Morirai a mezzanotte
Autres titres: Midnight horror / The midnight killer / You'll die at midnight
Real: Lamberto Bava
Année: 1986
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 88mn
Acteurs: Paolo Malco, Valeria D'Obici, Lara Wendel, Leonardo Treviglio, Lea Martino, Eliana Miglio, Barbara Scoppa, Massimiliano Barrata, Loredana Romito, Dino Conti, Loredana Guerra...
Résumé: Un inspecteur est chargé d'une bien étrange affaire. Un homme qu'il traqua jadis aujourd'hui décédé semble être revenu des morts pour se venger. Les personnes qui l'entourent meurent chacune leur tour. Aidé d'une scientifique, il décide d'éclaircir ce mystère...
En ce milieu d'années 80, Lamberto Bava, plus prolifique que jamais, accumula les travaux tant pour le cinéma que pour la télévision. C'est justement pour le petit écran que fut tourné Morirai a mezzanotte retitré chez nous Midnight horror qui rejoignait ainsi la longue série de films d'horreur qu'il tourna pour la RAI incluant entre autres Outretombe, Delirium ou Body puzzle.
Midnight horror sous un scénario signé Dardano Sacchetti tente à l'instar de Delirium de renouer avec le giallo, genre jadis glorifié par Mario Bava. S'il n'a jamais pu ou su égaler son célèbre père, il faut reconnaitre que les films de Lamberto Bava ne laissent pourtant pas indifférents tant ils prêchent par leurs qualités que par leurs défauts. Midnight horror ne fait pas exception à la règle.
Partant d'un scénario fort intéressant même si un peu anémique- un psychopathe mort brûlé jadis semble être revenu d'outre tombe pour faire de nouvelles victimes autour de l'inspecteur chargé de l'enquête- le film se saborde assez vite jusqu'à l'invraisemblable dénouement lorsque sera revelée l'identité du tueur.
Pourtant, Midnight horror étonne par ses qualités visuelles, véritable point fort du film. Lamberto Bava a un sens de l'esthétique et de la photographie indéniable. A l'opposé de son père qui privilégiait souvent les tons chauds, Bava Jr aime les tons froids. Il privilégie ainsi dans ses décors les bleus et les blancs donnant au film un coté glacial comme il le fera également pour Delirium. On songe par instant à Ténèbres de Dario Argento avec ses pièces blanches maculées de sang lors de meurtres brutaux. Le film par instant devient même trichromatique comme lors de la scène de la plage où n'existent plus que le bleu, le gris et le blanc ce qui apporte une touche quasi surréaliste que renforce ce brouillard épais d'où le meurtrier peut surgir à tout instant.
Autre qualité du film, ses décors qui dans un certain sens rappellent là encore Argento, ces immenses espaces où se perdent les victimes: un musée, un opéra vide, un gigantesque hôtel fermé pour cause de hors saison ou une boutique de lingerie. Peut on y voir un clin d'oeil à l'atelier de couture de Six femmes pour l'assassin?
La caméra se ballade, voltige, les cadrages réussis parviennent à créer l'effet peur et on se surprend même à sursauter par instant. On sent chez Bava Jr l'intention de bien faire, la volonté de réussir et faire revivre un genre moribond en redorant son blason et le faire briller de son éclat passé.
Troisième atout de Midnight horror, ses meurtres tous pratiqués au pic à glace étonnamment violents et gore pour un téléfilm. On retiendra surtout l'assassinat de la jeune fille sous la douche particulièrement brutal qui restera un des grands moments du film.
Malheureusement à ses qualités s'ajoutent de nombreux défauts. Outre l'improbabilité du scénario, Bava accumule invraisemblances et incohérences afin de mieux brouiller les pistes et épaissir le mystère de cette énigme que tente de résoudre un inspecteur mou de façon tout aussi molle. Certes l'identité du tueur surprendra non pas parce qu'elle sera totalement inattendue mais surtout par son ridicule tant cela paraitra là encore bien impossible. Les invraisemblances que le spectateur aura pris soin de noter se voient soudainement multipliées. A force de vouloir surprendre, Lamberto Bava finit par décevoir et gâche le film par cet absurde retournement de situation.
Pour le reste, il a recours a tous les éléments du giallo traditionnel: tueur tout de noir vêtu, arme blanche brillant dans la nuit, héroïnes traquées dans des endroits déserts, caméra subjective, travelling à la Argento soulignés par une tonitruante partition musicale signée Claudio Simonetti.
On regrettera une interprétation trop peu dynamique. Paolo Malco est un flic poussif qui traine sa pipe et son imper sans grande conviction aux cotés de Valeria D'Obici qui déblatère quelques thèses pseudo-psychanalytiques bien peu convaincantes et surtout très creuses. Seule Lara Wendel donne un peu de vie à son personnage et fait ce qu'elle peut pour sembler effrayer. Petite curiosité, celle de retrouver trop brièvement dans le rôle de Nicola Leonardo Treviglio qui jadis fut un surprenant Sebastiane dans le film éponyme de Derek Jarman.
Sans avoir fait revivre un genre alors défunt ni égaler ses maîtres, Morirai a mezzanotte est loin d'être un aussi mauvais film que les détracteurs de Lamberto Bava peuvent l'affirmer. Malgré ses regrettables invraisemblances et son final grotesque, Midnight horror demeure un thriller horrifique plutôt honnête et distrayant qui brille par ses qualités visuelles comme brille le pic à glace du coupable dans l'obscurité.