Lara Wendel: L'histoire d'une scandaleuse lolita
Ceux qui se souviennent de Lara Wendel ont surtout à l'esprit les films d'horreur sans grand intérêt qu'elle tourna à la fin des années 80 pour Lamberto Bava, Umberto Lenzi ou encore Joe d'Amato. Il faut savoir que la carrière de Lara remonte en fait aux débuts des années 70 alors qu'elle n'était qu'une fillette qui assez vite allait devenir une des lolita les plus scandaleuses du cinéma italien. En l'espace de quatre années seulement elle va enchainer une série de films tous plus sulfureux les uns que les autres où elle n'a pas peur d'exposer ses formes nubiles face à la caméra, le plus décrié étant La maladolescenza. Voici l'histoire de Lara la lolita que rien n'effraie.
Lara Wendel, de son vrai nom Daniela Rachel Barnes, est née à Monaco di Baviera le 29 mars 1965. La petite Daniela fit ses grands débuts alors qu'elle n'était âgée que de cinq ans comme modèle pour toute sorte de spots publicitaires, des fromages aux jus de fruits en passant par les appareils photo. C'est sa mère, Britta Barnes, actrice d'origine allemande dont on se souviendra la performance dans Roma de Federico Fellini, qui lui permit d'obtenir son premier rôle au cinéma en 1972 alors qu'elle n'avait que sept ans. Ce film n'est autre que La mala ordina / L'empire du crime de Fernando Di Leo où elle interprète la petite fille qui se fait trucider en même temps que Sylva Koscina. Suivront le giallo Folie meurtrière de Tonino Valerii, Senza ragione / Le salopard de Silvio Narrizano (où elle joue aux cotés de sa mère et son jeune frère Michael) puis le film de Francesco Barilli à mi chemin entre le thriller psychologique et le film de secte et d'horreur, Il profumo della signora in nero où elle incarne Mimsy Farmer enfant.
La véritable carrière de Lara commencera en 1977 avec le film de Pier Giuseppe Murgia,La maladolescenza / Jeux interdits de l'adolescence. Véritable film scandale en Italie, La maladolescenza conte l'histoire de trois adolescents qui lors d'un week end vont découvrir leurs premiers émois sexuels et donner libre cours aux instincts pervers propre à leur âge dans un tourbillon de passion nubile. Librement tourné en Autriche, La belle Lara qui a désormais 13 ans y joue la plupart du temps nue aux cotés du jeune Martin Loeb et la sulfureuse Eva Ionesco, la fille de la célèbre et scandaleuse photographe Irina Ionesco. Cette omniprésente nudité des protagonistes et les scènes particulièrement audacieuses du film scandaliseront aussi bien le public que la critique qui ira même jusqu'à accuser les parents des deux jeunes actrices d'irresponsabilité et d'atteinte à la préjudice morale.
La mode des lolitas perverses battait alors son plein dans le cinéma italien, Lara va naturellement se retrouver cataloguer dans ce type de rôle.
En 1978, elle tourne pour Pier Carpi, Un'ombra sull' ombra / Ring of darkness / Les vierges damnées qui sera sa première incursion dans le monde de l'horreur. Elle y interprète une jeune sorcière qui n'est autre que la fille de Satan, personnage pour lequel elle devra à nouveau se déshabiller lors de séquences plutôt explicites. Une fois de plus, Lara se montre une actrice à l'aise et douée pour ce type de rôle dans lequel elle excelle désormais.
Fille de Claudia Cardinale, elle séduit Michel Piccoli qui tombe sous son charme nubile dans La petite fille en velours bleu où elle retrouve ce personnage d'adolescente perverse.
Cette fois Lara n'a quasiment aucune scène de nu si ce n'est par le biais de photographies insidieuses prises par sa camarade.
On va la découvrir par la suite dans la tragédie adolescente Un dramma borghese de Florestano Vancini où elle est la fille incestueuse de Franco Nero. Lara, adolescente perturbée et névrosée, vit une relation quasi incestueuse avec un père dépassé, l'occasion pour la jeune actrice de 15 ans de déambuler le plus souvent en négligé transparent, d'oser quelques plans seins nus et d'interpréter une scène de masturbation nocturne aux cotés de son père. Suivra le trouble Ernesto de Salvatore Samperi en 1979 où elle interprète le double rôle de Ilio / Rachel. Voilà un bien étrange rôle puisque Lara incarne à la fois la petite Rachel mais aussi son cousin Ilio, le coté androgyne de Lara collant parfaitement aux personnages qu'elle doit jouer. En 1980 elle est à l'affiche de Desideria la vita interiore de Gianni Barcelloni. Lara joue cette fois une adolescente malsaine usant de ses charmes pour séduire les hommes de son entourage afin de mieux détruire sa mère.
Mais au début des années 80, la mode des lolitas est en net déclin. La comédie juvénile Vai alla grande de Salvatore Samperi conclura cette période fructueuse pour Lara qui voit aussi sa bonne étoile se ternir.
Elle tourne encore Il falco e la colomba / Point de mire de Fabrizio Lori avec Fabio Testi et Fatto su misura de Francesco Laudania avec Ugo Tognazzi dans lequel elle entretient une relation amoureuse avec Ricky Tognazzi, le fils d'Ugo Tognazzi. Elle tourne pour Michelangelo Antonioni dans Identification d'une femme dans lequel elle incarne l'amie lesbienne de l'héroïne.Lara a toujours été pleinement consciente que la gloire dans ce métier peut être éphémère, elle n'a donc jamais abandonné ses études. Parallèlement à sa carrière d'actrice, elle est allée au lycée pour y obtenir ses diplômes puis, reçue haut la main, elle s'inscrit à la faculté des sciences pour y suivre des cours en pharmacie. La jeune fille a toujours voulu avoir un bagage solide au cas où son métier de comédienne s'arrêterait. Et Lara n'a pas peut être pas eu tort.
Au milieu des années 80, sa carrière est en pleine régression. En 1982, elle pose nue pour le numéro de mai du magazine Playboy.
L'ère des lolitas sulfureuses est désormais révolue et les films à tendances érotiques se font plus discrets. La jeune comédienne a bien grandi et dés lors, on va la retrouver dans une poignée de films d'horreur surtout alimentaires. Hormis sa belle participation dans Ténèbres de Dario Argento (Lara est la victime qui après avoir échappé aux crocs d'un chien se fera massacrer à coups de hache dans le jardin), elle se retrouve en 1985 dans le giallo horrifique Morire a mezzanotte / Midnight horror de Lamberto Bava puis l'honnête série B de Umberto Lenzi, La maison du cauchemar / Ghosthouse qui est de loin le meilleur film qu'elle ait tourné durant cette période.
Elle fera une agréable parenthèse en 1987 lorsque Federico Fellini, un vieil ami de la famille, lui offre le rôle de la jeune épouse dans Intervista.
Elle est en 1989 aux cotés de Malisa Longo l'héroïne d'un film d'horreur plutôt méconnu ayant pour thème les sectes sataniques signé Gianni Martucci Frati rossi. Elle apparait aussi à cette époque sur les petits écrans pour des rôles de second plan dans des séries pour la télévision telles que I raggazzi di celluloïd 2 de Sergio Sollima et La piovra 2 de Florestano Vancini. En 1990, elle est dans la mini série télévisée College avec Federica Moro.
C'est alors qu'elle va tourner ses deux derniers films, le piètre The killing birds / L'attaque des morts vivants de Joe d'Amato, un petit film d'horreur bien peu inspiré, puis en 1991, La villa dei venerdi de Mauro Bolognini . Elle tournera ensuite sous la direction de Tomasso
Sherman Requiem per voce e painoforte pour la RAI. Ce sera son chant du cygne.
Depuis, Lara a quitté le monde du cinéma et a tracé son chemin dans la pharmacologie après avoir fini ses études à Rome tandis que sa mère s'est retirée aux U.S.A où elle poursuit une carrière théâtrale. Lara s'est ensuite mariée à 28 ans. De ce mariage sont nés trois fils auxquels elle s'est entièrement dédiée par la suite.
On se souviendra surtout de Lara comme étant une des premières lolitas du cinéma italien, la petite fille qui osa interpréter et incarner le rêve interdit de l'inceste et la sexualité perverse de l'adolescence. Toute une époque du cinéma italien que Lara a illuminé de sa mine boudeuse et de son innocence.