A tutte le auto della polizia
Autres titres: Calling all police cars
Real: Mario Caiano
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Thriller
Durée:
Acteurs: Antonio Sabato, Enrico Maria Salerno, Luciana Paluzzi, Gabriele Ferzetti, Elio Zamuto, Marino Masè, Bedy Moratti, Ettore Manni, Franco Ressel, Ilona Staller, Tino Bianchi, Ida Di Benedetto, Adriana Fiore, Andrea Lala...
Résumé: Fiorella est en apparence une collégienne sans problème issue d'une famille bourgeoise de renom. Elle disparait un jour lors qu'elle est censée étudier chez une camarade. Son corps est retrouvé dans un lac. L'adolescente a été froidement exécutée. L'inspecteur Solmi découvre rapidement que Fiorella appartenait à un réseau de prostitution pour mineures orchestré par quelques notables de la ville. La jeune fille était également enceinte. Alors que Solmi et son assistante mènent l'enquête d'autres meurtres se produisent...
La perversion de l'adolescence a été au coeur de beaucoup films en Italie durant les années 70 donnant ainsi naissance à bien des oeuvres souvent sulfureuses sur lesquelles planait l'ombre sournoise de la pédophilie, autre grand thème du cinéma d'exploitation et de genre transalpin en ces années étonnamment permissives. De la dramatique sociale à l'étude de moeurs en passant par la giallo et le polar, la plupart des styles cinématographiques s'y sont essayé. A tutte le auto della polizia appartient à ce riche filon qui fit jadis vibrer Dame Censure, le film de Mario Caiano suivant les traces bien ancrées de Mais qu'avez vous fait à Solange et La polizia chiede aiuto / La lame infernale.
Au centre de cette histoire, Fiorella, une adolescente de 17 ans issue de la haute bourgeoisie, fille d'un professeur réputé, Andrea Icardi. Jeune fille sans problème en apparence, Fiorella disparait un jour alors qu'elle devait se rendre chez une amie. L'enquête est menée par le commissaire Solmi et sa séduisante assistante, l'inspectrice Giovanna Nunziante. Ils ne tardent pas à découvrir le corps de l'adolescente au fond d'un lac. L'adolescente a été abattue d'une balle dans la nuque puis jetée à l'eau. La police va alors tout mettre en oeuvre pour retrouver l'assassin de Fiorella. Solmi enquête dans le lycée où la
jeune fille étudiait, auprès de ses camarades afin de mieux cerner la personnalité de l'adolescente. Il ne tarde pas à découvrir que Fiorella était loin d'être la jeune fille modèle que ses parents pensaient qu'elle était. Il met à jour un réseau de prostitution de mineures derrière lequel se cachent d'importants notables et apprend que la lycéenne était enceinte de plusieurs mois au moment de sa mort. Solmi est de plus en plus persuadé que le meurtrier est non seulement un des notables mais également un proche de la famille. Il aurait tué Fiorella pour éviter un scandale.
Le scénario rappelle par bien des points les films de Dallamano dont Caiano s'inspire visiblement. Comme tout film de ce type, on se retrouve immergé au coeur de la haute bourgeoisie italienne décadente et corrompue, ces institutions et ces familles de notables aux moeurs dissolues qui derrière les apparences cachent vice et dépravation dont ont hérité leurs enfants. D'un honnête réalisateur tel que Caiano on pouvait donc s'attendre à un film croustillant, malsain. Force est de constater que A tutte le auto della polizia est un pétard mouillé qui fait illusion de temps à autre, au détour de quelques séquences érotico-morbides.
Plus qu'un giallo A tutte le auto della polizia est un polar mâtiné d'un zeste de thriller qui fait la part belle aux investigations. En découle un film bavard où il ne se passe pas grand chose. On discute, on enquête, on interroge au détriment de l'action et du suspens quasiment absents cette fois. On pourra donc trouver le temps un peu long et avoir envie de faire par instant avance rapide d'autant plus que les investigations ne sont guère prenantes. Difficile donc de jouer aux petits inspecteurs en herbe pour passer le temps. Vu sous cet angle, le film de Caiano se rapproche plus de La morte risale a ieri sera que du diptyque de Massimo Dallamano.
Restent donc ça et là parsemées tout au long du métrage quelques scènes qui tirent le spectateur de sa douce torpeur et donnent un regain d'intérêt à l'ensemble. Ce sont tout d'abord un bon nombre de plans de nudité juvénile que Caiano filme avec complaisance afin de satisfaire les instincts voyeuristes de son public notamment celle de la jeune et troublante Adriana Falco qui interprète Fiorella, déjà présente dans La lame infernale, et celle d'une toute jeune Ilona Staller en putain mineure qu'on aura toujours plaisir à voir et revoir, à entrapercevoir ici pour être exact. Voilà qui donne un coté exploitatif au film et appuie l'aspect
malsain de l'histoire. La jeunesse pervertie n'a donc pas fini de nous émoustiller. Il faudra attendre les 20 dernières minutes du film qui tirent cette fois plus vers le giallo pour apprécier enfin quelques meurtres au bistouri et au rasoir dont celui particulièrement sanglant de la malheureuse Gloria Piedimonte et du gynécologue ainsi que l'exécution sans sommation de Fiorella par son assassin. Toujours au crédit du film rythmé par une partition musicale efficace signée Lallo Gori, son affiche plutôt intéressante avec en tête d'une part Enrico Maria Salerno et Gabriele Ferzetti en bourgeois dépravés, d'autre part Antonio Sabato, un peu trop fade, et Luciana Paluzzi en inspecteurs prolétaires.
La résolution de l'énigme et l'arrestation du coupable ne surprendront personne ni même ses motivations qui en tuant l'adolescente protégeait son honneur face à une gamine qui l'avait ouvertement aguiché et refusait d'avorter pour mieux briser sa famille et vivre avec lui. Rien de très original donc sous le ciel de la haute bourgeoisie. A tutte le auto della polizia n'est pas un mauvais thriller, on a vu bien pire dans ce type précis de film (Morte sospetta di una minorenne ou Enigma rosso dont il s'avoisine le plus), son scénario peu convaincant et défendu sans grande conviction n'est tout simplement pas à la hauteur des espoirs qu'on n'aurait pu y mettre peu aidé par la faiblesse du dénouement et le coté bavard du tout. Plus qu'aux amateurs de gialli et autres thrillers puissants, ce mélange de plusieurs genres s'adresse essentiellement aux inconditionnels d'exploitation et de voyeurisme qui se divertiront (trop) gentiment grâce à ses scènes de nu adolescent, ses quelques assassinats "à la Argento" et son petit air malsain. Un apéritif plaisant sans plus.
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