La petite fille en velours bleu
Autres titres: Little girl in blue velvet
Real: Alan Bridges
Année: 1978
Origine: France
Genre: Drame
Durée: 108mn
Acteurs: Michel Piccoli, Claudia Cardinale, Bernard Fresson, Lara Wendel, Denholm Elliott, Umberto Orsini, Alexandra Stewart, Marius Goring, Vernon Dobtcheff, Erica Maaz, Christopher Cazenove, Patricia Cartier, Angharad Rees...
Résumé: Chirurgien juif autrichien, le docteur Conrad Bruckner a trouvé refuge à Nice chez le milliardaire Casares qu'il a jadis sauvé d'une tumeur. En mai 40, les réfugiés étrangers ont maille à partir avec la police française. Conrad travaille discrètement dans la clinique du Docteur Lherbier. C'est alors que la comtesse Modigliani, sa petite fille Laura, 13 ans, et son amant, blessé lors du passage à la frontière, sont hébergés dans la villa de Casares. La comtesse s'éprend de Conrad mais ce dernier est sous le charme de sa petite fille dont il tombe irrésistiblement amoureux. Aprés avoir été arrêté par la gestapo puis relaché, Conrad est jeté à la porte de la villa, Casares ayant eu vent de sa romance interdite. C'est pour Conrad le début de la fin...
Inspiré par Lolita, le réalisateur de La méprise nous entraine dans l'univers de cette petite fille en velours bleu, ingénue perverse de 13 ans dont un chirurgien juif autrichien qui a fuit le nazisme tombe éperdument amoureux. Intéressant donc d'autant plus que le fond de l'histoire se déroule dans un contexte douloureux, celui de mai 40 alors que la victoire du nazisme est toute proche.
Malheureusement, Bridges n'utilise à aucun moment tout le potentiel dramatique qu'offrait un tel scénario ni celui sulfureux qu'engendrait une telle relation. Pour Bridges, cette époque tragique ne sert que de toile de fond illustrée par quelques images et paroles tandis que ses protagonistes ne sont que de simples silhouettes sans réelle âme. L'ensemble devient assez rapidement ennuyant tant on attend quelque chose qui jamais n'arrive. Que Bridges délaisse totalement cette fin d'entre deux guerres est déjà navrant mais qu'il ait fait de cette perverse romance entre un homme d'âge mûr et une adolescente en fleur, sujet principal du film, une telle fadeur est tout à fait impardonnable. Bridges s'étire en longueur, fait languir le spectateur, reste dans le superficiel, montre sans rien montrer tant et si bien que La petite fille en velours bleu devient irritant puisqu'il ne se passe rien et ce ne sont ni l'arrestation de Piccoli par la gestapo ni le retournement de situation final qui le sortiront de sa douce torpeur.
Les intrigues amoureuses sont d'une telle minceur qu'elles ne font naitre que désintérêt tandis que l'interprétation est à l'image du film, transparente. Les acteurs donnent l'impression d'autant s'ennuyer que le pauvre spectateur embarqué dans cette romance interdite. Michel Piccoli, habituellement brillant quelque soit la peau du personnage dans lequel il se glisse, est cette fois bien maladroit. Il ne parvient à aucun moment à donner une certaine épaisseur à son personnage de quinquagénaire coupable. La toujours aussi belle Claudia Cardinale est quant à elle totalement évincée du scénario tant et si bien que son rôle frise quasiment la figuration.
La seule curiosité du film est la présence de Lara Wendel, alors toute auréolée de sa renommée de nouvelle lolitrash aprés sa prestation dans La maladolescenza, deux ans auparavant. On a malheureusement là encore trop de mal à croire à son rôle d'innocente fillette tant Lara à 14 ans arbore déjà un corps de femme qui n'a plus grand chose d'une petite fille.
Quant à ceux qui attendaient du film quelques séquences à scandale, ils seront bien déçus. Bridges reste étonnamment sage et pudique, nous offrant en tout et pour tout qu'un seul plan trés bref de nu nubile lors d'une séance photo qui prend pour thème une relation saphique entre la fillette et une modèle.
A leurs cotés on reconnaitra quelques acteurs français de renom tel que Bernard Fresson tandis que l'amateur d'un certain cinéma Bis aura le plaisir de revoir sous la défroque d'une soeur Erica Maaz sortie des griffes de La papesse.
Reste au crédit du film une belle photographie tout en flou artistique qui rapelle ceux de David Hamilton mais était ce vraiment obligatoire de tout bleuir ainsi puisqu'ici tout est bleu y compris les plantes vertes!