Maniaco Deprebis

On doit à Salvatore Samperi quelques unes des dramatiques érotiques les plus intéressantes et amères des années 70 dans lesquelles l'inceste était le plus souvent au coeur de l'histoire. Si on se souviendra plus précisément de Grazie nonna, Cuore di mamma et l'étrange giallo Uccidete il vitello e arrostitelo, il réalisa également quelques comédies plus légères mais tout aussi osées dans leurs thèmes principaux. Il fut en effet l'auteur des
vénéneux Malizia, film érotique phare de la décennie qui lança la carrière de Laura Antonelli et Péché véniel dont elle fut également la principale interprète. S'il termina cette fabuleuse période avec des oeuvres plus sulfureuses comme l'audacieux Nenè ou l'homo-érotique Ernesto, les années 80 lui furent moins fastes si on excepte des titres tels que l'aseptisé La bonne, son dernier film certes oubliable mais intéressant avant de terminer sa carrière dans la petite comédie populaire dont l'exécrable Sturmtruppen représente une sorte d'apothéose de stupidité et de vulgarité.

Vai alla grande réalisé en 1983 fait partie de cette période de déclin et reste un de ses films les plus anodins, un de ceux qu'on oublie très rapidement. Inspirée par les comédies adolescentes alors en vogue (Sapore di mare) et de I vitelloni de Fellini (!!) voilà une comédie sans grand intérêt dont il n'y a malheureusement que bien peu de choses à dire si ce n'est qu'il s'agit d'un petit film sans originalité mais néanmoins divertissant qui n'a d'autre ambition que de faire passer au spectateur un moment sympathique.
On suit donc les aventures de Karen, une jeune prostituée qui a fui le milieu. Elle se joint à

une bande de trois joyeux lurons aussi insouciants que fauchés, toujours prêts à s'amuser, jamais à court d'idées afin de vivre et survivre. Karen va se joindre à eux afin de mieux se cacher de ses proxénètes qui sont à sa recherche, vivre au rythme de leurs péripéties et enfantillages tout en roucoulant avec le beau Giorgio sur fond d'onde marine hivernale, celle de Rimini où fut tourné le film durant l'hiver 82/83.
Quelques gags répétitifs et peu imaginatifs, quelques pitreries chorégraphiées amusantes, un zeste d'humour et pas mal de gaieté, quelques clins d'oeil cinématographiques

notamment aux Blues brothers, E.T (son apparition est stupéfiante) ou encore La fièvre du samedi soir et une poignée de gifles composent cette insipide comédie juvénile maritime qui n'est qu'un inoffensif concentré de tout ce qui a déjà été vu et revu auparavant. Jamais vraiment ennuyant, jamais réellement passionnant, jamais vraiment hilarant mais néanmoins distrayant, si Vai alla grande n'avait jamais existé certes personne ne s'en serait aperçu mais le film existe et il ne demande qu'à être apprécié pour ce qu'il est, un innocent cocktail de bonne humeur agrémenté d'un soupçon d'amertume, signature
indéniable du réalisateur même si cette fois elle reste particulièrement légère, beaucoup trop légère. Salvatore Samperi peu inspiré piétine et le film peu original tourne gentiment dans le vide.
Vai alla grande vaut essentiellement pour la fraicheur de son affiche, l'insouciance et la joie de vivre de ses jeunes comédiens qui pour une fois n'en font jamais trop et forment une joyeuse bande de drilles. En tête de distribution on retrouvera avec grand plaisir l'ex-lolita du
Teensploitation italien, Lara Wendel dans rôle de Karen et le toujours aussi excellent Danilo Mattei fraichement sorti de Cannibal ferox et La guerre du fer dans la peau d'un des quatre jeunes play-boy de cette bande de clowns exécutant ici quelques pas de danse aux cotés de ses drôles de comparses le séduisant Massimo Ciavarro (Sapore di mare), Angelo Cannavacciolo, Diego Cappuccio, Adriano Poli et Claudio Coli jamais en mal d'idées pour séduire Karen. Voilà ce qui sauve très sûrement Vai alla grande de la plus totale indifférence.
La bande originale du film pourra en irriter certains mais elle devrait ravir tous les amateurs d'italo-dance qui retiendront plus spécialement deux ritournelles électro-disco fortement estampillées années 80 sans oublier le fameux "Der komissar" de Falco.