partie de ces cinéastes à qui on doit une véritable kyrielle de films qui sans être des oeuvres phare du cinéma de genre italien n'en sont pas moins toujours intéressantes à découvrir et visionner. Artisan besogneux de la série B, on doit à Brescia une sorte de quintalogie policière napolitaine ouverte en 1978 avec Napoli serenata calibro 9 dont le protagoniste principal fut à chaque fois le jovial et très populaire Mario Merola. Il va sans dire que Napoli serenata calibro 9, resté inédit en France, est de loin le plus réussi des cinq films, le plus touchant également si ce n'est le plus folklorique malgré la simplicité du scénario.
En fait, ce premier volet est un surprenant mélange de plusieurs genres, le polar traditionnel plus exactement le film de contrebande, encore très en vogue en cette fin de décennie, le revenge-movie, le mélodrame napolitain et le lacrima-movie. Cela donne une histoire d'une banalité exemplaire, trop simple pour beaucoup mais cependant efficace. Lors d'une fête populaire, l'épouse et le jeune fils de Don Salvatore, un éminent chef de contrebande de cigarettes, sont tués par quatre malfrats. Don Salvatore va dés lors tenter de retrouver les voyous pour assouvir sa vengeance, aidé par un petit orphelin pour lequel il s'est pris d'affection. On ne pouvait guère faire plus élémentaire mais le résultat est particulièrement attachant. Ceux qui s'attendraient ici à un polizesco énergique, violent, où s'enchaineraient
poursuites et combats seront bien déçus puisque si on excepte la séquence d'ouverture et le final Napoli serenata calibro 9 en est exempt. Brescia se concentre essentiellement sur le coté humain de l'histoire, le chagrin et la vendetta de ce contrebandier bien connu des services de police bien décidé à punir ceux qui ont assassiné sa famille. L'aspect polar à l'italienne est donc vite oublié pour faire place au pur mélodrame sur fond d'une Naples folklorique et désoeuvrée. C'est presque un tableau, une tranche de vie napolitaine que nous offre le réalisateur, la peinture d'une ville à la fois belle et torturée, heureuse mais si pauvre, cette joie mais également ce mal de vivre si joliment chanté à travers ces ritournelles populaires qu'accompagne le son de la mandoline tandis que la caméra de Brescia s'égare dans ces vieilles ruelles. C'est pour dire que la partition musicale ravira tous les amateurs de chants traditionnels napolitains.
Le plus bel atout de Napoli serenata calibro 9 est très certainement la présence de ce petit orphelin joué à la perfection par le jeune Marco Girondino , le petit protégé de Brescia qu'on reverra dans Les contrebandiers de Santa Lucia, Il mammasantissima et Lo scugnizzo. A travers ses yeux c'est toute la misère de cette ville qui se reflète, se dessine, la douleur et l'esprit de ces enfants souvent seuls, sans avenir. Il sera dur de ne pas être ému face à cette détresse mais également par cet amour qui nait entre lui et Don Salvatore. Hormis la vendetta, c'est un des principaux moteurs du film qui pour une bonne partie se transforme assez vite en lacrima-movie, ce genre typiquement italien dont l'objectif est de faire pleurer dans les chaumières. Comment en effet ne pas verser une larme durant le douloureux final, frissonner devant cette conclusion d'une implacable tristesse alors que défile le générique figé sur les deux bambins, les yeux emplis de désespoir.
Si les scènes d'action ne sont guère nombreuses, elles n'en sont pas moins spectaculaires. On gardera longtemps à l'esprit l'attaque des quatre voyous en début de film, sauvage, brutale, marqué par l'hallucinant salto arrière filmé au ralenti qu'exécute leur chef en sautant par la fenêtre pour s'échapper, rattrapant au passage sa mitraillette, une scène digne d'un John Woo. Ce sera également l'indice qui permettra à Don Salvatore de le retrouver. On retiendra aussi la longue course-poursuite en moto puis en bateau assez spectaculaire qui clôture le film. Toujours au crédit du film la très drôle et fracassante entrée au ralenti de Don Salvatore dans l'antre des voyous, mitraillette en main, au son d'un chant napolitain, filmé à la Peckinpah, dans le plus pur style western, à l'image même du final. L'interprétation est quant à elle excellente. Outre Mario Merola, on aura le plaisir de retrouver la toujours plantureuse Ria De Simone en femme du Sud volcanique et hystérique trop vite tuée malheureusement et
l'ex-cascadeur Aldo Canti, retrouvé tragiquement assassiné chez lui au début des années 90, en chef de bande acrobatique très souvent en slip. On notera la présence de Leopoldo Mastelloni, le mime grimé et muet de Avere vent'anni, en transsexuel vociférant dans le commissariat, une façon comme une autre d'illustrer tout le coté folklorique de cette Italie profonde. En guise de curiosité cinéphilique, le pornocrate reconnaitra Bruno Romagnoli, un des quatre voyous, qui officiera quelques années plus tard dans une poignée de hardcore dont Sesso allegro, Bourgeoise ou putain et Carnalita morbosa.
Malgré l'invraisemblance et la facilité de son scénario écrit par Ciro Ippolito auquel on aura du mal à croire, Napoli serenata calibro 9 n'en demeure pas moins un film surprenant, original, aussi émouvant que divertissant. Plus qu'un simple polizesco, Napoli... est avant tout un petit morceau d'Italie qui s'invite dans votre salon au risque de fortement décevoir les plus endurcis et autres amoureux de polars italiens brut de décoffrage.